Désir de vie, à quel prix ?

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Un texte commun à cinq confessions, catholique, protestante, juive, musulmane, bouddhiste, circule ces jours-ci à la faveur des débats parlementaires sur la fin de vie, pour s’opposer à toute assistance à une mort provoquée, rappelant le caractère sacré de la vie, qu’il ne dépend pas de nous de l’interrompre, et autres arguments passablement ressassés… Mgr Jordy, archevêque de Tours et vice-président de la Conférence des évêques de France, vient de déclarer à La Croix que « l’aide à mourir est un dévoiement de la fraternité ». Beaucoup de médecins de même, interpelés à l’occasion de ces débats, ont redit à la radio que leur mission n’était pas d’œuvrer pour la mort mais toujours en faveur de la vie – sans jamais définir clairement celle-ci.

J’ai déjà pris position sur ce blog, après le décès de ma femme Françoise en juin 2016, en faveur d’une mort assistée, et j’ai raconté comment, avec l’aide de l’Association « Ultime liberté » dont je salue ici l’humanité, nous avions elle et moi préparé son départ ; et comment aux derniers jours, un coma suivi d’une mort douce nous avait providentiellement épargné ce recours. J’ai évoqué les trois semaines de soins palliatifs (en tous points excellents) passées au CHU de Grenoble, et comment la directrice de ceux-ci s’était énergiquement opposée à notre décision, « ma femme avait un cœur robuste, de quoi gagner encore six mois de vie » – dès le retour du CHU, elle décédait moins d’une semaine après cette fière déclaration. Il y aura bientôt neuf ans de cela, et tous les arguments échangés depuis pour et contre le recours à une mort volontaire, ou « assistée », n’ont rien changé à la façon très claire dont Françoise justifiait sa décision.

Guillemette X., le médecin-chef des soins palliatifs qui m’exposait avec véhémence son point de vue de bonne catholique, péchait paradoxalement par matérialisme : « Vous ne considérez que le corps de ma femme (lui avais-je rétorqué), moi je vous parle de son âme ». Et toute cette âme protestait depuis quelques mois contre le prolongement des soins, Françoise voulait (nous l’a-t-elle assez répété) « partir en beauté » ! Et non en charpie, en loques, dans un chiffon de corps dépouillé de son humanité. Mais que sait un médecin, formé à soigner les corps, des états ou de l’intime disposition d’une âme ?

Le fameux et toujours convoqué « serment d’Hippocrate » lui enjoint de ne jamais préférer la mort à la vie – mais le serment (ou sermon) peine à définir cette « vie » ainsi placée en valeur absolue, en étalon-or de toutes nos valeurs. « La vie n’vaut rien, mais rien, rien, rien ne vaut la vie », chante assez merveilleusement Souchon en résumant, d’un coup, cette aporie : nous préférons généralement à toute chose la vie, mais nous échouons à définir celle-ci, sinon peut-être comme faculté de résistance dans l’illustre formule de Bichat, la vie est l’ensemble des forces qui résistent à la mort dans le silence de nos organes…

Définition, ici encore, toute matérialiste ou physiologique, organique. Et si la vie était esprit, sursaut, ou plus précisément désir ? Déclarer qu’on n’a plus envie de vivre à ce prix ou dans ces conditions-là, c’est justement identifier sa propre vie à une réserve ou à une capacité de désirs qui, à la longue, font défaut ou viennent à s’épuiser, et dès lors à quoi bon prolonger ce jeu qui « n’en vaut pas la chandelle » ? Ou pire qui souille et enlaidit définitivement, irréparablement une vie par ailleurs accomplie, ou jadis riche d’épanouissements ?

Je tiendrai désormais ce point pour acquis : la vie en moi ne se définit par rien d’autre que par ma capacité à désirer ; c’est-à-dire, chaque matin, à me lever avec un horizon de tâches qui me requièrent, me stimulent et me tirent en avant. Si ce ressort ou ce remontoir viennent à se fausser, à se briser, dès lors oui pourquoi ne pas envisager calmement la mort, au lieu de s’engager dans un parcours de soins dégradants jusqu’à la déchéance finale ?

Notre médecine sait mesurer, jusqu’à un certain point, les états d’un corps, mais elle n’a rien à dire sur l’état en moi du désir, sur la tension ou la robustesse de ce fameux conatus bien identifié par Spinoza : le désir propre à chaque être de persévérer dans son être – mais pas, nous l’avons dit, à n’importe quel prix. Or personne d’autre que moi ne peut se prononcer sur mon désir, et c’est justement cela « être un sujet », avoir des désirs, savoir les identifier et s’efforcer de les accomplir ; et non pas vivre sous la loi d’un autre, ou pour réaliser ses propres désirs à lui ! (Définition de l’esclave.)

Guillemette voulait que Françoise vive : quelle usurpation de volonté et, au fond, quelle prétention ! Car personne n’habite dans la peau d’un autre, et le monde propre du malade n’est pas celui du bien-portant, qui ne s’en fait nulle idée. 

