L’Inensevelie, suite (chap. V)

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V

 L’inertie de Pierre face à la situation scandalise son beau-frère, lui si sa mère avait disparu, il la chercherait, il irait sur les routes. « Comment ça, sur les routes ? Où veux-tu que j’aille ? »

De toutes façons ces embrouilles ne vont pas durer jusqu’à Noël, il faut que Pierre se rende à Blégis, qu’il voie son père et fasse une bonne fois le point sur place. De son côté Edwige lui demande avec insistance de se libérer et de venir un soir à Paris, elle organise chez elle un dîner d’idées, où l’on débattra de la relance du mouvement écologique (bien malade en effet), des modes d’intervention à imaginer vu les circonstances… parce que les socialistes mon vieux tu n’imagines pas, ils tiennent tout… il faudrait mettre sur pied (elle chuchote) une espèce de shadow cabinet… oui c’est encore très parisien, mais on compte en province sur des gens comme toi, vendredi, tu pourras venir n’est-ce pas ? Il y aura Edgar, Jean-Noël Nérose, Alain… D’accord, ça tombe bien, va pour vendredi. Pierre arrivera pour la soirée, il profitera de son samedi matin à Paris et de là piquera sur Blégis.

Edwige se met en quatre pour rassembler les mouvements épars des écologistes, des féministes, des non-violents, des conscientifiques…, mais sa mayonnaise n’a jamais l’air de prendre. Par contre elle reçoit très bien, quel salon charmant avec ses hautes fenêtres donnant sur la tour Eiffel ! D’ailleurs tout le monde connaît les lieux, depuis qu’ils ont servi au tournage du Dernier tango… Il est curieux de penser que ces mêmes moquettes, utilisées dans une scène où la plaquette de beurre fit un temps frissonner l’imaginaire collectif, ont hébergé depuis les paysans du Larzac venus manifester avec leurs moutons sur les pelouses du Champ-de-Mars, ou réuni les rédactrices de la revue Virago qui y posèrent en rond leurs fesses.

C’est une fête de retrouver Edgar, toujours généreux de sa présence, souriant et volubile, étourdissant d’intelligence, on a forcément l’air un peu compassé, en face, en retard de quelques idées. Nérose est plus officiel, toujours svelte, poli, et pressé. Edwige rentrant de Charentes, la conversation démarre au pineau. En l’absence de Brice, occupé dans le Pacifique à protéger les baleines, sa secrétaire note fiévreusement tout en sténo, comme si de ces propos de table devaient surgir des indications capitales. Distrait, Pierre n’a pas souvent la parole. Il se rappelle qu’à un moment Nérose a mentionné ces hommes politiques capables pour arriver de tout écraser sur leur passage, ce sont des tueurs disait-il en lançant des noms, et Pierre ne pensait plus aux baleines, mais à ce monde où disparaît sa mère. La lutte fait rage à tous les niveaux, les écolos oublient trop que la guerre peut revenir, qu’elle n’est que provisoirement exportée, contenue ailleurs, sans sa défense nucléaire d’ailleurs l’Europe existerait-elle encore ? C’est reposer la question de Malville, qui n’a pas fini de diviser le mouvement. Les tueurs, ce sont ceux pour qui le but politique efface toute considération morale, O.K., mais comment ferons-nous la guerre aux tueurs, à coups d’éventails ? Les écolos trop moralistes n’arrivent pas à franchir la barre de la crédibilité politique, alors qu’ils sont les seuls à dire certaines choses importantes, même si leur propre cause les dépasse. Les seuls, malgré leur débraillé d’idées et de méthodes, à s’opposer justement aux « tueurs ». Non, pas malgré corrige Pierre, grâce à. Il revoit sa mère tellement rangée, sa meurtrière absence de désordre.

Alain le raccompagne au Quartier latin, dans une voiture où doivent simultanément trouver place un palmier en pot, la chienne Pénélope et les voiles d’un bateau ; il embarque demain à la première marée pour Guernesey, où il voudrait planter cet arbre, et il roulera jusqu’à Saint-Malo pour ne pas la rater. Ce n’est pas un politicien ni un théoricien, Alain, un marginal plutôt, et un solide patron-pêcheur, capitaine Nemo filant en surface et en solo un rêve que l’industrialisation de la planète marginalise inexorablement. Explorant les trous, les mailles encore larges du filet… Celui qui veut redevenir sauvage doit apprendre à se faufiler ! Ce qui n’exclut pas un mode de vie sophistiqué, et un confort somme toute enviable, bien au contraire. Il a garé sa voiture au pied des arcades du théâtre maintenant de France, illuminées d’orange et de jaune à cette heure avancée de la nuit. Les cafés sont fermés, le parc aussi derrière ses grilles. Le moteur tourne doucement, Pierre achève de résumer les vraies raisons de son passage, et Alain en réponse trouve des mots prévenants, affectueux, c’est la première fois que le courant passe avec cet ours tendre.

