Préférence nationale

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Au risque de déplaire sur ce blog à ML, fidèle correspondant amateur d’anagrammes et de Gaston Bachelard, mais partisan aussi de Marine Le Pen, je voudrais consigner ce matin quelques réflexions nées de la prestation, hier soir sur TF1, de la candidate apparemment (ou pour le moment) évincée de la course présidentielle.

Deux camps se trouvent en effet face-à-face à la faveur de ce « séisme », ou de cette péripétie, celui du droit versus un parti de « victimes » qui crient très fort au déni de justice, ou à la « tyrannie des juges ».

Le débat qui suivit, animé par Darius Rochebin sur LCI, rendit particulièrement évident ce clivage, renforcé par les propos de Madame Lavalette, députée RN de Toulon et à mes yeux figure très spécialement antipathique ; elle reprenait en effet, et s’époumonnait à marteler, l’affirmation défendue par Marine Le Pen de sa parfaite innocence. Cette dénégation laisse rêveur : car enfin, un collège de trois juges a travaillé pendant des mois, une laborieuse, une minutieuse instruction s’est déroulée, au terme de laquelle un détournement de 4,10 millions d’euros a été formellement établi, au détriment du Parlement européen donc des contribuables ; mais ce délit (fondé sur un système, organisé par Marine en toute connaissance de cause et tranquillement répété sur plus de dix ans) PFUITT ! n’existe pas aux yeux de Mme Lavalette, qui se borne à mettre en avant l’absence d’enrichissement personnel, et de corruption. Et nous devrions applaudir à ce tour d’escamoteur !

Ces passes d’armes, et tout l’argumentaire depuis hier des partisans du RN, me renforcent dans l’idée que nous vivons depuis quelques années déjà dans un recul de l’état de droit, qui s’accompagne d’un dédain croissant pour l’objectivité, d’un mépris grandissant pour des valeurs liées à l’universalité, et au bien commun. Il est symptomatique d’ailleurs que les soutiens de l’étranger, et dont le RN se serait probablement bien passé (Poutine, Orban, Trump, Bolsonaro, Elon Musk, quelle vitrine !…), proviennent d’agents qui font systématiquement prévaloir la force des intérêts particuliers sur le droit dans leur gestion de la chose publique.

Concédons qu’on ne peut concevoir ni organiser durablement un grand parti sans un fort ingrédient de narcissisme ; un parti est d’abord une affaire de famille, et la famille ne se discute pas, « mes filles avant mes cousines, mes cousines avant mes voisines », on connaît cette chanson. Et ceux qui mettent au triomphe de la famille des bâtons dans les roues sont forcément des voleurs ou des assassins, répètent en chœur les « victimes » : s’auto-proclamer victime (du système, des élites) est devenu le plus sûr moyen de rallier la sympathie ou les suffrages, au point que la condamnation de Marine Le Pen, pourtant avérée et parfaitement fondée en droit, peut valoir en effet  au candidat RN, quel qu’il soit dans deux ans,  une prime à l’élection : Trump lui doit la sienne, ses multiples « affaires » avec la justice n’ayant fait que renforcer sa popularité. 

Une société de plus en plus individualiste nourrit en effet ce démon du narcissisme, qui bouche la vue au-delà du nombril, ou du bout de son nez. Pour eux le droit est compliqué, voire forcément instrumenté, la contradiction fatigante, l’étranger inquiétant, l’information chose vague donc malléable, et la vérité (ou les simples faits) une option dans l’océan des fake news ou des croyances qui rassurent et abritent dans la chaleur de la communauté. Pourquoi tant d’embarras, on est si bien entre soi !    

Ceux que désole la condamnation de Marine Le Pen devraient donc d’abord répondre à ceci :  la justice existe-t-elle à vos yeux ? Le jugement rendu est-il, pour vous, forcément « politique » ? Ne pouvez-vous, au lieu de hurler qu’on vous dépèce, vous défaire de cette préférence pour le proche, ou pour le Rassemblement national, et examiner avec un peu plus de recul ou d’impartialité les motifs de cette affaire ? Dans l’autre camp se rangent en effet les partisans du droit, et de la séparation des pouvoirs : il y a encore chez nous une justice, et c’est heureux face à des pays où l’on achète les juges, à moins qu’on ne les assassine. 