Que dois-je faire ? Que puis-je savoir et que m’est-il permis d’espérer ? Ces trois questions (kantiennes) touchent à l’intime, elles me regardent et, au moins pour les deux dernières, je suis le seul habilité à y répondre. Elles définissent mon monde propre, le périmètre de mon identité. Elles relèvent du même coup de mon consentement (ce mot ne vous rappelle rien ?).

Car notre vie au fond relève chaque jour d’un désir ou d’un consentement. La grande question qui traverse, et il me semble alimente la durée du débat actuel est bien celle de ce fameux consentement, comment garantir celui-ci, comment s’en assurer ? Dans le cas de Françoise, elle-même avait clairement parlé et la question ne se posait plus ; il y avait donc, à nos yeux, abus à la resservir (ou à la trancher négativement). À moins d’objecter qu’on ne vit pas pour soi mais pour les autres (argument contraire à notre conception du désir), que la vie ne peut nous être retirée que par Celui qui nous l’a donnée (Dieu !), et autres vieilles gamelles ou sermons de même farine…Le consentement, en matière de relations sexuelles comme du droit à mourir, ou d’avorter, relève donc de la prérogative de chaque sujet – de son discernement ou de sa liberté, en bref de ce qui définit justement un sujet. Sans aucun doute un ordre ancien, patriarcal, clérical, s’oppose par toutes ses manœuvres à l’émergence de sujets libres, donc capables aussi de cette ultime liberté – raison de plus pour les combattre, et faire qu’on respecte enfin, en chacun, son intime préférence. Trouveras-tu, ami lecteur, cette conclusion trop entachée d’un coupable individualisme ?

24 réponses à “Désir de vie, à quel prix ?”

  1. Avatar de Aurore
    Aurore

    « Regardez l’homme du contre-désir : il est très agité, son seul pôle est l’emploi qu’il occupe. Il veut monter de plus en plus haut dans l’ascenseur social, sa tête est pleine de chiffres, c’est un manager for ever. La femme de contre-désir est pareille, meilleure encore en termes de marketing. Si ces deux-là s’accouplent, d’une manière ou d’une autre, c’est juste pour vérifier la répulsion que son partenaire lui inspire. Elle l’ennuie, il la choque. » (Désir, Philippe Sollers)

    Lisez et relisez cette citation et sachez intimement que Daniel et Françoise, c’est tout le contraire.

    Un signe dans la vie, une lumière dans la nuit…Une re-connaissance.

    Merci Monsieur notre maître.

    Aurore

  2. Avatar de François GALICHET

    Je suis en plein accord avec toi. Tu as parfaitement exprimé la pensée qui anime les personnes que j’ai accompagnées dans le cadre de l’association Ultime Liberté. Comme Françoise, elles souhaitaient quitter la vie, non par haine de la vie ou désespoir, mais au contraire parce que dans leur situation, vouloir mourir était la dernière manière de désirer encore, donc de vivre au sens plein et humain. Voir Baudelaire : « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau! » L’ultime liberté est aussi l’ultime désir.
    C’est pourquoi la position des religions, notamment chrétiennes, relève du paganisme. Alors que le Christ a dit : « L’homme ne vit pas seulement de pain », en sacralisant la vie biologique, elles trahissent le message évangélique ; elles en prennent le contrepied. Leur opposition à la mort délibérée (c’est-à-dire réfléchie) relève d’un matérialisme honteux. En enfermant chacun dans son corps comme dans une prison dont seul Dieu aurait la clé, elles méconnaissent la grandeur du don qu’il nous fait, celui d’une liberté absolue, qui seule permet une responsabilité tout aussi absolue.

  3. Avatar de Luc
    Luc

    Cher Daniel, je ne peux qu’applaudir à ce texte fort qui salue la qualité du travail des services de soins palliatifs, souvent admirables, et rappelle également ce paradoxe de l’acharnement médical qui peut présenter, dans certain cas, le visage d’une involontaire cruauté. Les échanges que j’ai pu avoir avec les infirmiers (incroyablement délicats et discrets) et les médecins (écoute remarquable) au seuil de la mort d’un proche ont manifesté, dans l’expérience que j’en ai eu, une conscience aiguë de la solidarité des consciences face à l’inconscience progressive de celui ou celle qui, quelques jours avant, était encore là pour demander qu’on n’insiste pas. La levée de bouclier des diverses confessions dit une approche de la vie bien différente de ce respect de la parole donnée par le vivant aux vivants pour que la vie ne soit plus, même active biologiquement, son atroce contraire.

    1. Avatar de Luc
      Luc

      Avec quelques coquilles en moins :
      Cher Daniel, je ne peux qu’applaudir à ce texte fort qui salue la qualité du travail des services de soins palliatifs, souvent admirables, et rappelle également ce paradoxe de l’acharnement médical qui peut présenter, dans certains cas, le visage d’une involontaire cruauté. Les échanges que j’ai pu avoir avec les infirmiers (incroyablement délicats et discrets) et les médecins (écoute remarquable) au seuil de la mort d’un proche ont manifesté, dans l’expérience que j’en ai eue, une conscience aiguë de la solidarité des consciences face à l’inconscience progressive de celui ou celle qui, quelques jours avant, était encore là pour demander qu’on n’insiste pas. La levée de bouclier des diverses confessions dit une approche de la vie bien différente de ce respect de la parole donnée par le vivant aux vivants pour que la vie ne soit plus, même active biologiquement, son atroce contraire.

