Le sot métier d’écrire

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Je me pose bien des questions depuis que jai reçu le montant des droits d’auteur de mon livre Génération Woody, mis en librairie voici un an : 745 exemplaires vendus, qui rapportent 650 € en attente de virement une fois tous les décomptes d’usage effectués (exemplaires salis, pilonnés)… Et je croyais le tirage initial plus important : limité à mille, il laisse moins de deux-cents exemplaires en stock, pas de quoi faire beaucoup de réassorts quand le dernier film tourné par Woody Allen, en français et à Paris, sortira sur les écrans et qu’on parlera à nouveau de cet immense artiste ; ou quand inévitablement son auteur, âgé de quatre-vingt six ans, quittera définitivement la scène.

Je trouve humiliant de publier dans de pareilles  conditions. Humiliants, aussitôt l’ouvrage rédigé, les refus des éditeurs qui repoussent même d’examiner : les livres de cinéma ne se vendent pas, point barre. Révoltant le soupçon de pédophilie (d’inceste, ou de child abuse) qui continue de poursuivre Woody et d’empoisonner sa fin de vie.  J’ai beau argumenter contre cette calomnie dans mon livre, consacrer une vingtaine de pages à la réfutation de cette rumeur, rien n’y fait auprès de certains, « il n’y a pas de fumée sans feu », etc. Et mon livre devient de fait suspect aux yeux de pointilleuses (et pointilleux) néo-féministes, pressés d’amalgamer Woody Allen à Weinstein, à Polanski sans plus examiner l’histoire et les faits.

Mon livre n’était pas d’abord destiné à tordre le cou à cette rumeur, mais à rendre compte de films majeurs (j’en détaille dix-huit sur la cinquantaine tournés par Woody), je l’ai conçu comme un exercice d’admiration, ou de cinéphilie. Mais la cinéphilie intéresse peu, les films se regardent désormais chacun pour soi, on ne s’attroupe pas au sortir de la salle pour en parler ; et la désuète formule du cinéclub où l’on présente l’œuvre, suivie d’une discussion après la projection, ne fait plus guère recette. Entre la parole critique, la réflexion esthétique et morale et l’expérience des écrans, les ponts semblent coupés – quelle perte de culture ! Le débat serait-il mort ? On ne communique plus autour des œuvres, elles ne sont plus, selon le mot de Kant, « promesse de communauté ».

Quelques exceptions ont pu, passagèrement, me rassurer : deux débats  à Grenoble et Villars-de-Lans programmés à la Société alpine de philosophie par mon amie Anne Eyssidieux ; une soirée Manhattan proposée au Méliès de Grenoble par Bruno Thivillier, que j’animais ; une autre à l’Institut Lumière de Lyon à l’invitation de Thierry Frémaux, allenien convaincu, au cours de laquelle nous avons largement commenté cette œuvre et vu Tout le monde dit ‘I love you’ devant une salle comble (où l’ouvrage s’est très bien vendu). Une troisème soirée de ce genre est programmée à Trouville par Sandra Joxe, le 24 novembre, et c’est tout.

Le service de presse d’un pareil ouvrage est une autre source d’avanies ou d’accablement : la plupart des exemplaires expédiés n’arrivent (inexplicablement) pas à destination, il faut refaire l’envoi deux, trois fois, et le journaliste moyen ne s’embarrasse pas de vous en accuser réception : il est par définition débordé, sollicité de partout. De quels comptes-rendus ai-je bénéficié ? Ils se comptent sur les doigts d’une main, un bon papier à Positif (merci Jean-Philippe Domecq), une mention retentissante à la fin du Masque et la plume où un Michel Ciment enthousiaste a claironné le titre de mon livre, repris par Sophie Avon ; un court mais vibrant papier de François Forestier dans L’Obs,  une chronique à France inter de Laurent Delmas, et c’est tout pour soixante-dix SP, rien au Monde, à La Croix, à Libération, à Télérama, à  Marianne, à France culture, pour ne rien dire de la PQR, le « sujet » serait-il trop sensible ?

745, je rumine ce chiffre comme un cuisant échec. Mais on me dit que c’est dans l’ordre, que mes curiosités ou mon écriture ne sont pas tendance, que ceux, très nombreux, qui rient et applaudissent à Woody se passent bien de mes « analyses », à quoi bon chercher des mots, ou prétendre en matière de goût à un peu d’exactitude ? La critique est devenue suspecte (et les commentateurs patentés des pages littéraires de nos journaux ont perdu en influence), celui qui « like » ou qui déteste ne s’embarrasse pas d’argumenter, il aligne quelques emoticons… Quelle prétention d’écrire, ou de creuser plus avant !