Pierre a dormi dans un petit hôtel, rue de la Sorbonne, où il espérait retrouver une amie qui n’est pas venue. Au fond, il aime autant ça au moment de faire le point, en tête-à-tête avec ses fantômes. Mais ce qu’il peut faire beau dehors, en ce léger samedi de novembre, la lumière est bleu-pâle ou dorée, acqua lucida. Merveilleusement désoeuvré, Pierre a l’impression de flotter. Il prend par la rue Racine, le théâtre aux arcades, la rue Médicis face aux grilles et pénètre dans le Luxembourg. Il y marche dans ses souvenirs. Les plus proches, Fabienne, cette amie qui ne s’est pas déplacée, est-ce qu’il s’en fiche ? Une jeune femme raffinée, artiste à sa manière, plutôt cérébrale. Sa réussite chez Havas conseil semble fondée sur une séparation sévère qu’il vaut mieux ne pas contester, elle le ferait payer à l’imprudent. Elle a mis sa tête d’un côté, de l’autre son corps ; apparemment la tête marche très bien toute seule. Indépendante, Fabienne ? C’est l’impression qu’elle donne, célibataire, pas d’hommes connus, complète en somme. « Comment fais-tu ? – J’ai mon travail. »

En se rhabillant après la convulsion, le vertige, les cris, elle rajuste ses pensées, son trouble passager est vite oublié, ça n’était donc pas elle ? Bien cloisonnée, Fabienne porte entre les jambes un caisson étanche qu’elle ouvre et ferme à volonté. Elle a assigné une fois pour toutes au sexe une fonction, utile, indispensable, elle lui fait toute sa place dit-elle, comme si le sexe avait une place ! Au début Pierre s’irritait de cette maîtrise, de cette ironie face à ce qui le déborde lui ; et qu’aux invites qu’il multiplie à chacun de ses passages, elle préfère généralement son travail, ou son repos. Il enrage contre ce repos, le connaît-il, le souhaite-t-il pour lui ? Fabienne est fonctionnelle comme l’époque, timing précis, aérobic, collants et fermeture éclair… Elle se prétend amoureuse mais l’amoureux tombe par définition, c’est quand même ce qu’on dit, il s’abandonne ou perd un peu la tête ; elle, refuse d’accompagner le vertige, et sauve les apparences, comme si vraiment !…

Pierre pense rageusement que dans ces moments-là on plonge tous au même bain de sueurs, de salives, de foutre. Un jour qu’il lançait à Hache, dans un sursaut de colère, que le sexe se contrefout des bienséances sociales, la réponse n’a pas tardé, pour une fois le crabe est sorti de son trou, « Mais la sexualité, cher, bien sûr que c’est social, qu’est-ce que vous allez vous imaginer… dites-moi ? ». Hache triomphe chaque fois qu’il peut tirer argument du code, ou de la statistique. Les perversions ? Il y a des clubs et des shops pour ça, comme ils sont sages au fond avec leurs petits accessoires… ll ne se laisse pas désarçonner par le fait divers, l’explosion saignante, il les recadre « après coup » en les poussant gentiment dans le cas ou la case, l’exemple. Il se rassure avec ses classifications, il a pour elles des fiches dans les tiroirs de son ameublement faux-Empire, un style qui lui va comme un gant. Quel métier reposant que le sien !

Ils ont raison, le monde appartient aux Hache, aux Fabienne. Ou du moins Pierre, avec sa position de furieux, aura tort à tous les coups. Il aime ce tort qui le confirme, paradoxalement ; le sexe qui implique la peur ou l’exclusion sera toujours maudit. Telle est du moins, aux yeux de Pierre, la preuve qu’il en a un, la preuve – faisons plaisir à Hache ! – qu’ils ne le lui ont pas coupé, canalisé ou branché à la grande Trayeuse-Moissonneuse-Batteuse, à l’increvable conjugo chargé de reproduire l’espèce. Il est voué sur cette voie à collectionner les femmes, qui sont comme les éclats d’un grand miroir, il s’aiguise en même temps qu’il se blesse à ce biseau de lui-même, à ces fragments d’une inaccessible image où ce qu’il cherche à la fin des faims – quoi donc ? L’image sociale qu’il a acquise ne compte guère, cette réussite fondée sur l’emploi de la pensée, qui se résume à quelques pauvres tours de langage… Regardez plutôt passer les femmes, pas une pensée qui tienne devant certains corps, en tous cas pas la sienne. Des corps que leurs paroles, ou les fonctions dites supérieures, abîment souvent. Combien de fois, examinateur, a-t-il reçu dans son bureau de jeunes personnes auxquelles il posait rituellement les questions du cours et qui lui renvoyaient, sous les réponses plus ou moins gauches ou ânonnées, le défi formidable à lui posé, l’homme, le macho membré, de leur  présence  si proche sous le corsage et la fraîche jupe d’été ? Dans la fausse intimité de ce protocole absurde, sous l’échange académique quel puissant reflux contraire, quel bouillonnement au point où les deux questions se heurtaient ! Jamais il ne s’est rien passé, mais plus d’une fois il leur en a voulu de cette séparation imposée, et d’avoir subi, lui l’interrogateur, la sommation la plus dérangeante. Il était reconnaissant à celles qui s’en apercevaient, et lui signalaient le trouble de cette proximité forcée par un sourire, une inflexion de coquetterie.