  4. Avatar de Roxane
    Roxane

    Merci Luc pour ce beau et sain témoignage.

    On peut aussi comprendre une levée de boucliers, sur un tel sujet.

    Nous reste dans l’infini, l’interminé, l’inachevé de nos propres vies, à armer notre âme pour défendre notre for intérieur..

    Qui saura, oui dites-moi, qui saura sauver corps et âme sans guide acheté sur Amazon.fr ?

    Puisse l’université se faire « soigneur » pour nous apporter la « guérison » !

    Roxane

  5. Avatar de Annie Bouillon
    Annie Bouillon

    Cher Daniel
    Je ne désire pas alimenter le débat que tu proposes autour de l’aide a mourir mais j’ai quelque chose dont je veux témoigner et qui nous amènera peut être à réfléchir plus intimement.
    Je m’y autorise car tu reprends la lutte que vous avez menée et que Françoise a vécue avec les médecins des soins palliatifs lors de ses derniers jours. Tu mentionnes le refus qui lui fut opposé de mettre fin à sa vie par voie médicamenteuse.
    Permets-moi de t’éveiller à un autre aspect de ce qui est advenu à ce moment. J’en suis non seulement le témoin mais ma mémoire en est imprégnée a jamais. Je pourrais le raconter ainsi:
    Lorsque Françoise a compris qu’à sa requêt lui était opposé un non catégorique, il s’est passé à mon sens quelque chose de bouleversant. Obligée de renoncer à sa posture active, à son moi héroïque « mourir à la romaine », désespérée sans doute, un lâcher-prise est advenu qui l’a mise en état de se relier à sa profondeur, à son inconscient, à sa nature spirituelle. Et elle a accueilli ce dont elle m’a fait part, des rêves, des images, un monde intérieur, un chemin à accomplir…
    Une grande vision par exemple :
    Comme un grand astronef, des petites fenêtres sur le côté. Une porte s’ouvre et ça fait comme un grand toboggan qui l’emmène ; elle atterrit dans un paysage merveilleux, une oasis, du sable, un sentiment de bien-être ineffable l’envahît.
    Une autre amie Christine après l’avoir vue très dévastée la veille, la rencontre le lendemain les yeux rayonnants, Oui lui dit-elle j’ai vu où j’allais, un pays d’une telle beauté, impossible à imaginer une lumière éblouissante, j’étais au milieu d’un fleuve…., et elle ajoutera « Tu sais il ne faut pas avoir peur de la mort, la mort n’est rien ».
    Ce périple où voyage de l’âme est connu, il prépare un état de connection corps et âme, et à vivre le grand passage vers la mort. Françoise tenait à nous en faire part comme pour garder précieusement ce qui lui arrivait. Elle est partie ayant réalisé ce que je souhaite à moi, à toi, à vous ; ce grand voyage de l’âme est attesté, moult témoignages le racontent.
    Alors, la question que nous pouvons-nous poser : aurait-elle pu vivre ce mystérieux accomplissement si la dose léthale tant souhaitée lui avait été administrée ? Peut être mais je ne le pense pas, il lui a fallu ce renoncement extrême si profond, cet immense travail! Tout lâcher de ce qui faisait sa personne consciente pour que cela se produise. Et qu’elle meure dans la beauté de son être.
    Annie B.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Je suis ému et assez bouleversé par ce récit, que Françoise ne m’a jamais fait chères amies, et pourtant nous nous parlions beaucoup dans les derniers temps (il y a donc neuf années ces jours-ci). Françoise portait des réserves d’imaginaire exceptionnelles, elle m’en a fait profiter quarante-neuf ans, et il me semble encore, parfois, qu’elle m’inspire cette ressource. Tout de même, quel étrange dénouement, quel mystère de finir !

  6. Avatar de Alicia
    Alicia

    Bonsoir !

    J’ai lu et relu le commentaire de Mme Bouillon et la réponse de son destinataire, M.Bougnoux.

    Petite digression : l’expression » Monsieur notre maître » en parlant du randonneur au large chapeau, parfois utilisée en cet espace, peut faire sourire et donner au blogue un côté vieille France, aristocratique, à cheval sur des valeurs et la tradition, sans la moindre ouverture sur la complexité humaine. D’aucuns peuvent aussi y voir une provocation non dénuée d’humour. Pourquoi pas ? On peut aussi, deviner chez le ou les scripteurs, une reconnaissance à l’endroit de celui qui mène la danse avec la rigueur et l’exigence, si nécessaires en tel cheminement éclairé par quelques lucioles dans la nuit de nos quêtes respectives. Alors, pour moi, ces trois mots ont un sens qui siéent à merveille au songeur vagabond.