Les menaces de mort proférées depuis hier par quelques soutiens de Marine à l’encontre de la présidente du tribunal ne laissent pas, et ce n’est pas un détail, d’inquiéter sur cette dangereuse dérive. 

20 réponses à “Préférence nationale”

  1. Avatar de Vincent
    Vincent

    Il est essentiel de se battre et d’insister pour défendre ton point de vue que je partage évidemment, qui est essentiel et qui va de pair avec le combat contre ceux qui fustigent des soi-disant « élites ». Mais que veut on ? Vivre dans un pays oú l’ignorance est égale à la science, oú le droit est celui du plus fort et de celui qui braille le plus haut ? où l’on mélange vérité et erreur et surtout oú chacun croit bien ce qui veut… Tout cela me flanque la nausée…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Il est essentiel de ne pas se résigner, de ne pas se rendre à la barbarie qui vient, mais d’y mettre des mots, qui protègent justement de la « nausée », cher Thierry. Depuis que j’ai écrit ce billet, une ligne de partage assez nette a pour moi émergé ; ne cédons pas à ceux qui misent, inversement, sur le brouillage et la confusion des valeurs, en se réclamant de la trop commode posture victimaire.

  2. Avatar de jfR
    jfR

    Une remarque… Les juges appliquent la loi, rien que la loi, toute la loi. Certes… Remettre en cause le verdict et faire le procès des juges est l’affaire du RN et de ses sympathisants. Bien sûr… Mais la loi peut elle-même être interrogée. Si la loi permet de faire taire un opposant politique, je m’interroge… N’est-ce pas la loi qui est alors parfois à revoir ? Je préfère voir condamner Marine Le Pen par les urnes que par les juges. La question de l’exécution provisoire des peines d’inégibilité pose problème. Les lois sont souvent d’opportunité. Elles sont révisables et parfois aléatoires…Je suis de la génération de la loi Veil qui a vu condamner de nombreux médecins et bien d’autres pour avoir pratiqué des avortements avant 1975. Rappelons-nous Gisèle Halimi et le procès de Bobigny. Et aussi la tragédie de Gabrielle Russier. Je ne cite même pas les lois scélérates sous l’Occupation. Utiliser les lois à des fins politiques me gêne et je comprends le trouble du premier ministre.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Remarque très pertinente cher JF ; la loi est flexible, relative (« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà »), et évolutive (il y a un avant et après Simone Veil), donc par excellence chose critiquable et révisable. Mais mon billet portait sur la qualification du délit par les juges, et l’escamotage de ce jugement par les commentaires enflammés du RN. Scandaleuse, insupportable dénégation ! Qui alimente chez nous aussi un trumpisme grandissant, contre lequel il faut réagir.

      1. Avatar de Vyrgul
        Vyrgul

        Bonjour. Je ne suis pas un juriste mais il me semble que la raison de cette sanction repose sur le fait que MLP n’a pas reconnu les faits. Elle est donc dans le déni, comme un criminel qui ne reconnaitrait pas sa responsabilité dans un crime. Le risque de récidive étant alors grand, il est naturel que la personne soit neutralisée. Si MLP avait reconnu les faits, qui sont incontestables et donc pas l’affaire d’une interprétation, sauf à considérer que le détournement de fonds publics est une notion relative, « l’exécution provisoire des peines d’inégalité » n’aurait pas été appliquée. C’est donc d’après moi elle et elle seule qui s’est embarquée dans cette galère.

        1. Avatar de Daniel Bougnoux
          Daniel Bougnoux

          Bien d’accord !

  3. Avatar de ml
    ml

    Bonsoir amis du blogue !

    Quel billet !

    Une « référence en talapoin » dont l’anagramme est la « préférence nationale ».

    Ah si seulement, nous eussions eu ce propos, hier, à midi, j’aurais pu le lire en ce restaurant et les commensaux tout ouï auraient sans nul doute apprécié une version des faits, fût-elle contradictoire, en mesure de pouvoir nous éclairer dans cette recherche délicate et difficile d’une relative vérité.

    Et si par je en sais quel miracle ou don d’ubiquité votre présence à nos tables eût été manifeste, on aurait pu creuser plus profond, cher maître…Et qui sait, une source de jaillir, peut-être !

    En dégustant la dorade, nous aurions eu, peut-être, une pensée pour le poisson soluble devenu quantique.