Pierre déteste les chavirantes qui posent sans en avoir l’air l’objection mortelle ou font semblant de ne pas l’entendre, non pas les réservées mais les dissociées, celles qui prétendent penser en marge ou à l’envers de leurs seins, qui feignent d’oublier l’éclat de leur peau, qui se meuvent à côté. La damnation des seins ! Que certaines puissent les dénuder en société, plage, piscine, qu’ils soient beaux, qu’ils soient proprement rugissants et qu’elles persévèrent comme si de rien n’était dans un bavardage vulgaire au moment où ils rayonnent infiniment d’elles… Cela vous écrabouille un homme, enfin Pierre que certaines poitrines touchent au cœur, au ventre, retournent comme un gant. Les seins l’occupent, lui donnent infiniment à penser, à désirer, il peut tomber à corps perdu sur de pareilles visions, s’abîmer, se gâcher socialement. Il voudrait dans ces moments-là débrancher la pensée, qu’on leur coupe le son et qu’ils soient purs regards, caresses, qu’ils fassent sur leur peau l’essai humide de leurs lèvres, qu’ils deviennent l’un pour l’autre des dieux ou des chatons, des panthères lentes, des chiens.

Il est exceptionnel que la tête et le sexe aillent de pair, rumine Pierre, comment jamais les réunir ? Lui-même en est loin, et à en juger par la clientèle qui se presse chez Hache il n’est pas le seul ! En général le sexe humilie la pensée, et inversement. Incongruité réciproque ! Il revoit par exemple l’érection solitaire d’un cheval, l’éclat luisant de cette colonne qui se dépliait par étages dans l’ombre d’un box, patte entravant les pattes, qui n’était pas faite pour la marche et gênait l’animal, frémissant et gauche, dont la crinière implorait une douceur refusée. En nous aussi il y a cette colonne plantée de travers, qui tire et malmène ; et d’autre part les mots qui nous tordent la bouche comme au cheval le mors, difficile de les concilier, comment marcher droit entre ces deux forces ?

Dans les jardins du Luxembourg, au pied des reines de pierre dressées sous les grands marronniers défaits, Pierre n’en finit pas de tourner et de piétiner dans ses songes, bogues, pistes brouillées, flammèches. Chaque passage à Paris retend cette contradiction mal résolue entre sa disponibilité érotique et son désir d’accomplissement intellectuel. Avec au beau milieu ce trou nouveau autant qu’incompréhensible, la disparition de sa mère. Les réflexions l’assaillent, brins d’une corde rebelle à la tresse, Hache pourrait-il l’aider dans cette circonstance ? Oui, d’une certaine manière il n’arrête pas de lui parler. Une image revient précisément sous ces arbres, un souvenir de chasse mais aussi de blouses blanches, médicales ? Evocation plutôt des battues de Sologne où son père tirait le faisan avec des confrères, tandis que Pierre jouait au rabatteur, il l’a déjà raconté au rat, « Nous sommes ici vous et moi comme ces hommes à grosse voix, vêtus de blanc et frappant du gourdin, ils tapent le sol de leurs galoches et poussent des cris d’oiseaux, frou frou… attention là-devant… hop hop flac tchac ! On croit qu’ils font ou disent n’importent quoi, ils laissent entre eux fuir un gibier secondaire mais la grosse pièce, le but de la chasse les attend au centre du terrain, dont ces manœuvres désordonnées les rapprochent ». Ce qu’il n’a pas dit ce jour-là, c’est que son souvenir venait d’être ravivé par un film, La Règle du jeu de Renoir, mais de quel jeu parle-t-il, la chasse à quoi ? Pierre tourne sur lui-même dans un grand froissement de feuilles. Là-haut le dominant de sa tête altière aux yeux gris, la reine de pierre.

