Joie des JO

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Avec six jours d’avance sur la Sainte Vierge, le Randonneur est monté au ciel !

Faute d’avoir emporté mes bâtons de marche, et choisi les bonnes chaussures, je me suis en effet  pris les pieds dans un banal chemin de montagne, vendredi dernier du côté de Briançon, et j’ai lourdement chuté. Impossible de me relever ! Après un spectaculaire hélitreuillage (avec quelle précision, quelle maestria opèrent les secours en montagne), la radio suivie d’un scanner constateront trois apophyses cassées du côté des lombaires, et un énorme bleu sur la hanche droite, la tranquillité s’impose, me voici interdit d’efforts jusqu’à la reconstitution des os (six semaines ?) – et entouré de la sollicitude de mes enfants et petits-enfants dans ce chalet d’alpage où nous passons une partie du mois d’août, eux tantôt à nous survoler en parapente, tantôt à contempler de nuit (si belle ici) les étoiles filantes. « Etoiles poussières de flammes \ En août qui tombez sur le sol » (chante avec Aragon Jean Ferrat).

Je n’ai pu suivre les JO, qui coïncidaient pour Odile et pour moi avec une randonnée de trois semaines en vélo, sans télévision le soir dans nos chambres d’hôtes où nous nous couchions assez tôt. Et je n’ai pu davantage, depuis notre chalet où l’électricité demeure rare, suivre la cérémonie de clôture, ni capter lundi le discours de Macron. Je tombe en revanche sur un article d’Alain Caillé, le promoteur du MAUSS (Mouvement anti-utilitaire dans les sciences sociales) dont j’ai déjà ici évoqué les thèses, auxquelles je souscris. Dans ce dernier papier, Alain analyse avec précision la réussite de ces JO, ou pourquoi, et comment, les supporters, les athlètes ou le simple public y puisèrent tant de joie.

Cette question n’a rien de frivole ni de négligeable ; elle s’avère même cruciale pour traverser les jours d’une rentrée qui s’annonce difficile, ou épineuse pour notre classe politique. Comment capitaliser le bonheur bien réel dispensé par ces Jeux, comment entretenir cette flamme qui nous a éclairés, réchauffés, groupés ?…

Les analyses d’Alain me semblent si justes, et si profitables, que je risque ici de le copier/coller en les rapportant, mais tant pis ! Elles s’opposent de plus point par point à un autre papier, lu dans les contributions libres de Médiapart, qui reprend les thèses éculées de la « société du spectacle », des publics ilotes ou moutons de Panurge dépouillés, à la vue des exploits, de leur propre puissance d’agir, et qui insiste sur la marchandisation des Jeux, sur les salaires mirobolants, ou la succession de bons coups réussis par Bernard Arnaud qui a fait véritablement main basse sur l’aubaine publicitaire que Paris lui offrait sur un plateau…

On peut en effet, dans un esprit chagrin, dénoncer la marchandisation galopante, effrénée pour certains, à l’œuvre dans ces Jeux ; et déplorer par exemple que le visage sympathique de notre nouveau et jeune « héros », Léon Marchand, ait atterri si vite dans un clip de la marque Vuitton ! Mais je crois pour ma part qu’il est judicieux d’avancer, avec Alain Caillé, qu’on a surtout fêté dans ces Jeux le retour à des formes anti-utilitaristes d’activités, et de relations, et que cela nous fait à tous un bien fou !

La chose à dire est grosse de malentendus, on est donc prié d’avancer prudemment.  Une activité anti-utilitaire ne se propose pas comme un moyen en vue d’une fin, elle est à elle-même sa propre fin. Quand je marche dans la vie ordinaire, c’est pour aller quelque part, rejoindre un but ; dans le sport en revanche, je marche pour marcher, dans l’art je danse pour danser – et non pour traverser la scène ou me rendre quelque part. Et dans l’amour, j’aime pour aimer – et non pour mettre au monde des enfants qui perpétueront l’espèce : l’amour est peut-être une ruse en nous de l’instinct de vie qui demande à s’étendre, mais à mon niveau je n’en ai pas conscience, et ne veux pas le savoir ! 