    Brisons là.

    Le propos confidentiel d’Anne et la réponse touchante de Daniel laissent sans voix le lecteur éloigné de leur milieu social et culturel. Peu nous chaut la distance, laissons parler le silence !

    Oxymoron facile d’un intellectuel qui jongle avec les mots en faisant fi de la souffrance qui habitent les êtres…

    C’est vite dit et l’on peut voir les choses autrement sans juger trop hâtivement, l’aventurier qui s’y risque.

    L’un et l’autre m’ont incité à rouvrir un livre sur les enjeux du savoir, écrit par un physicien qui pense et vit avec la science.

    Il me plaît, ce soir, de vous faire partager le conclusion de ce livre qui cite Simone Weil :

    « Je suis convaincue que le malheur d’une part, d’autre part la joie comme adhésion totale et pure à la parfaite beauté, impliquant tous deux la perte de l’existence personnelle, sont les deux seules clefs par lesquelles on entre dans le pays pur, le pays respirable, le pays du réel »

    Et l’auteur de poursuivre :

    « Manifestement cette phrase n’a pas été seulement pensée. Elle a aussi été profondément sentie. Elle nous laisse deviner une contrée lointaine, où il est difficile, voire même, je le crains, périlleux de vouloir aller, mais vers laquelle il est très bon et finalement très raisonnable de regarder. » (Fin de citation)

    Quid de cette contrée entrevue par le physicien Bernard d’Espagnat qui en connaît un rayon en la matière ?

    En septembre, je vais recevoir un professeur des grandes écoles, à mille lieues des amphithéâtres, des cénacles savants, tables rondes, tribunes, speed dating, projections et tutti quanti…

    J’aimerais bien en ce « jour de fête » faire le facteur et poser vos questions à cet hôte de passage qui vous répondra.

    Théo sur son île, Anetchka sur son oiseau, Anne du haut de sa tour, Monsieur notre maître à vélo, faites descendre sur nous quelque chose qui ressemble à un chant grégorien, pour employer les mots du pilote dans le désert où ce « doux sire y était en panne ». ( Est-ce par hasard, amis lointains, si ce syntagme entre guillemets en sept mots a dans ses lettres le prénom et le nom de l’épistolier ?)

    Au bon heur de vous lire. Une autre manière de s’enivrer.

    Alicia

    1. Avatar de Alicia
      Alicia

      Errata
      Il faut lire la conclusion et non le conclusion
      Le syntagme est en 6 mots et non 7.
      « doux sire y était en panne » est l’anagramme de « Antoine de Saint-Exupéry » nous disent le pianiste et le physicien.

      Alicia

  7. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Émouvant récit témoignage, que celui rapporté par Annie Bouillon. Il en rejoint d’autres que chacun a pu lire ou entendre, où des termes analogues à « renoncer à sa posture active », «  lâcher prise advenu », « se relier à sa profondeur », « voyage de l’âme », « paysage merveilleux, « une oasis », « du sable », où « un sentiment de bien être ineffable » ponctuent la narration. A la question qu’ AB émet: « si la dose léthale tant souhaitée lui avait été administrée? « nul ne peut répondre et nos potentielles décisions vacillent un peu…

    Alicia fait allusion « aux mots du pilote en panne dans le désert » (avec une énigme anagramme à la clé) et par association, on pense à la parabole du Petit Prince, cette histoire où s’introduit le lâcher prise et l’acceptation . L’auteur – aviateur bloqué en plein Sahara avec sa machine à l’aile cassée, sans eau et en proie aux hallucinations – un renard, un mouton, un drôle de petit bonhomme échappé de sa planète en s’accrochant à un groupe d’oiseaux sauvages- avait fait surgir un récit universel. « J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai », murmurait l’étrange petit être en guise de testament…

    Devant tant d’énigmes, pourquoi pas quelques neumes en écriture carrée dansant sur des lignes, accompagnés de paroles apaisantes: « Rorate caeli desuper « (Épanchez, cieux, la rosée d’en haut)…

  8. Avatar de M du Pont de Cé
    M du Pont de Cé

    Bonjour !

    Je voudrais m’adresser, s’il vous plaît, directement à Mademoiselle ou Madame Alicia dont j’ai lu et relu le dernier commentaire.

    Pas facile de vous répondre Alicia tant vous tenez fièrement le haut du pavé, ne risquant pas d’être contredite avec vos références inattaquables, saluant bien bas dans l’arène le César du blogue sans oublier de lui faire une fleur.

    Mon rôle de Spartacus n’est pas simple mais je vais quand même essayer de descendre et entrer en piste, au risque de prendre des coups de tous les côtés.

    Vous choisissez vos interlocuteurs, tous pontes de la linguistique et de la psychanalyse, fervents habitués de France culture, radio nationale payée avec nos impôts, et si peu écoutée du petit peuple de la dolce France, si tant est qu’elle existât encore, ma bonne dame.

