D.B. au pied de la Croix

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Je voudrais suivre ici une suggestion de Claude Carrez, me répondant à l’annonce de l’ouverture de ce blog : « Te voilà au pied de la Croix ».

La phrase a aussitôt déclenché en moi l’image si connue du retable d’Issenheim, et la figure véhémente de l’apôtre Jean à l’index pointé – pour ceux qui n’en auraient qu’un souvenir flou, la voici :

 

retable-ancien[3]

 

 

Avec l’aide d’Etienne Guerry, j’ai songé que La Croix relevait à présent du kiosque à journaux, ce Golgotha quotidien des passions et des déchirements des hommes – et donc qu’en tenant ce blog,  je me tenais moi aussi au pied de La Croix.

 

image-retable

2 réponses à “D.B. au pied de la Croix”

  1. Avatar de Nicolas Mouton
    Nicolas Mouton

    Belle scène et tout à fait significative, cher Daniel ! Cependant n’oublions pas que le personnage sur la droite (qu’on retrouve près du kiosque) n’est pas Saint-Jean, mais Jean-Baptiste (Saint-Sébastien eût été plus aragonien). Saint-Jean est sur la gauche, qui soutient la Vierge.
    Le profane, cependant reste perplexe : qu’est-ce que tout cela veut dire et comment ces gens se sont-ils mis dans une situation aussi inconfortable ?
    Une aventure récente semble ici trouver son illustration (en un peu moins mystique) : au centre, crucifié, c’est le chapitre 7 de « La confusion des genres » ! A droite, le Jean-Baptiste au doigt accusateur c’est évidemment Jean Ristat. Sur la gauche Saint-Jean (le regretté Pontalis) soutient la Vierge tenant un drap blanc appelé à devenir linceul, qui ne peut-être que l’auteur du livre… Quant à Marie-Madeleine, à genoux les mains jointes vers le ciel, j’ai bien une idée de qui ça pourrait être, mais je ne veux pas vous fâcher avec le supplément week-end du « Monde »…
    Pour moi, je me vois assez dans le rôle de l’agneau, versant généreusement son sang pour racheter les pêchés de tous ces bougres-là.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Quelle perspicacité cher Nicolas ! Si votre « ekphrasis » (l’art de lire les tableaux où vous passez maître) trouve comme je le pense beaucoup de lecteurs, on ne pourra plus interpréter autrement ce célèbre retable. Je suis d’accord avec vous pour identifier dans la figure centrale du Christ mon épineux chapitre 7, qui a planté tant d’échardes dans la chair communiste, si j’en crois les échos revêches que lui donne Eychard dans le dernier numéro de « Faites entrer l’infini ». Je suis confus d’avoir confondu les deux Saint Jean, et heureux de voir par vous rétablie l’identité des figurants. Pour le Baptiste donc, il est évident qu’il s’agit de JR – même si l’index dressé est peut-être d’une virilité surjouée. Et quel touchant emblème pour moi, huit jours après avoir porté Jibé en terre, de me voir ici en Vierge relevée par sa fragile silhouette : il est certain qu’il me souffle à l’oreille de finir le livre, comme l’atteste le voile blanc déroulé des mains de Marie, belle mise en scène des pages à naître de la part de cet éditeur exigeant. Pour l’agneau mystique, seriez-vous victime de votre patronyme ? J’ai du mal à vous identifier dans cette boule laineuse, au demeurant sympathique et d’une indiscutable innocence. Je suis sûr que d’autres détails (comme dit le maître Arasse) susciteront une émulation d’interprétations, faisons confiance aux « scoliastes futurs ». Mais comme vous le savez, je pars ce soir pour l’Egypte où je demeurerai une semaine ; la tenue de ce blog est donc suspendue aux aléas de ce voyage, je dis à nos lecteurs à bientôt, avec mes excuses pour une éventuelle interruption – momentanée…

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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