« Quand je danse je danse, quand je dors je dors » affirme superbement Montaigne dans un passage où il s’efforce de nous rappeler la saveur auto-télique de la vie, et en particulier d’activités qui sont à elles-mêmes leur propre fin, et que nous pouvons célébrer (savourer, répéter) pour elles-mêmes, sans plus. Quand l’alpiniste, ce « conquérant de l’inutile » arrache à son corps, au prix de quels efforts, la victoire d’un sommet, on ne demandera pas « à quoi bon ? », objection utilitariste ; pas plus qu’au perchiste Armand Duplantis qui, centimètre par centimètre, vient de franchir à Paris 6,25 m, déchaînant l’enthousiasme général, mais aussi celui de son meilleur rival et ami, Renaud Lavillenie.

Le mouvement du MAUSS, qui raisonne sur les formes du don, opposées aux échanges en général d’un capitalisme triomphant (et ruineux), insiste à l’occasion du sport sur ce fait que les sportifs, selon leurs propres termes, nous donnent et se donnent. « Tout donner », quoi donc ou mais encore ? Rien ou en apparence si peu, quelques centimètres à la perche, quelques centièmes de seconde au cent mètres, à quoi bon ? Le ricanement utilitariste s’entend déjà, mais il est déplacé, ou passe ici à côté : ces minuscules différences, si chèrement payées (et mises en scène) constituent la manifestation d’un dépassement de soi essentiel à notre espèce. La beauté du sport, mais aussi de l’art, mais encore de l’amour, c’est chaque fois sa vanité, sa profonde inutilité – son luxe peut-être, diront certains ? Oui, les poètes comme les sportifs, ou les amoureux, contribuent au luxe de nos vies. À quoi bon Le Cimetière marin, pourquoi ce détour par l’image, et par exemple « Ce toit tranquille où marchent des colombes » quand il suffit de dire la mer ? Pourquoi « cette faucille d’or dans le champ des étoiles » pour nommer – la lune ? L’utilitariste ou le partisan du plus court chemin se fendent la poire – laissons-leur cette gaîté. Pour certains, la mer ne sera jamais en effet qu’un étalage de chlorure de sodium. Ou une réserve de poissons ; ou de gisements de pétrole…

À propos des JO on a parlé très justement de joie. Comment mieux cerner cet affect ? Il y a joie, en termes kantiens, dans le cadre d’une activité désintéressée. Ce terme de désintéressement peut lui aussi engendrer bien des querelles ; disons au plus court, une activité qui ne s’échange pas pour de l’argent, qui ne s’achète pas – et qui donc relève du don (théorisé par l’anthropologue Marcel Mauss, puis par le mouvement du MAUSS). Le désintéressement ne veut pas dire que ça ne m’intéresse pas, que je ne me prends pas au jeu, au contraire ! Mais que je ne le fais pas pour le vendre, ou dans un autre but que cette action elle-même : quand je danse, je danse, quand je chante je chante. Comme la coupe déborde. Pour me dépasser, me surpasser, ou simplement m’exprimer, ou renforcer ainsi ma présence au monde… 

Il n’y a pas dans ce domaine d’adversaire, et c’est l’autre argument capital avancé par Caillé : le convivialisme en général désigne une société (hélas encore utopique ou indéfiniment à venir) où l’on s’oppose sans se massacrer. Mieux : où l’adversaire est mon ami, ou mon soutien, car il me sert à m’épanouir, à me grandir ; à tirer de moi, par émulation, des ressources que je ne soupçonnais pas. Oui, le convivialisme désigne (ou, par bonheur, réaliserait s’il advenait) une émulation généreuse, ou des compétitions gagnantes-gagnantes. Et c’est ce qu’on a vu à Paris, où les athlètes des différents pays fraternisaient, s’embrassaient, extraordinaire modèle pour nos luttes en général, et pour notre rentrée politique ! Ma petite différence d’avec toi, ces centimètres ou ces dizièmes de secondes si chèrement gagnés ne te diminuent pas mais t’inspirent, te motivent et au fond t’enrichissent. Transposon (à nos joutes politiciennes, à nos disputes de salon, à nos couples…). Il est permis d’y rêver !