Il a fait plusieurs fois le tour du grand bassin, si calme à présent. A dix heures du matin, il ne sait encore où se diriger. Si Pierre avait fait sérieusement carrière, il aurait pu entretenir ici certaines relations, elles lui étaient acquises au sortir des concours, comme tout cela a vite passé ! Il a retenu de ses études des idées, des réflexes intellectuels sans que ceux-ci modifient la mémoire profonde, il s’en aperçoit aujourd’hui. Malgré ses grands airs nonchalants ou vivace, et ses enjambées, lui adhère là où d’autres passent, il juge – et se croit jugé. Misanthrope au fond ? Il a déserté le courant, son nid était déjà fait du côté de la ténèbre odorante des granges, des sapins au pied des volcans. Il souffre d’un manque évident d’ambition, trop occupé aux arrières, en amont, trop rétrospectif. Est-il sorti de l’adolescence, y est-il seulement entré ? Il n’a pas accepté ses parents, il en est encore à vouloir les refaire, en changer. Maudite mission ! Et belle sottise.

 

*

 

S’il veut atteindre Blégis avant le dîner, c’est assez traîner à Paris, le temps a brutalement tourné et la pluie dégouline en longues balafres aux vitres du wagon. Que marcher dans ses propres pas est décidément étrange ! Pierre voit défiler les gares qui lui rappellent ses week-ends d’étudiant, une époque de chasteté absolue et de grandes espérances.

Depuis la gare de Blégis jusqu’à l’ancienne maison qu’il a décidé de revoir, il faut compter une demi-heure sans se presser à travers la ville. Dans la nuit, chaque carrefour offre la tentation de ses variantes et les rues se rechargent de fantômes familiers. S’il quittait l’artère principale de l’avenue Gambetta qui descend de la place de la gare (on a dû l’élargir au détriment de ses beaux arbres) pour bifurquer à gauche, il atteindrait la place du manège (encombrante bâtisse qu’on a rasée pour en faire un square), derrière laquelle se trouve l’ancien local des scouts. Ces petites rues pavillonnaires baignent toujours dans l’odeur des laboratoires galéniques, écoeurante à beaucoup mais inoubliablement liée à la répétition des grands jeux et aux préparatifs des camps. S’il tourne à droite en revanche, le voici sur l’esplanade du Pré des Bons Enfants où ses grands-parents avaient leur appartement, non loin du cinéma-théâtre où Serge a commencé très jeune sa carrière, Le Mogador (désormais loti en cinq petites salles). Les frères ont connu ce « pré » planté de hauts platanes sous lesquels stationnaient les gitans, et surtout les cirques, dont ils suivaient l’installation et le battage publicitaire avec avidité depuis le balcon du premier étage. La foire de printemps, dix jours durant, offrait également un spectacle inappréciable que le vacarme ne gâtait pas, équipés des jumelles de Pépé ils se moquaient bien des palissades ! Ce terre-plein féerique qui leur servait ordinairement de vélodrome est aujourd’hui transformé en parking traversé d’une rocade, au pied de la tour de quinze étages baptisée Cité administrative. En prolongeant l’axe de l’avenue Gambetta par la rue Saint-Gervais, il dépasse à l’angle de la pittoresque rue des Cloches (échoppes d’artisans, laitier, cordonnier et mercerie de Mademoiselle Georgette) la pharmacie où travailla sa mère (beau jardin) pour atteindre la Vesne qu’il traverse par un premier pont, en négligeant à main gauche la caisse, fermée à cette heure, du bouquiniste qui l’y laissa feuilleter des liasses de bandes dessinées et plus d’une revue légère. Le voici dans la vieille ville, fréquentée surtout de sa mère pour son marché à l’animation grouillante, où il l’accompagnait en portant les paniers (les mercredi et samedi matins, au pied de la Poste principale de brique rouge). A gauche dans la rue de la Poste, le magasin de sport Fleury, fournisseur des scouts, a dû reculer sa façade pour obéir à l’alignement. Si Pierre poursuivait d’ici, par la caserne des pompiers, l’ancienne perception transformée en M.J.C. et le collège d’enseignement technique Vaucanson en direction de la pointe ouest (panorama), il atteindrait un parc triangulaire précédant un quai planté de tilleuls s’abaissant par degrés jusqu’à la confluence des eaux. Il ne se rend jamais sans trouble jusqu’à ce mystérieux finistère, désert de pierres et d’eau où reniflent les remorqueurs et le mufle bas des péniches. Eviter de s’y rendre la nuit. Pour regagner la rue de la Poste, on peut prendre par le beau jardin botanique. La partie orientale de la vieille ville, au-delà de l’imposante église Sainte-Eulalie, ne se visite pas, n’étant occupée que par la Maison centrale aux hautes murailles aveugles, espace tabou où les enfants ne se risquent jamais.