    Avec des mots simples, essayer de dire des choses complexes, entre deux gorgées de kombucha ou de troussepinette de la proche Vendée.
    Et d’ouvrir le Livre des Juges, 12, 4-6, pour essayer d’y trouver le mot juste.
    On aurait demandé au randonneur de nous chanter « L’homme de la Mancha ».

    Et quand sang chaud pensa, on dit qu’il devint poète.

    Alors, en guise de dessert, un convive aurait finalement cité ces vers de Stéphane Mallarmé :

    « Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
    Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
    Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
    Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
    Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
    Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! » (Brise marine)

    ml

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      C’est la deuxième fois cher ML que vous citez ici le sublime poème de Mallarmé « Brise marine » : hommage à Robert Moracchini qui vient de succomber, sur le port de Bastia, aux coups de feu de ses frères de la mafia « Brise marine » ? Ce vaillant sexagénaire avait escaladé voici quelques années l’Everest ; y avait-il emporté les Poésies de Mallarmé ?

      1. Avatar de Daniel Bougnoux
        Daniel Bougnoux

        Suis-je bête ! Aller chercher si loin (Bastia) ce qui nous occupe ici, Marine évidemment…

        1. Avatar de Daniel Bougnoux
          Daniel Bougnoux

          « Brise marine », suite : mas à Marine, je ne ferai pas la bise…

  4. Avatar de Jfr
    Jfr

    Oui mais celui-ci me semble encore plus adapté….. À la nue accablante tu
    Basse de basalte et de laves
    À même les échos esclaves
    Par une trompe sans vertu

    Quel sépulcral naufrage (tu
    Le sais, écume, mais y baves)
    Suprême une entre les épaves
    Abolit le mât dévêtu

    Ou cela que furibond faute
    De quelque perdition haute
    Tout l’abîme vain éployé

    Dans le si blanc cheveu qui traîne
    Avarement aura noyé
    Le flanc enfant d’une sirène…

  5. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Voici que Navy-Blue vogue dans la galère sous pavillon Glas-Mor, dans les flots déchaînés; point de frégate ni de chalutier…Gros temps sur l’Hexagone.

    Alors plutôt que de plonger dans le maelström, jetons encore quelques vers dans le sillage de ML et JFR. Avant Brise Marine (« Un ennui désolé par les cruels espoirs »…), Verlaine, en un titre presque homonyme écrivait déjà: « Tandis qu’un éclair / Brutal et sinistre / Fend le ciel et le bistre/ D’un long zigzag clair. ». C’était aussi Leconte de Lisle qui évoquait la tourmente (Anathèmes), avec le mot majuscule si prégnant en français depuis des siècles: « Les Ennuis énervés, spectres mélancoliques, / Planent d’un vol pesant sur un monde aux abois. »

    Quant à l’autre incise de ML (Juges 12/ 4-6), elle tombe à point nommé: l’épisode du Shibboleth départageait, voilà déjà 3000 ans, deux camps ennemis (Galaad et Ephraïm), sur un stigmate nominal…La roue tourne avec monotonie…

  6. Avatar de Roxane
    Roxane

    Cher maître randonneur, je ne sais répondre à votre question au sujet des lectures réelles ou non de M.Robert Moracchini sur les cimes des hautes montagnes. Sur la place Saint-Nicolas de son village de La Porta, on sait que les gens se déplaçaient pour lui faire la bise. Mais l’abominable l’a rattrapé avec les assassins de « Brise de Mer », cette organisation maffieuse que vous nommez.

    Brisons là.

    Bise, ce joli mot de la fable, ce vent du Nord qui soufflait encore, hier, sur nos terres, me fait penser à cette chanson de Michel Sardou qui demande à Vladimir Ilitch de se réveiller :

    « Un vent de Sibérie souffle sur la Bohême.
    Les femmes sont en colère aux portes des moulins ».

    Quel doux Zéphyr, aujourd’hui, souffle sur notre bohème pour fortifier notre âme mal armée ?

    Comment ne pas continuer sur l’envolée magnifique de Mme Anetchka ? :

    « Et voici qu’on entend gémir comme autrefois
    L’Ecclésiaste assis sous les cèdres bibliques.

    Plus de transports sans frein vers un ciel inconnu,
    Plus de regrets sacrés, plus d’immortelle envie !