    Si vous m’invitez à votre jour de fête – ce qui m’étonnerait !- j’irai bien volontiers, dussè-je franchir mes Alpes à pied pour me retrouver dans votre brousse d’intellectuels de haute volée.

    D’emblée, je vous poserais la question de Michel Bitbol, lue dans l’aveuglante proximité du réel :

     » Comment arbitrer le conflit entre la certitude que la physique “a un rapport avec la réalité” et la conclusion, obtenue à l’issue d’une réflexion sur la théorie quantique, qu’elle ne peut être tenue pour une description neutre de quelque réalité complètement indépendante du processus de recherche? »

    Dans son livre « L’empreinte de Dieu dans le monde quantique » mentionné en cet espace, M.Yves Dupont, l’auteur donne finalement la parole à Madame Quantique qui rend grâce à l’Esprit par un point d’interrogation.

    Et la bonne dame d’inviter le lectorat à prendre la plume pour lui envoyer commentaires, réflexions et questions qui seront transmis à qui de droit.

    À quand, ce recueil de réactions ouvert au public ? En septembre, mais où exactement ? Merci de soulever un pan du voile, s’il vous plaît.

    Vous vous enivrez de mots, Alicia, et votre échanson, qui connaît peut-être la ville des âmes grises et le village du rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, nous laisse sur notre soif dans le désert, sans éthique tombant des cieux.

    Réconcilier foi et raison…Telle était « la vertu renommée d’Aristote » qui n’en déplaise à nos chers et estimés artiste et professeur, férus d’anagrammes pour lire dans les pensées, ce syntagme, comme vous dites, n’est pas l’anagramme de « Averroès dit le Commentateur ». Il y a le C en trop.

    Et si C est le symbole de « La vitesse de la lumière », l’anagramme nous dit qu’elle « limite les rêves au delà ».

    Danse avec les mots, danse dans le vide ?

    Le monde est quand même petit…Un jour, il y a vingt ans, peut-être, un siècle, une éternité, l’auteur de la postface du livre de Monsieur Yves Dupont, qui vient de sortir en avril dernier, a donné conférence dans un bourg où l’on a vu plus d’un Astérix descendre de son tracteur pour venir écouter le tribun. Il m’a offert un beau livre sur l’esprit d’Averroès, à des parasanges de « L’État islamique » – « qui attise le mal » par anagramme.

    À l’horizon du réel voilé, le physicien Bernard d’Espagnat démontre que le vent des arguments scientifiques n’existe pas, incapable d’extraire d’une harpe éolienne la moindre harmonie. Mais il n’est peut-être pas invraisemblable qu’un doux zéphyr se prenne dans une lyre pour en composer une fantastique symphonie.

    Reste à écouter-voir…

    Bonne fin de semaine

    M du Pont de Cé

  9. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    À M du Pont de C, faisant allusion à Bernard d’Espagnat, il me vient aussitôt à l’esprit les surprenantes recherches er découvertes du physicien musicien « une fiole de folie dans le creux de la main », comme on le décrivait et le décrit quelquefois, avec étonnement mi -admiratif, mi -ironique.

    Ce savant Cosinus à l’œil bleu malicieux passablement échevelé, « à l’ouest » en langage ado, nommé Joël Sternheimer, était familier, un temps, de ma maisonnée. Sortant de Princeton (propulsé par Louis de Broglie) ce physicien quantique était alors en quête de la « Musique des particules élémentaires » (cf. entre autres Collège international de philosophie). Loin, bien loin du titre de Houellebecq dont Theo n’a pas exactement fait l’apologie! Car ce rêveur sensible, mi-scientifique mi-artiste (il n’était autre que Evariste, le physicien yéyé à ses débuts), incarne une transgression d’un tout autre ordre, bien plus passionnante (quelle que soit son issue, acceptée ou rejetée par la communauté scientifique), décloisonnant la pensée par une nouvelle approche du vivant.

    Son hypothèse, qu’il teste depuis des décennies en France (Strasbourg), au Japon et aux USA : chaque particule de matière est associée à une gamme musicale (â l’écoute, c’est plutôt la gamme pentatonique, pas la gamme occidentale). La musique résonnerait donc au cœur des atomes. Chaque organisme vivant serait traversé par des fréquences harmonieuses permettant aux cellules de « communiquer » entre elles. « Les acides aminés qui se mettent en harmonie pour fabriquer la protéine sont une suite d’ondes semblables à une suite de notes sur une partition » selon ses mots. Inventeur du « génodique » (composé contractant « génétique » et « mélodie »), son domaine d’application s’effectue pour le moment sur les plantes. Elle pourrait déboucher sur une alternative aux pesticides et aux molécules chimiques.

    Quand il nous faisait écouter ces exotiques mélodies, elles pouvaient évoquer tel chant de pêcheur japonais, ou, dit-on « la chanson des pommes » air nippon connu, ou encore « À la claire fontaine » . Ses énoncés, plus enchanteurs que ceux de Houellebecq (ce n’est pas difficile), sont du type: « Chaque créature chante son propre cantique ». Et passablement provocateurs aussi, évoquant « le vieil adage paysan selon lequel les vaches aimeraient Mozart ».,,

    L’avenir dira si la bouderie de l’INRA et du CNRS était ou non justifiée…Mais Joel -Evariste, que je croise parfois dans le Quartier Latin, a du moins le mérite d’un déblocage intellectuel, d’une pluridisciplinarité aux accents poétiques…

  10. Avatar de Dominique
    Dominique

    Bonsoir, chers amis !