Pierre a déjà laissé derrière lui les maisons de ses camarades Houdin, Peuchot, Rougé et Vernin (où peuvent-ils bien être ce soir ?) quand il repasse le pont à partir du marché. Cet affluent au cours très calme, le Salmont, est habituellement fréquenté par des pêcheurs auxquels il s’est plus d’une fois mêlé ; on trouve surtout ceux-ci à la sortie du collecteur d’égouts. Ce pont une fois franchi, et par le vis-à-vis de deux banques monumentales, la Société lyonnaise et la Société générale, on s’engage dans la montante rue Saint-Pancrasse. Ici s’ouvre véritablement le domaine de leur maison dont les influx descendent jusqu’à ce quai, tandis que le rayonnement de ses grands-parents dans le quartier sud, plus large mais moins dense, couvrirait une zone comprise entre le magasin Fleury ou l’église Sainte-Eulalie et la gare, le cœur de la ville, marché, poste et cinéma Rex échappant à l’une et l’autre influences.

Tout de suite à main droite après la Société lyonnaise, Pierre vérifie la permanence du disquaire chez lequel il acquit ses premiers microsillons (Tchaïchovsky, Gilbert Bécaud puis rapidement Jacques Brel), et presque en face celle de la boulangerie Garance, où ils n’achetaient pas le pain mais la traditionnelle bûche de Noël, et de délicieux petits fours (craquelins au cassis, café et framboise). En remontant la rue, chaque boutique ajoute désormais sa touche ou son timbre singulier aux sonnailles tumultueuse du souvenir, comment les détailler toutes ? C’est un flot qui monte à chaque pas, soulève Pierre et l’entraîne crescendo dans un carillon d’images poignantes, une sarabande de masques souriants et de voix abolies, un colin-maillard à l’envers où il reverrait tout sans rien pouvoir toucher. Voici l’église Saint-Pancrasse, avec sa flèche toujours brisée témoin des bombardements de guerre et son médaillon à l’effigie du saint ; une rivalité traditionnelle opposait les deux paroisses qui se partagent la ville, mais Pierrot surmontait impartialement leur discorde en étant scout à Sainte-Eulalie du côté de sa grand-mère, et à Saint-Pancrasse enfant de chœur. Voici, tassées contre la nef massive qui semble les couver, la chemiserie-chapellerie de Maurice Afflelou, le parrain de Christophe, les pâtisseries Beaugosier et Astier qui se disputaient leurs sorties de messe – face-à-face légendaire ! –, la librairie Mersenne que doit tenir maintenant Michèle, son ancienne camarade de seconde aux jupes étourdissantes dévoilant ses porte-jarretelles, a-t-elle toujours ses lèvres peintes ? Voici les tissus Esprit, et l’armurerie Pléau qui vend aussi des feux d’artifice où l’incendie un jour s’est déclaré. En empruntant la ruelle étroite qui passe sous les rinceaux gothiques de la sacristie, Pierre débouche dans la rue de la Contrescarpe, où il s’assure que L’Aubade propose toujours ses jouets, ses instruments et partitions de musique, ses pétards aussi et ses boules puantes. Plusieurs boutiques par contre ont disparu, ou mué au-delà du raisonnable, une agence immobilière à la place de la poissonnerie ! ou une succursale du Bazar de l’Hôtel-de-Ville là où trônait le vieux Père Corentin… C’est la réfutation du défi que Pirandello met dans la bouche du magicien Cotrone, Si nous avons été une fois enfants, ne pouvons-nous l’être toujours ? Hélas non puisque la carte de nos jeux, le territoire de nos terreurs et de nos émerveillements blanchissent et ne se reconnaissent plus. S’il retrouve bien la laiterie qui fait face à L’Aubade, jamais plus sa mère ne l’y enverra emplir le bidon de deux litres qu’un jour il a renversé en trébuchant sur les marches du seuil, d’ailleurs le lait aujourd’hui stérilisé à haute température s’achète dans les grandes surfaces par kilos de carton.

Pour gagner d’ici leur maison, Pierre a le choix entre la route la plus directe, comprenant le magasin de chaussures A la Grande Botte, la boulangerie Marceau, le fleuriste Lagneau et la minuscule rue des Armures, ou bien le détour assez considérable de la place La Fayette (majestueuse fontaine illuminée et studio photographique de leur ami Béart qui fut son parrain de confirmation), ou encore emprunter entre ces deux itinéraires celui des jardins de l’Hôtel-de-Ville (statue allégorique du Commerce repoussant la Guerre, ruines et beaux arbres), chemin plus romantique mais qui se révèle fermé la nuit. Tous convergent sur une placette triangulaire appendue à la rue du Miroir, où domine la haute falaise grise et dorénavant muette.