Je me rappelle, dans mon enfance, un slogan publicitaire de parfum à la radio, « Bourjois avec un J comme Joie ! ». Nos JO n’auront donc pas été qu’une parenthèse enchantée, ils nous auront donné à profusion de la Joie. Miracle de la paronomase dont il faut méditer la leçon, et dégager, en scrutant ce modèle du sport (ou de l’art, ou de l’amour, ou des activités autotéliques du jeu en général) tout ce que cette réflexivité nous rapporte : chaque fois qu’il y a autotélie, le fruit de l’action ou de l’activité me revient. Sans aliénation ni confiscation possibles par un autre. Quand je danse je danse. Ce geste parfait me parcourt, il inonde mon corps, il touche par émulation le vôtre et vous fait agiter votre petit drapeau, entonner l’hymne, sauter, pleurer de joie ! Car ces précieux centimètres ou dizièmes de seconde vous reviennent à vous aussi, les supporters, qui comprenez qu’avec chaque médaille c’est vous-mêmes qui grandissez, qui brillez ! Merveilleuse économie positive des Jeux ! Qui se trouve certes cernée par les requins de la finance, tous les Bernard Arnaud, les profiteurs en embuscade, les comptables d’une économie à courte vue qui se trouve pour le temps des Jeux cependant dépassée, réfutée par cette évidence partagée : une médaille, un record ça ne s’achète pas, leur valeur est d’un autre ordre.

À nous, au-delà des jeux, de rappeler et de généraliser celui-ci.             

7 réponses à “Joie des JO”

  1. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Cher Daniel, je te souhaite un profond rétablissement avec la patience nécessaire pour qu’il aille à bonne fin. A nos âges les incidents ne sont pas toujours anodins. Moi, c’est lundi que je me suis retrouvé en VAE à tester la glisse sur un goudron bien rugueux à cause d’une vilaine guêpe qui voulait me piquer la jambe. Beaucoup de scalps sur bras, mains, cuisse et genoux mais rien de grave. J’ai quand même heurté le sol durement sur toute la longueur casque, épaule, côte, et surtout le genoux. Dans 10 ou 20 jours je saurais s’il a des séquelles quand les plaies seront cicatrisées.

    Ce genre de pépins illustre bien un vide de communication sur les risques sportifs comme sur les activités en nature que nous pratiquons pas vraiment du sport car sans entraînement, sans but de résultat ni compétition.

    J’apprécie ton article sur les JO. J’ai pu abondamment regarder des finales comme celles de Léon Marchand, de la vague à Tahiti, ou en sport co comme le basket. Ce n’est plus seulement du sport c’est du grand art. La cérémonie d’ouverture reflète bien cette proximité entre le sport de haut niveau et la dimension artistique mise de façon sublime en résonance. Le montage vidéo de cette cérémonie s’appuie sur la réalité augmentée, de façon magnifique.

    Cependant je vois quelques bémols à cette vitrine de la fraternité exemplaire de ces grands athlètes qui se soutiennent mutuellement comme des musiciens en Jazz. On oublie le grand nombre de blessures physiques et psychologiques, les emprises des entraîneurs, de ceux qui réussissent comme de ceux qui ne brilleront jamais.

    Ces grands sportifs sont des professionnels et subissent des contraintes exceptionnelles durant des années et parfois depuis le plus jeune âge. La fin de règne n’est pas toujours une réussite pour les athlètes qui ont été pris en charge complètement pendant des années. C’est en fin de compte une prise de risque immense qui se concrétise trop souvent en alpinisme par la mort liée à cette forme d’emprise compétitive.

    Pour le grand public ce spectacle fabuleux n’est pas forcément incitatif à faire des efforts physiques afin de maintenir en santé, de réduire les problèmes liés à la sédentarité….

    Les jeux sont professionnels et aussi très politiques avec des aspects aussi positifs que les dynamiques économiques, sociales d’ouverture des esprits, une véritable troisième mi-temps culturelle après la dissolution ( un bel article dans le journal le monde dont j’ai perdu la référence) ou négatifs.

    Les JO sont la face visible d’un immense iceberg dont il faut prendre toute l’ampleur sociétale.

    Au plaisir de te lire
    Jean Claude

    1. Avatar de Daniel Bougnoux
      Daniel Bougnoux

      Tu as raison Jean-Claude, le phénomène JO est pris dans tout un contexte financier, géopolitique, économique, médiatique aux innombrables facettes. Et plusieurs requins se tiennent en embuscade ! Il n’empêche : en examinant la joie, j’ai traité d’un surgissement incontestable, qui mérite notre examen et qu’on le prenne en compte. Cela rejoint aussi pour moi le vieux clivage transitif/intransitif, ou action en vue d’une fin/action qui est à elle-même sa propre fin, qui me paraît toujours essentiel pour mesurer ce qu’est une vie accomplie. J’ai écrit dans les années 80 ma thèse de doctorat sur l’autoréférence, et la réflexivité, ces questions me poursuivent !

  2. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour !

    Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager un billet de M. Alain Cadu, animateur talentueux du blogue « Écrituriales », auteur d’un livre sur l’olympisme entre autres ouvrages, dont un parlant des années quarante à Bressuire, a beaucoup plu à Régis Debray.
    Ce billet est suivi d’un commentaire dont j’ignore si l’auteur est caissière de supermarché ou maîtresse d’école en vacances aux îles. (petite digression en rapport avec votre façon bien à vous, cher Daniel, de voir Aurore)

    JO – i.e ?

     » écrituriales, le blog

    Disque et perche : le blog au rendez-vous de l’histoire

    8 août 2024
    Disque et perche : le blog au rendez-vous de l’histoire

    C’est un privilège rare pour un amoureux des J.O. de voir l’histoire de l’olympisme s’inscrire devant ses yeux ébahis et presque incrédules.

    Stade de France, lundi 5 août : l’attribution des places au stade a bien fait les choses. Placé au quatrième rang, j’ai à ma gauche un peu loin l’aire de lancer du disque avec, à l’affiche, Mélina Robert-Michon, porte-drapeau national et symbole de la longévité sportive.

    A ma droite et à portée de photo-souvenir : le sautoir pour la perche avec l’homme qui symbolise et écrase la discipline : Armand Duplantis, recordman du monde. J’avais eu la chance de le rencontrer à l’aéroport de Berlin il y a six ans, juste après les championnats d’Europe. Il venait d’éclore sur la scène internationale et avait volontiers échangé en anglais quelques mots et signifié, pour la photo, que pour lui tout allait bien.

    Les Jeux antiques et écossais sous nos yeux

    A gauche du stade, la lancer de disque : il est l’héritier du pentathlon antique où il partageait l’affiche avec la course, la lutte, le javelot et le saut en longueur. Mais, bien sûr à l’époque, il ne concernait que les hommes.

    A droite, le saut à la perche : il est né avec les Highland Games. A l’origine, la discipline était un saut en longueur plus qu’en hauteur. Il s’agissait de franchir une rivière ou un mur et non pas une barre placée à des sommets de plus en plus infranchissables (sauf pour Duplantis) comme aux Jeux de Paris.

    Jeux antiques, Jeux écossais au même rendez-vous de la postérité ! Que fallait-il de plus à un amoureux de l’histoire du sport pour vivre en direct l’héritage grec et écossais qui se télescopaient sur un même plateau devant plus de 70.000 spectateurs et un milliard de téléspectateurs.

    Si Mélina Robert-Michon n’a pu, cette année, défendre l’héritage du disque avec une prestation en-deça de ses possibilités et globalement décevante, Armand Duplantis a, quant à lui, dominé l’épreuve de perche de la tête et des épaules, remportant une seconde médaille olympique à seulement 24 ans.

    Du sport haut perché

    Maintenant, pour lui, le ciel est la limite… Altius! Citius! Et aussi perchius!

    Plus haut! Plus vite! Et surtout plus haut perché!

    Aussi haut perché que les Highlands d’Ecosse…

    Pas étonnant qu’il ait battu dans la foulée le record olympique (6,10 mètres) et le record mondial (6,26 mètres) dans une euphorie indescriptible.

    Qu’importe si la notion de record n’existait pas dans la Grèce antique ! Ce fut un très grand moment de sport olympique, je le dis et je le redis.

    Et même – mieux que ça – je perchiste et signe…

    Alain

    A SUIVRE :

    Rétro 2018 : Marie-Jo PEREC avec « Les Géants d’Olympie »

    Nous y reviendrons dans une prochaine édition.

    Commentaire :

    Alicia
    11/08/2024 06:51
    Bonjour les amis écriturialympiques !

    Ne cherchez pas le mot dans le dictionnaire, il n’existe pas !

    Notre Euphron du blogue qui perchiste et signe appréciera.

    Dans le mot « perche », il y a « prêche » et l’olympisme a quelque chose de religieux (relire, relier) n’est-ce pas ?

    6,02 m à Tokyo et 6,25 à Paris (on n’est pas à 1 cm près !), il ne s’est pas planté l’athlète…Bravo l’artiste !

    Très bien et très beau tout ça, mais au delà des ors de la fête olympique, il n’est pas vain, sans jouer au vieux ronchon, de s’interroger quelque part quand même !

    Détruire quatre mille mètres carrés de jardins ouvriers pour construire une piscine destinée à accueillir les entraînements pendant les JO, c’est une folie. La chose a eu lieu, pourtant, en petite couronne parisienne.

    Tout le monde n’a pas les moyens de se payer un voyage à Paris pour assister moyennant finance au Jeux olympiques.