    Demain, dimanche 25 mai, c’est jour de fête, au collège Stanislas, à Paris.

    Une occasion pour les amis de ce blogue qui peuvent s’y rendre de rencontrer des professeurs, de poser des questions

    et parler de livres, comme celui dont il est fait mention dans les commentaires, dont l’auteur fait partie de l’établissement.

    Heureuses gens qui pourront trouver un petit moment, demain, pour tenter la belle aventure des enjeux du savoir !

    Allez voir ça et vous nous en direz des nouvelles, si ça vous chante !

    Je suis à des parsecs de la Capitale et j’attends depuis trois semaines, une pièce moteur de ma voiture (qui n’est pas toute jeune) immobilisée dans un garage de province. Vous avez dit « progrès », Madame, Monsieur ?

    Dominique

  11. Avatar de M du Pont de Cé
    M du Pont de Cé

    À la bénévolente attention de Mme Anetchka

    « Et les particules élémentaires » par anagramme, mon cher Michel, « tissèrent l’espace et la lumière ».

    Et belle et souriante, voici Nivi en robe blanche, transfigurée dans son laurier-rose.

    Ah, si j’étais riche, je donnerais Paris, Versailles et Saint-Denis pour de mes yeux voir en vrai de vrai, l’égérie qui croise au Quartier latin, un mort déclaré à l’état civil depuis plus de cinq cents jours.

    Mais quand on a lu « L’espérance folle » on n’a pas lieu de s’étonner de la chose, puisque le chanteur des « Temps étranges » déjeune à Verrières avec André Malraux officiellement décédé trois ans plus tôt.

    Restons dans le domaine des « variétés », anagramme du chanteur « Evariste » qui en d’autres lettres transposées devient « savetier ». Mme Anetchka, vous connaissez la fin de la fable et la prière du pauvre homme (Livre 8, fable II)

    À cette heure même où je suis en train de vous écrire, un prof dédicace son livre « à Stan », comme ils disent !

    De grâce, Madame, ne voyez pas l’anagramme qui saute aux yeux ! Notre maître qui porte un prénom de prophète serait encore tenté d’allumer un bucher à notre endroit porteur de lumière.

    Dans son livre Monsieur Yves Dupont parle du grand Albert, page 221 et non du « Grand Albert », le grimoire.

    Je comprends ou j’essaye de comprendre votre tendance vibratoire et me voilà, non par hasard, chez Bachelard musicien et Kenneth White en quête du Mahamudra.

    Puis-je vous faire une confidence, Mme Anetchka ? Je me sens sur une même longueur d’onde quand, chez les Cassini, on parle de l’auteur sans e final qui a dans ses prénom et nom « l’étude et la chimie »

    Vive l’enchanteresse comtoise qui, en quelque vicomté, sait rendre compte d’une réalité fuyante approchée, apprivoisée et enfin comprise !

    La métalepse de toute beauté de Jean Racine se métamorphose et l’escalier de l’être attend son heure.

    Celle de s’enivrer…mais de quoi au juste ?

    Je n’ai pas la réponse.

    M du Pont de Cé

  12. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Dieux, quel débat !

    Nous voici maintenant avec un chanteur mathématicien dont le nom de scène est le prénom du mathématicien Galois.

    Je l’ai trouvé à la pénultième page du « Nouvel esprit scientifique » de Gaston Bachelard parlant de la précocité des Abel, des Jacobi, des Galois et des Hermite, due peut-être à une mutation de l’esprit dirigé vers une adaptation au monde des êtres mathématiques. En cette même page, il cite Juvet qui parle des idées les plus hardies et les plus fécondes dues à de très jeunes savants. J’imagine Joël, le mathématicien chanteur lisant Gustave, auteur de « Temps, espace, matière – Leçons sur la Théorie de la Relativité Générale » et écoutant son homonyme suisse, chanteur de variétés Patrick, auteur du livre « Les bleus au cœur »…Pourquoi pas mais pour quoi faire ?

    En telle asymétrie, peut-on voir un possible lieu de complexes connexions ?

    Au jardin d’Alice, peut-être… (?)