La plaque a été dévissée. L’éclairage municipal ici accroché par des câbles que le vent balance furieusement  arrache et rejette à l’ombre la maison, dont la façade fasseye comme un foc dans la tourmente. Se pourrait-il vraiment qu’elle soit couchée derrière ces murs ? Pierre songe à Chéops, aux ruses des pharaons qui déguisaient leurs sépultures pour les soustraire à la profanation. Il songe au beau jardin dont on ne peut d’ici rien deviner. Eux les enfants y avaient leurs concessions potagères, qui servirent aussi de cimetière à leurs chats, et à deux lapins. C’étaient des rectangles soigneusement mesurés, le long de l’allée où leur mère étendait son linge. Là, sous les lessives multicolores, ils s’acharnaient à produire des tomates, des fraises ou des iris qu’il fallait protéger contre le froid, les limaces, les incursions pillardes et les mauvaises herbes. Cette longue bande de terre qui fut vraiment leur domaine, perpendiculaire au jardin principal, n’avait pas toujours été cultivée. A leur arrivée dans la maison, en 1947, et jusqu’au milieu des années cinquante, c’était une forêt de saules, noisetiers, ronces, orties et détritus divers où se frayer un passage représentait entre frères le plus grand défi. Au fond du peu pénétrable boyau vivait un peuple effrayant dans ses cabanes moussues, vieilles sorcières, clochards goîtreux ou qu’ils entrevoyaient tels, et toujours de dos. De face, ces cabanes donnaient sur une étroite ruelle directement abouchée à la grande artère qui mène au lycée, mais comment l’auraient-ils deviné ? Longtemps ce cul-de-sac végétal, où végétait en effet une humanité difforme et légendaire, fut leur bout du monde, aussi reculé que les hautes vallées de la Chine ou les sources du Nil. Inversement il arriva que cet éden équivoque où ils jouaient les trappeurs fût parcouru en sens inverse par un de ses riverains, et ils virent plusieurs fois une silhouette d’homme massive et ténébreuse frôler la lisière des sureaux, écrasant les branches et marmonnant dans leur direction quelques imprécations. Ces incursions de l’inconnu aux frontières laissaient les trois frères pantelants de curiosité et de peur. Aujourd’hui ces Orénoques ou ces Amazonies récupérés par la mitoyenne Chambre de Commerce sont devenus parking ; et là où ils enfouissaient leurs larves et entretenaient l’enclos sacré de leurs tombes, une clientèle en costume trois-pièces, aux gestes précis et froids, vient laver ses voitures.

 

*

 

Qu’est-ce qui m’arrive, est-ce que je vais passer la nuit arrimé à ce môle de hantises, planté à ce carrefour des questions sans réponses ? D’ici à leur nouvelle maison, il faut à pied une quinzaine de minutes, excellent exercice quotidien pour le père, qui a déplacé au coin de la rue son cabinet.

Ils l’attendaient pour se mettre à table. Serge est retenu en tournée du côté de Strasbourg mais Elisabeth est là avec son fils Olivier, et il y a aussi pour le week-end Christophe, qui s’est libéré en laissant Jeanne à la ferme. Il a fait la route en voiture avec sa chienne, en apportant pour le jardin quelques plants. Le décor de cette maison, où Pierre n’est venu que deux fois, n’inspire pas d’émotions particulières, seulement la surprise d’y retrouver certains meubles dépaysés, « Tiens c’est ici que tu as casé la crédence, et cette horloge vous avez eu raison, c’était vraiment sa place… ». On se regroupe autour du feu, la cheminée tire bien et avec ce temps c’est tout-à-fait ce qu’il fallait tu ne trouves pas ? Ils commencent par un rituel blanc-cassis, et comme Papa semble content d’avoir ses enfants on continue au Morgon. Il a toujours su choisir ses vins, et sa cave l’a suivi. Ce n’est pas parce que votre mère n’est pas là qu’on va se refuser ça, là-dessus on est bien d’accord. Pierre leur raconte quelques péripéties du voyage au Sri Lanka où ils se sont rendus en famille l’été dernier, et fait circuler des photos qui excitent Christophe, car l’agriculteur ne sort guère, mais son père n’y jette qu’un regard poli. Ce qui l’intéresse lui, c’est son dernier pèlerinage de Lourdes et les anecdotes de l’Hospitalité, le nom de Macha Guénégaud revient plusieurs fois, les frères et la filleule se regardent, quelques anges passent.