    Il y a des gens qui ont besoin de cultiver quelques légumes bien frais, en retroussant leurs manches, pour les aider à vivre et pour certains à survivre.

    Que des légumes officielles souvent bien payées s’en moquent et préfèrent et de loin la parade et tout ce qui brille, c’est hélas, une triste réalité !

    Que faire, alors? Eh bien leur faire la leçon, à ces gamins des bords de Seine ! Oui, mais laquelle ?

    Celle de « L’enfant et le maître d’école » de notre fabuliste, sans aucun doute.

    On connaît l’apologue, à peu près, en ces termes : Au lieu d’exercer ta langue par tant de prêches, tire-moi du danger en me tendant la perche.

    Alicia »

    Roxane

    1. Avatar de Alain CADU

      Merci à Roxane et Alicia d’avoir invité le blogueur écrituriales sur ce blog haut perché à l’occasion d’une chronique sur la perche olympique.

      Il y a tant à dire et à écrire sur l’Olympisme depuis le premier « stadion » de Coroïbos d’Elis en -776 jusqu’au gigantisme parisien de 2024 avec, en dignes héritiers de la Grèce antique, Teddy Riner certes, mais surtout, le Cubain Mijain Lopez, 5 fois médaillé d’or en lutte.

      S’il faut choisir un héritier moderne à Milon de Crotone, loin des chauvinismes à la française, c’est Lopez qui s’impose et hérite de la couronne d’olivier.

      En attendant, je me prépare à animer une balade olympique du côté de Nueil-les-Aubiers ( Deux-Sèvres ) pour faire partager, en péripatéticien convaincu, mes passions pour les Jeux antiques.

      Merci au blog de m’avoir accueilli.

      A bientôt, peut-être!

      Alain CADU, auteur des Géants d’Olympie, éditions écrituriales

  3. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir !

    Assomption avant l’heure pour notre randonneur imprudent et, en ce jour férié en République française, dans l’aiguail matutinal, allongé, les pieds au soleil et la tête à l’ombre, pendant le remplissage d’une tonne d’eau, je lisais une pièce de Jean Giraudoux « L’impromptu de Paris  » représentée pour la première fois, le 3 décembre 1937, au Théâtre de l’Athénée, avec la mise en scène de Louis Jouvet. La pièce se termine par une sorte de montée au ciel du député Robineau.

    Scène IV, Louis Jouvet dans une longue réplique à Robineau :

    – » C’est très bien d’illuminer la Tour Eiffel, mais ne crois-tu pas que c’est encore mieux d’illuminer les cerveaux ? »

    Passe le temps et rien de nouveau sous le ciel de Paris !

    Des millions de français n’ont pas regardé les cérémonies des jeux olympiques parisiens et ils n’en font pas une maladie !

    Qu’un sociologue en vacances s’est plu à visionner les épreuves pour écrire un article et analyser les ressorts de l’enthousiasme qui accompagnent lesdits jeux, ma foi pourquoi pas ? Il faut bien gagner sa vie.

    À condition de ne pas bifurquer sur le terrain miné de la politique politicienne, en oubliant de façon éhontée qu’il est aussi des « Gros-Cigares » que le contribuable, hélas, entretient !

    Une majorité silencieuse de petites gens qui peuvent aimer les métaphores sans oncques avoir employé une seule fois ce mot dans leur vie, qui n’affichent pas leurs qualités pour faire accroire qu’ils savent des choses, vous diront à leur façon, avec leurs mots à eux, leur manière d’être, qu’ils sont en quête d’un nouveau savoir, d’une nouvelle esthétique, d’une nouvelle éthique. Cette recherche n’est pas nouvelle…En mars 1984, Louis Mermaz, dans son livre

    « L’autre volonté » titre inspiré de « L’effort » d’Émile Verhaeren, à l’avant-dernière page, en fait judicieusement état.

    Ne vous en déplaise, Monsieur le sociologue, Monsieur le Professeur, chez ces gens-là, comme ils disent, il est une lumière naturelle plus ou moins impartie à tous, et dont ils sont pourvus plus que leurs doctes observateurs !

    Vous avez raison, Monsieur le randonneur, de vous cantonner aux « Idées soignant les âmes », autrement dit leur anagramme, à savoir « Les Essais de Montaigne ».

    « Vous chantiez, j’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant », écrivait un autre penseur, quelques décennies plus tard.