    (…)

    Ô mortelles langueurs, ô jeunesse en ruine,
    Vous ne contenez plus que cendre et vanité !
    L’amour, l’amour est mort avec la volupté ;
    Nous avons renié la passion divine !

    (…)

    Sur quel autel détruit verser les vins mystiques ?
    Pour qui faire chanter les lyres prophétiques
    Et battre un même cœur dans l’homme universel ? »

    Gaston Bachelard dans « Lautréamont » cite copieusement ce poète qui trouve, par bonheur, sa place ici.

    Nous relisons avec un vif plaisir le beau poème mystérieux de Stéphane Mallarmé, grâce à l’excellente et heureuse citation de Monsieur J-F R.

    Comment le comprendre, en « suffisant lecteur de Mallarmé » au sens où l’entend M.de Montaigne dans ses « Essais » ?

    Je suis tenté par une interprétation érotique, animalière de « la chose » qui a « le chaos » dans ses lettres.

    Ce qui est frappant, nous dit Charles Chassé, c’est que dans les poèmes de Mallarmé, il n’y a plus de place pour l’équivoque, chaque mot n’ayant qu’un sens précis, le sens fourni par Littré.

    Je repense, mon bon maître, à ce que m’écrivait l’autre jour, notre ancien ministre de l’Éducation nationale, sur Littré concernant l’au-delà et au delà.

    « Basse » est un adjectif, il peut aussi être un terme de marine.

    À Paris, dans les Alpes, les Pyrénées, en Poitou, il y a un divan, une salle de ciné, des fourneaux et un tracteur.

    Chacun à sa place, essaye de dire ou ne pas dire quelque chose qui ait un sens.

    Ce n’est quand même pas rien, même si nous sommes seuls et qu’ils sont si nombreux…

    Rien ne va plus…Tourne la roue, celle du devenir.

    En ce bel aujourd’hui, un ami, professeur en exercice, publie son livre.

    Bon vent à son essai au titre formidable.

    Vous chantiez, les amis, eh bien dansons maintenant, en cherchant l’Être dans la vague qui fait la joie du physicien, lui aussi, un épitomé d’albatros !

    Bonne journée à tous.

    Roxane

  7. Avatar de Alain Faure

    Cher Daniel,
    Tu évoques les démons du narcissisme et de l’individualisme. Ca marche parfaitement pour Trump et Bardella. Mais pour les Le Pen, comme pour Poutine, il y a dans leur quête de toute puissance la démesure et le tragique de l’hubris. Ca me fait penser au mage du Kremlin (de Giuliano Da Empoli) qui explique qu’il n’y a rien de plus sage que de miser sur la folie des hommes. Dans la brise Marine qui nous embrume, la question est d’actualité littéraire: comment raconter une autre voie politique que celle des prédateurs qui misent sur la folie des hommes? Comment sortir du seul registre de l’indignation et de la morale? Quand les voiles sont déchirées, les électeurs en détresse et sans boussole veulent entendre (et suivre) le chant des matelots, avec le cœur… Comment parler au cœur des naufragés sans céder à la manipulation? Y’a du boulot…

  8. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Cher maître, vous êtes un orfèvre en matière de communication.

    Grâce à ce blogue et à vos correspondants commentateurs, on peut en son for intérieur faire son examen de conscience et « allégir » sa pensée, pour employer le verbe de Monsieur de Balzac
    Ce n’est pas ici, un espace de café du commerce, et, vous le savez bien, vous n’êtes pas bête Monsieur Bougnoux !

    Au delà du théâtre de la politique, essayer de comprendre le politique. En allant chercher, une référence qui nous est chère, cher Daniel, celle qui a plus appris avec les mineurs de Bolivie que dans les cours de Merleau-Ponty…N’en rajoutons pas, vous connaissez la chanson et l’écrivain qui dénonce ces « idiotismes de métier » qui tendent à faire accroire n’importe quoi au premier venu qui n’est pas de la boutique. Vous trouverez ses belles paroles qui font du bien au petit peuple, là « où de vivants piliers » commencent par Aragon et se termine par Yourcenar.