« Et cette lettre de Maman qu’on n’a jamais vue, est-ce qu’on pourrait en profiter pour…? » Pas question, d’ailleurs elle est trop précieuse, son dernier message souligne-t-il avec emphase, bref il l’a mise au coffre. L’autre, celui de la banque. Ce qui le tracasse puisqu’on est là, c’est l’organisation de la fête de Noël. « Comment, sans Maman, mais c’est impensable voyons, tu imagines l’ambiance ? – Au contraire, d’ailleurs ça la fera peut-être revenir. Et puis, je ne vois pas pourquoi vous priveriez de ça les enfants… Enfin, on a encore un mois pour y réfléchir, mais j’ai besoin de savoir, au sujet des cadeaux ». La salle à manger devenait de plus en plus sombre depuis que le feu baissait, la conversation languissait. Ils se sont levés pour aller dormir en partageant les chambres, Pierre prendrait bien l’annexe mais Elisabeth s’oppose farouchement à ce que Toune, le terre-neuve de Christophe, pénètre dans la maison principale, c’est curieux comme elle a repris le rôle de Maman !  Donc Christophe et sa chienne dans la chambre de l’annexe (on ferait bien d’y envoyer la femme de ménage pour aérer et déballer toutes ces caisses, ça pue la bête crevée là-dedans), et Pierre dans la grande chambre d’hôte du premier, Elisabeth et le petit Olivier s’arrangeant des deux divans de la bibliothèque et de la soupente attenante.

Le lendemain dimanche, tout a continué très calmement ; Jean-Louis s’occupant du jardin, Pierre en a profité pour ramasser les feuilles. Ç’avait été la dernière activité de Maman, il s’efforce, refaisant ses gestes, de voir la situation par ses yeux. Sa grand-mère l’attend pour le déjeuner, Elisabeth va l’y conduire et viendra le reprendre en fin d’après-midi. Il quitte son père en lui recommandant à nouveau de faire draguer sous les berges, le long de la route du Vesnil, et de fouiller d’urgence la rue du Miroir. Mais la police prétend qu’aucune voiture ne peut disparaître autour de Blégis dans un rayon de trente kilomètres sans être aussitôt repérée, quant à l’ancienne maison on lui a mis depuis six mois les scellés, alors ? Si Pierre venait ici pour enquêter, le bilan est plutôt négatif.

 

*

 

On passe à table à midi pile au Home, et le menu du dimanche est amélioré. Pierre soutenant sa grand-mère fait une entrée remarquée dans la vaste salle à manger à la cheminée monumentale, où le parquet ciré craque sous chaque pas ; autour d’eux, rien que des vieillards, le ciel le préserve de jamais échouer dans un endroit pareil ! Oui, c’est ce que chacun se promet, mais choisit-on au bout du compte ? Pierre vérifie en promenant son regard à quel point les convives qui les entourent, et pour quelques-uns les saluent, s’accrochent à la vie, à n’importe quelle forme prise par la vie puisque c’est la leur. Marie-Louise l’impressionne par sa dignité, elle sait qu’un jour elle ne pourra plus descendre prendre ses repas dans ce décor solennel, qu’elle regrettera là-haut depuis son fauteuil, entre les deux fenêtres, puis le fauteuil lui sera à son tour interdit, et de son lit… Ça jamais, plutôt se crever sans attendre, allez hop ! songe Pierre juvénilement.

Eh bien non. Il paraît que la mort ici se mérite, et elle se fait drôlement attendre, la rusée. Comme elle est taquine, autant qu’artiste à ses moments perdus, elle fignole quelques portraits par-ci par-là où elle griffonne sa signature, à ce vieux elle a décroché la mâchoire, qui pend salement, à celle-ci elle a emporté les cheveux, plus mèche ! Une autre, elle lui a soufflé dans les yeux, éteints. Et les joues, des oreilles à la bouche, c’est sa spécialité, tout en plissé, du cousu main. Les cous, les muscles des bras tombent en guirlandes de Noël. Les dents n’en parlons pas, depuis beau temps elle a tout raflé. Pour Malou elle n’a pas encore vraiment décidé. L’espièglerie consiste à donner des raisons d’espérer. « Et toi aussi mon petit, tu crois qu’elle voyage ? » Pierre ne sait quelle réponse faire, horrible dans les deux cas.

Dans sa belle chambre du premier étage, la meilleure de l’établissement paraît-il, d’où l’on voit couler le fleuve au-delà du parc où les feuilles achèvent de se détacher, ils vont préparer le thé et le boire « bien sucré ». Face au lit étroit dont l’extrémité se relève sous les pieds, Pierre comprend quelle douleur c’est de dormir seul quand on a été deux, ce manque atroce de caresses à l’âge où l’on dépend tellement, à nouveau, d’enveloppes et de protections. Oui, Malou survit ici abandonnée, tout est plainte retenue en elle sous son port de tête majestueux ; et les meubles auxquels elle se heurte dans sa marche handicapée, gorgés de souvenirs, lui renvoient cruellement l’écho de ce qui fut. René dans son petit cadre sur le coin avant droit du sévère bureau-ministre n’en sortira plus pour s’asseoir entre les tiroirs, tripoter les règles mêlées aux buvards et tailler ses crayons ; et ses propres parents, sanglés de gros drap et de linge écru ? L’ancien murmure qu’elle seule peut déchiffrer sur leurs lèvres ne franchit pas le mur de verre. Malou vit retirée dans un monde embaumé, aux vitres refermées sur les armoires de la mémoire, aux portes calfeutrées, où l’on a même condamné la cheminée sous le faux mouvement de la pendule au cœur d’acier visible sous son globe, aiguilles immobilisées. René, cela va faire huit ans ! Combien d’années encore devra-t-elle lui survivre dans ce décor absurde et charmant que les pensionnaires lui envient ?