    Kalmia

  13. Avatar de HARDOUIN Daniel
    HARDOUIN Daniel

    Ami randonneur, la conclusion de ton billet « Désir de vie, à quel prix ? » n’est en rien « entachée d’un coupable individualisme » !
    Tu écris : « Le consentement en matière (…) du droit à mourir, relève donc de la prérogative de chaque sujet – de son discernement ou de sa liberté, en bref de ce qui définit justement un sujet  » .
    Je retrouve là tout l’esprit des propos que m’avais tenus en Juin 2022, place de l’Odéon à Paris transformée en grand bar estival ( tu avais présenté la veille en librairie ton livre « Génération Woody ») .
    Comment ne pas relier ton texte à celui d’un autre philosophe que tu connais à coups sûr : Francis Wolff, professeur émérite à l’E.N.S. Ulm, qui a publié en Mars dernier : « La vie a-t-elle une valeur ? » –
    Pour vous deux (mais aussi pour François Galichet, Luc, et beaucoup d’autres), ce n’est pas la vie qui a une valeur absolue, c’est chaque vie humaine . Pas le vivant, mais les êtres humains .
    Peut-être approuveras-tu la conclusion du livre de Francis Wolff que je te soumets :
    « Cela veut dire une fois de plus qu’il y a bien une réponse claire à la question « la vie a-t-elle une valeur ? », mais elle est double . La vie comme telle n’a qu’une valeur relative . Ce qui a une valeur absolue, c’est la vie humaine: toute vie humaine présente ou à venir, depuis le moment où elle est humaine donc personnelle, et tant qu’elle est humaine donc habitée par quelqu’un  » (p.171) –
    Daniel

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Meerci cher Daniel de ce souvenir fidèle, et de ces précisions. Je connais Francis Wolff, mais pas son dernier bouquin. J’insisterais pour ma part sur le glissement proposé par mon billet de blog : qu’on cesse de brandir « la vie » comme un absolu, impossible à définir clairement, et qu’on le remplace par le désir de vie, qui lui est bel et bien absolu : je désire, ou je ne désire pas, cela est « index sui » comme disent les philosophes, cela ne se discute pas, et se montre clairement. La difficult étant de s’assurer de ce désir dans la durée : tel malade désire mourir le soir, et se réveille guilleret au matin… Il faut donc que ce désir s’exprime sur le long terme. Mais je crois que définir la vie par le désir est la voie la plus évidente, la moins discutable, et que cela pourrait constituer une percée dans les débats actuels. Mais c’est Alain Souchon, mieux que Wolff peut-être qui dit bien les choses : « La vie ne vaut rien / Rien ne vaut la vie ». Tu ne trouves pas ?

      1. Avatar de Hardouin Daniel
        Hardouin Daniel

        Oui, la maxime de Souchon est spinoziste sans le dire… La notion de « vie humaine » selon Wolff et celle de « désir de vie » telle que tu la proposes (mais en la définissant au plus près) me conviennent l’une et l’autre bien que vos thématiques respectives soient très différentes.
        Ajoutons que la musique et les paroles du styliste Souchon semblent assez fortes pour ne pas abolir ce désir de vivre avec le dernier accord …
        Bonne journée et en te remerciant de ton attention !
        Daniel

  14. Avatar de Aurore
    Aurore

    Oui le désir est bien le maître-mot.

    Il y a des décennies, un militant rationaliste titrait « La vie n’existe pas ! » et son livre était préfacé par un membre de l’Académie des sciences d’URSS, qui pensait que nous ne sommes pas seuls en ce vaste univers.

    Les riens de la chanson populaire et les riens du penseur en exil à son domicile ont certainement un rien ou un petit lien de parenté. Finalement, tous espèrent une seconde vie…

    Bon courage, Mesdames et Messieurs les intellectuels !

    Aurore

  15. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    Sur le débat actuel mobilisant les deux Assemblées, j’avoue avoir plus de questions que de certitudes. Tiraillée entre les avancées en faveur de réels cas critiques et les garde-fous censés encadrer la loi, dont l’expérience tirée des pays ayant légiféré en ce sens montre qu’ils sont d’argile….La langue du législateur, comme « délit d’entrave » me laisse perplexe, quelquefois. Femme varie, homme aussi, qui désire mourir le soir change d’avis le matin (pour citer Daniel en substance), mais la loi d’airain est-elle sensible à ces subtilités?

    Pour revenir vers la cryptolangue de M du Pont de C, l’anagramme « Evariste »—> « Savetier », en référence à La Fontaine, n’avait vraiment pas effleuré mes neurones!

    « Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir / Rendez-moi lui dit-il [ au Financier son interlocuteur] mes chansons et mon sommeil/ Et reprenez vos cent écus » fut la prière du pauvre homme, en effet. Mais je crois savoir qu’Evariste n’eut à aucun moment cette tentation, et ne perdit pas le sommeil. En revanche, qu’il ait perdu la vie récemment, je l’apprends tristement par ce blog. N’ayant pas croisé le physicien yéyé depuis l’avant-Covid…Non, pas de parallèle avec Guy Béart qui chantait « Vinrent, cette année- là, des gens étranges » (Temps étranges) , tandis que l’auteur déjeunait avec le fantôme d’André Malraux à Verrière le Buisson. Hélas non, je n’ai pas échangé avec le fantôme de Joël Evariste dans le Quartier Latin, ni même avec Evariste Gallois,… ni « stan », ni stone (Le monde est stone) …