    Ces politicards que vous n’aimez pas et qui, selon vous, trompent les gens, il ne suffit pas de les critiquer avec des mots usés et mille fois rebattus. Parfois, il me semble de bon aloi de les inviter à la maison prendre un verre ou un café en leur demandant d’aller fumer dehors et de faire un tour à la bibliothèque pour lire « Démocratie française » et « L’éloge des frontières », par exemple. Et pour ne rien vous celer, je puis vous dire qu’il en reste quelque chose…

    Apprendre les bonnes manières, de gauche à droite, me paraît chose souhaitable.

    Il est une autre manière…bleue qui transcende ces « vérités premières » et qui en appelle à la profondeur.

    Si j’ai bonne remembrance, il y a bien un lustre, me semble-t-il (l’âge avançant, ma mémoire est incertaine) quelqu’un de votre région qui, je crois, fréquente l’Institut d’études politiques, m’écrivait ces mots :

     » Je plaide pour les approximations du bois. La guerre des mots est affaire de cuisson et votre manière bleue me rappelle les mots démodés de Christophe (chipoter, postiche), ceux, bien sûr, qui rendent les gens heureux. »

    Pour le romantique qui vient au secours des noyés du siècle avec sa blanche frégate, cette manière bleue est un prénom : « Athanase ». Un prénom qui fleure bon une résistance en France.

    De quel bois mystérieux dont on parle dans les légendes et dont le sel marin oncques n’attaque la dorure est sculptée la figure de proue ? Le rare écrivain donne une réponse, bien sûr, mais il ne nous a pas tout dit…

    Trois points de suspension pour signifier ouvertement que nous avons encore et encore du pain sur la planche.

    Bonne et belle journée à tous.

    Kalmia

  9. Avatar de Dominique
    Dominique

    Bonsoir !

    Je suis dans la salle capitulaire pour rédiger ce petit commentaire.

    Je viens de relire celui de Kalmia pour vérifier ce que m’a dit cette après-midi, un juge hors hiérarchie, une dame du Nord en retraite pour 1 mois, au monastère.

    Sa décision est sans appel, Mme Kalmia a commis une faute grave en écrivant :

    « « où de vivants piliers » commencent par Aragon et se termine par Yourcenar »

    Ce sont en effet les vivants piliers qui se terminent par Yourcenar dans le livre de Régis Debray, donc accord du verbe avec les vivants piliers.

    Mme le juge pense que le blogueur serait bien inspiré de censurer Kalmia en lui interdisant le droit de poster un commentaire, pour ce manquement à la politesse de notre langue.

    Ce soir après les Complies, mon regard se dirigea non vers une botte de paille dans la grange d’à côté mais sur le poste de télévision, allumé par un novice à l’hôtellerie. Un parti politique présentait son affiche où l’on pouvait lire le mot « évènement » avec le second accent qui penche à droite. Ce mot s’écrit avec deux accents aigus.

    En revanche, on écrit avènement avec l’accent grave.

    Avant d’entrer dans les Ordres, j’étais jeune localier et mon rédacteur me disait : On reconnaît un bon journaliste quand il sait écrire correctement le mot « événement ».

    J’en ai parlé recta à Mme le juge, en train de lire le dernier livre de M.Jean-Marie Rouart, au réfectoire.

    Sa réaction fut immédiate…Je n’ai pas à la commenter.

    Bonne soirée

    Frère Dominique

  10. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Il est toujours bon de convoquer les bons auspices mythologiques, chère Kalmia, dans les temps troublés. Une nouvelle nef Argo avec proue en bois de chêne sacré de Dodonia, arborant, avec un sourire de sérénité, une figure de bélier ou autre cheval, dragon ou serpent, et visant à détourner les maléfices divers, nous serait bien propices, en effet!

    Avant la légende de la conquête de la Toison d’Or courrait déjà cette vieille légende avestique de la conquête du soleil, de la Belle Saison, pour obtenir la bonne fortune, la récompense après l’épreuve…

    Je ne connais pas la « manière bleue » liée à Athanase (l’orthodoxe? Ou le Vendéen?) mais je connais « les mots bleus » de Christophe, les mots muets des yeux censés rendre heureux…

    Alors, en guise de respiration entre deux batailles, rêvons avec les mythes et les chansons …

  11. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour !

    J’espère que Monsieur Notre maître, pensif randonneur, ne va pas suivre le conseil de Mme le juge, en retraite au monastère du Frère Dominique, et que mon petit commentaire va quand même passer.