    Toute la question étant de savoir comment l’homme d’action, épris de culture, peut agir sur ce que les débordements du « faire » entraînent comme conséquences négatives sur la société.

    De belles citations ne suffisent pas et les colloques non plus…Alors que faire ?

    Assumer l’ordre des choses. Quid de cette assomption, Messires ?

    Bien cordialement

    Kalmia

  4. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour !

    D’abord, un bon rétablissement, à vous Monsieur Bougnoux et aussi à Monsieur Jean-Claude.

    Beaucoup de repos et le temps est « Soigneur »; il a dans ses lettres le mot « Guérison ».

    Comment ne point penser au « Gouffre » du poète, Charles Baudelaire ?

    Comme tout un chacun, on cherche à s’en sortir.

    La courte échelle avec des mots ?

    On risque d’y rester.

    On pense à Michel Serres piqué par un frelon et qui en tire une leçon :

    « Intoxiqués de mots sonores, le frelon n’y peut plus rien. Nous parlons pour nous droguer, militants comme égotistes. »

    Quant aux « sales oiseaux creux », ils nous font découvrir « Les réseaux sociaux » dans leur nid de lettres mélangées.

    Parole au silence.

    Jacques

    1. Avatar de Aurore
      Aurore

      Bonjour !

      En cette mi-août plutôt agréable côté ciel, il me plaît, ce matin de revenir vers le blogue olympique du randonneur pensif, heureusement en bonne voie de guérison, suite à une chute en montagne.

      Nous retiendrons de ces jeux de Paris 2024, la quintuple victoire du lutteur cubain Mijain López, député symbolique à l’Assemblée nationale de La Havane sans oublier la parade chevaleresque (mi-Sequena mi-Jeanne d’Arc) de l’artiste porteur de la flamme sur la Seine.

      Chez Gavroche et Marianne, ce désir de flamme existe-t-il vraiment, en ce monde où rien ne va plus ?

      Peut-être, en cherchant bien…

      Toujours et toujours le même problème, le corps d’un côté et l’esprit de l’autre…Comment avec ces deux-là faire bon ménage ?

      Deux enseignants fort appréciés dans leur milieu respectif essayent de nous éclairer par leurs livres.

      L’un d’eux s’est exprimé récemment en ce blogue.

      Monsieur Alain Cadu et Monsieur Jean-Manuel Roubineau, historiens du sport, nous parlent en intellectuels de terrain, pour faire apparoir de leurs fines analyses le primat de la culture judéo-chrétienne considérant la confrontation physique moins noble que le débat d’idées.

      Juste avant les JO de Rio, il y a huit ans déjà, M.Maël Goarzin, un intellectuel suisse, lui aussi enseignant, a essayé de répondre à la question :

      « Sport et philosophie antique: Platon, Aristote et les stoïciens étaient-ils de grands sportifs? »

      Voir sa judicieuse réponse sur Internet dans ses Réflexions (in)actuelles que nos deux auteurs susmentionnés sauront apprécier, je pense.

      Rien de nouveau sous nos tristes tropiques ! D’un côté le Milon (celui de Crotone), grand fort et bête et de l’autre le petit génie maigre et boutonneux renfermé dans sa chambre, plongé jour et nuit dans les livres. L’image est grossière certes, mais il y a quand même un peu de vrai en telle caricature.

      Le professeur émérite, micro en main entre les pipe lands, lui aussi marche dans la boue en Deux-Sèvres et ça ne le gêne pas, palsambleu !

      Oui, mais par-delà la fête, comment concilier pulsion biologique et conscience dominante, à l’intérieur des terres ?

      Par une balade originale, ludique et sportive avec un apéro quiz « olympique » pour terminer la fête en beauté ?

      Pourquoi pas ? Avis aux amateurs, on en parlera !

      Promenade estivale parmi les genêts, souvenirs effleurés…

      Pénates regagnés, le nom du petit sauteur de Mexico encore en tête, la vie continue mais rien ne change au tréfonds de notre être.

      Stone, le monde est stone, à la ville comme à la campagne.

      Reste la ballade, celle des dames du temps jadis et celle des gens heureux du chanteur.

      Avec deux ailes pour s’envoler! Tel un biplace acheté pour quatre sous au rayon des jouets du supermarché d’en face.

      Autant dire que tout est noir et sans espoir sur notre vieille terre.

      Dans leurs lettres transposées, « les trous noirs » – « sont irrésolus »…Comme un chœur dans une cathédrale, comme un oiseau qui fait ce qu’il peut !

      Aurore

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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