    Encore apte à saluer la pirouette rimante de M du Pont de C « Et les particules élémentaires « —-> « tissèrent l’espace et la lumière » ou l’anagramme d’Alicia « Antoine de St Exupery » —-> « Doux sire y était en panne » . Apte également à célébrer « l’escalier de l’être » (puisqu’il a été évoqué plus haut), tantôt dans l’imaginaire japonais, tantôt dans un tableau d’André Masson. Et par suite « l’échelle de Jacob », qui, elle aussi, figure à sa façon le passage d’un mode d’être à un autre…

  16. Avatar de Jacques
    Jacques

    Au secours Théo, on a besoin de vos lumières
    de l’île de Ré pour nous apprendre à descendre l’escalier sans trop de bobos, ni au corps ni à l’âme…
    Descendez l’escalier que l’on vous voie, Julia !
    Pour les gens des chaumières, si loin du château de Cerisy.

    Jacques

  17. Avatar de M
    M

    Oui, mais en haut de l’escalier, « deux poings, deux mesures » pour dire comme le chanteur Davodka…

    Et si sur le coup de minuit, la belle perd sa pantoufle en le descendant, il faudrait en contrepoint un autre tableau pour savoir si la chaussure va.

    Un peintre révolutionnaire et surréaliste ne nous dit pas tout…Ni le physicien d’ailleurs.

    Quant au point de chute…

    M

  18. Avatar de Anetchka
    Anetchka

    À propos de l’allusion de M sur « le haut de l’escalier » et des surprises qui s’ensuivent, on atteint un summum avec l’Escalier de Penrose, figure impossible qui monte sans fin pour revenir comme dans un cauchemar kafkaïen à son point de départ. Transposé en musique, cela donne la Gamme de Shepard dont les notes montent sans fin. Et puisque M s’amuse avec point/ poing/ contrepoint en évoquant les « deux poings deux mesures » de Davodka (« Un poing c’est tout » titrait en outre son Album) pourquoi ne pas poursuivre avec le fameux « Rond-Point » de Devos, petite perle de l’absurde et de l’incongruité où nul point de chute ou point d’échappée ne se profile â l’horizon tournant . Le malheureux automobiliste du sketche bute indéfiniment sur 1, 2, 3, 4 sens interdits:
    – Alors pour sortir ?
    – Ben vous ne pouvez pas !
    – Qu’’est-ce que je vais faire ?
    – Tournez avec les autres !
    – Si je veux m’évader?
    – Tu seras repris par la police qui fait sa ronde…
    Qui n’a pas expérimenté en veille (un dilemme indécidable comme le titre de ce blog par exemple…) ou en cauchemar ces escaliers ou rond -points inexorables?

  19. Avatar de Aurore
    Aurore

    Bonjour !

    Ici, un temps mitigé entre éclaircie et petite pluie…

    Autant descendre l’escalier et s’installer devant son écran pour essayer de donner suite au commentaire si pertinent d’Anetchka.

    J’imagine votre hilarité et votre question : À quoi bon, si c’est encore pour tourner en rond, ma pauvre caissière ?

    En lisant, relisant ce commentaire de la dame intelligente et instruite, je ne puis m’empêcher de penser à un film de Jean-Pierre Melville : « L’armée des ombres ». Les pauvres gens fuient de tous les côtés sachant qu’ils n’ont aucune chance de s’en sortir…Et ça mitraille de partout…

    Et pourtant, il y a cette main tendue de l’extérieur, cette main de résistance qui cramponne et sort du trou…

    En filigrane, le destin de Jean Cavaillès, mathématicien, philosophe français et résistant.

    Qui en parle, les amis ? Gaston Bachelard dans « L’engagement rationaliste ».

    Nécessité d’un pas au delà, d’une ligne de conduite qui sort des habitudes pour sortir du moule et dans le système trouver sa libération.

    Utopie? Et si elle était porteuse d’avenir ?

    Et si cette main invisible n’était pas une illusion ? Mais c’est qui, c’est quoi, cette main ? Une main qui dessine et sur laquelle on va gloser à l’envi dans les colloques et les aréopages entre gens qui parlent et ne font pas grand-chose de leurs mains ? J’ai le sentiment un peu vague qu’au fin fond des campagnes et dans la solitude des villes, il y a comme un appel, un désir de vie qui tend à se manifester, qui tend la main…

    Mais comment dire ? Faut-il s’accrocher à ce mirage, à cette chimère ? Et si c’était vrai !

    Le réel a-t-il quelque chose à voir avec cette image ? Julia, Daniel et Jean-François, un jour, dans un château normand devront répondre…Sinon rien.

    Tomber dans le mille avec neuf 9 en deux simples opérations, on sait que c’est possible.

    Demandez à l’horloge enchantée…Pas celle des fleurs du mal, mais une autre, peut-être, égarée dans le taillis où refleurissent les roses d’Athénée.

    Et si c’était l’heure de s’enivrer de cette descente qui monte au « paradis » trouvé, un jour, par une gente dame dans un certain sens de la culture, quand elle s’est plu sous son arbre, à rêver chacun pour l’autre…

    Aurore la caissière

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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