    Oui, je reconnais ma faute, mais bon, chacun appréciera en cet espace son niveau de gravité.

    Quant à m’exécuter sur-le-champ ou de façon provisoire, j’ai le sentiment que notre jardinier au large chapeau n’ira pas jusque-là et que ma réponse à notre chère Péléiade du blogue ne sera pas le moins du monde censurée.

    Je n’ai tué personne, voyons !

    Ma réponse à votre bonne question est la suivante : Il s’agit bien d’Athanase le vendéen, l’un des prénoms de

    François Athanase Charette de La Contrie, général royaliste de Vendée.

    En parlant d’Athanase, je pensais au roman de Gonzague Saint Bris « Athanase ou la manière bleue » paru chez Julliard au cours de l’été mil neuf cent soixante-seize.
    Je me souviens de la carte brisée de cet auteur envoyée, un jour, de sa villégiature alpine. Je l’ai conservée dans un bonheur-du-jour.

    J’aime beaucoup votre prose Anetchka. Elle nous invite à une sacrée réflexion dans le bleu de la profondeur.

    Puy-du-Fou et sa tradition enracinée, Olympiades et ses mythologies hautes en couleur, où trouver chère hamadryade inspirée, le temple des mots bleus ? Dans la chanson d’un artiste suisse qui en a fait un livre chez « Les éditions Flammarion » qui contiennent dans leurs lettres transposées « L’arôme des mots à l’infini » ? Le physicien qui voit un sens caché du monde à ce hasard étonnant et le pianiste qui en a trouvé la composition ne s’appellent pas Juvet, n’est-ce pas !

    Vers quel Dodone, désormais, prêter l’oreille pour ouïr « Le sacre du printemps » de nos mélodies secrètes intérieures ?

    Dans une revue où Monsieur Bougnoux parlait d’emballer la mécanique, il y a vingt ans à peine, son directeur en exercice traitant de l’origine, déconstruisait la chimère et vantait la sirène. « En se gardant bien de sacrifier l’histoire à la mémoire – pas moins que l’inverse. Car on a besoin des deux. »

    Icelui, quatre ans plus tôt, est tombé dans une vieille demeure, au fin fond de la campagne, sur une autre revue ouverte à la page de la fée « Mélusine ou les mystères de la femme ». Je me souviens…

    Ah, le temps, le temps, le temps, Madame, a-t-il une valeur d’instrument ?

    Je poserai la question à cet autre « hôte de passage » qui vient de publier un livre sur cet au-delà qui nous prend les « tripes » qui contiennent en leurs six lettres le mot « Esprit ».

    Juste pour ne pas oublier que les roses sont roses et les bleuets sont bleus.

    Bonne nuit

    Kalmia

  12. Avatar de Erwan Lecoeur
    Erwan Lecoeur

    Merci pour ces quelques lignes qui remettent assez bien les choses à l’endroit. Ne pas laisser les coupables passer pour des victimes, sinon, on perd le sens même des mots et des idées qu’ils portent.

  13. Avatar de Aurore
    Aurore

    Bonsoir la compagnie randonneuse et pensive !

    Ce soir, je pense au « Petit prince », chapitre XXI :

    « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux »

    Le professeur et l’artiste en ont fait une anagramme :

    « Saint-Exupéry veut, noble visée, que l’être conçoive bien les illusions »

    Mais où est le cœur, aujourd’hui, quand une jeune fille de vingt-quatre ans, journaliste, se fait insulter, maltraiter par des élus et leurs collaborateurs, au sein même de l’hémicycle bourbonien ?

    Où est le cœur, finalement, quand on réduit le peuple de France aux illusions idéologiques et techniques, sans lui donner le matériau nécessaire pour voir plus loin, au delà de la science et de la politique, tous unis vers Cythère ?

    Le cœur des écoles ne devrait-il pas travailler la possibilité de cette île dans l’Alma mater, quand d’autres y sèment la zizanie ?

    Le cœur du futur, c’était naguère…

    Un cœur intelligent, c’était hier…et il a neigé sur la Coupole.

    Et le cœur aventureux cache toujours son être intime.

    Passent les ministres et les littérateurs aussi…

    Advienne que pourra ou un sacré cœur !

    Aurore, la caissière.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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