Amours cordons ficelles serrées, Pierre aime beaucoup le dernier disque de Souchon… Tous deux maintenant regardent les photographies, c’est devenu un rite dont il ne se lasse pas, ouvrir chez sa grand-mère ce gros cube de merisier sombre où sont classés, sous des enveloppes de taille et de couleurs variées, un millier peut-être de petits rectangles de papier-miroir. Par quelque bout qu’on prenne cette collection, on ne risque pas de jamais l’épuiser tant les précisions qu’appelle chaque image sont elles-mêmes tâtonnantes, ou sujettes à d’infinis développements. « Et cette dame-ci avec son grand chapeau, je ne reconnais pas ta sœur Jeanne… – Non voyons, c’est Maman avant son mariage, elle habitait déjà Fontainebleau ». Pierre examine les vues du château, où son arrière-grand-père exerça les fonctions de gardien-chef en logeant avec sa famille dans cette aile, à droite, ce qui permit à Yvette, âgée d’un an, de passer une nuit dans le berceau ou la bercelonnette du Roi de Rome qu’on voit trôner dans les pièces d’apparat, quelle fierté pour Marie-Louise ! Voici René, sous-officier du génie à Verdun, où il pose calmement entre les bras d’une brouette ; qu’il ait pu traverser cette guerre sans une égratignure n’améliora pas les rapports qu’il eut par la suite avec Marcel Argimbault, le père de son gendre. Le revoici avant la guerre à Juan-les-Pins, et en Egypte, au temps où il servait de secrétaire particulier à Singer, l’héritier des machines à coudre et l’amant de la belle Isadora. Les démêlés de Pépé, esprit tranquillement positif, le seul de la famille à être athée par exemple, avec Raymond Duncan et sa tribu en péplum qu’Isadora traînait partout derrière elle, le faisaient encore rire aux larmes à cinquante années de distance, « Singer ne pouvait rien leur dire tu comprends, c’était à moi d’écarter ces bonzes-là quand ils s’attachaient un peu trop aux machines à coudre ! ». Voici Yvette dans le jardin d’Uzerche, au début de la guerre semble-t-il, elle soutient par les oreilles un lapin. Pour ces lapins René, qui était devenu entrepreneur en maçonnerie, imagina de fabriquer durant les années noires des clapiers de béton qu’il vendit par dizaines, « comme ça vois-tu, les gens pouvaient se lancer eux-mêmes dans l’élevage, même dans leur appartement de Clermont ». Les lapins épargnèrent donc à la famille des restrictions trop sévères, et Pierre en profita, il était paraît-il un bébé si gros, si joufflu au sortir de la guerre que sa mère essuyait dans le tram des remarques cruelles, « En voilà un au moins qui n’a manqué de rien ! », lançaient les gens avec aigreur. Ce joufflu bien en chair, Pierre le retrouve ici naturellement où il a son enveloppe avec d’autres, mais il lui est incompréhensible. Voici ses parents souriants sur la terrasse d’un immeuble le jour de leurs fiançailles, 1942 donc, ses grands-parents ne s’opposaient plus à leur union. Maman en mariée – quelle allure, un peu guindée tout de même ! Que ne donnerait Pierre pour le contenu de cette pauvre caisse, toutes les images du monde aujourd’hui l’indiffèrent auprès de celles-ci.

Babeth est arrivée, ils referment la boîte, déjà ! Il est cinq heures et elle doit rentrer à Blégis où elle déposera Pierre à la gare sans repasser chez Bon-Papa. Malou semble détendue, heureuse de ces bons moments qui lui ont permis… C’est alors que le téléphone a sonné.

 

 

3 réponses à “L’Inensevelie, suite (chap. V)”

  1. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    … Et alors ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Non Cécile, vous ne connaîtrez pas avant mercredi la suite de cette pénible histoire…

  2. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Nous sommes mercredi. Si. … Si, j’insiste. Oui, je serai le 4 février pour la table ronde avec les contributeur de Médium 46-47. Et j’aurai lu les feuillets du Con d’Irène.
    J’ai te tenté la lecture « d’un paysan à Paris ». Mais le texte en Pléiade est inconfortable à ma lecture trop feignante.

    Lu avec plaisir quelques vers sur Paris, trop vite perdus dans le dédale des mots …

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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