L’indifférence qui frappe Génération Woody ne m’encourage pas à mettre un autre livre en chantier. Je caressais deux projets, un ouvrage sur les chansons de Leonard Cohen, rédigé environ au tiers et dont les lecteurs de ce blog ont pu déjà se faire une idée (cela pourrait s’appeler Dieu, les femmes et Leonard Cohen) ; un autre projet plus ancien sur Le duel Breton-Aragon, mais Odile est formelle, où vas-tu déterrer de pareilles vieilleries, qui s’intéresse aujourd’hui à ça ?

C’est vrai, notre époque liquide, elle passe en haussant les épaules. Si je mets pourtant Une Vague de rêve en regard du Manifeste du surréalisme (deux textes de septembre-octobre 1924), si je regarde certaines photos prises par Man Ray, si je reprends les lettres si touchantes expédiées par Aragon à Breton de 1918 à 1932, je me dis que tout ça avait de la gueule ! Et que nous sommes en matière de style, d’exigence esthétique et morale, de débat, tombés bien bas… Mais qui lirait un pareil livre ? Hors de ton petit cercle de l’ITEM (me murmure Odile à l’oreille), rigoureusement personne.

Et d’ajouter que je passse trop de temps sur l’ordinateur, qu’au-dehors attend la vraie vie ! Qui n’est pas éternelle. Au lieu de cheminer dans ta forêt obscure (où je peine à te suivre), viens faire une petite marche, un week-end à vélo, quel sot projet d’écrire, à qui et pour quel profit ?

C’est vrai, à quel moment, comment s’est implanté en moi ce projet ou cette évidence de devoir noircir du papier (ou par encre numérique cet écran) pour justifier mon existence, ou comme chante à peu près Cohen payer ma rente dans la tour des chansons, d’où j’entends quelque part aux étages supérieurs tousser les auteurs que j’aime ? Ce goût d’écrire est-il jamais payé de retour ? Un autre motif de déception, avec mon dernier livre, fut la non-réaction de son sujet : Woody Allen se trouvait à Paris en septembre pour y tourner (en français, langue qu’il parle assez mal) ce qui serait son dernier film, je dénichais donc le nom de son hôtel et portais plein d’espoir au Bristol, rue du Faubourg Saint-Honoré, mon ouvrage avec lettre et dédicace – mais hélas, au lieu de m’inviter à dîner, ou sur son plateau de tournage, no reply ! Quelques semaines plus tard, sa sœur Letty Aronson m’informa d’un mail laconique que « Monsieur Allen avait bien reçu mon livre et m’en remerciait »… En 1972, Aragon s’était montré tellement plus chaleureux en réponse à mon premier envoi !

Oui, pourquoi ne pas sortir au grand air, arpenter les clairières de la vie ou respirer celle-ci à pleins poumons ? Je sais que ce blog, intitulé par compromis « Le Randonneur », constitue une voie viable : étant mon propre éditeur, je n’ai pas à affronter les rebuffades des autres ; j’y choisis mes sujets « à sauts et à gambades », au fil des rencontres, et leur traitement n’est jamais très long ; il n’y a pas de droits d’auteur mais le taux de fréquentation y est honorable, cent-cinquante visites par jour en moyenne, une « lecture » ou un intérêt très supérieurs à l’accueil d’un livre. Donc, poursuivons le combat sur ce blog ? Hélas, La Croix m’informe qu’ils vont bientôt fermer leur hébergement, et qu’il me faut dès maintenant chercher un autre « parrain »…           

31 réponses à “Le sot métier d’écrire”

  1. Avatar de Jean Claude
    Jean Claude

    Cher Daniel, quel désarroi face à la désaffection des éditeurs comme du marché de la critique d’art !

    Le numérique domine-t’il le taux de lecture ? C’est une question sans réponse fiable, car qu’est ce lire sur un écran ou un papier, et comment le mesurer ? Un éditeur m’avait fait remarqué qu’en moyenne, un livre « technique » , mon domaine, bien éloigné de la littérature est abandonné à son triste sort après la dixième page. En numérique, que signifie le nombre de « vu » ? La blogosphère va disparaître à son tour. Les articles c’est trop long à intégrer. La dictature des agendas (Vers une société des agendas, une mutation des temporalités de Jean-Pierre Boutinet PUF 2004) sévis toujours autant que durant mes dernières années professionnelles (2000 – 2010). En Californie, les étudiants en littérature (équivalent master) ne lisent plus de romans mais des nouvelles….(Cf Katherine Hayles).

    Quelques remarques quantitatives

    J’écris depuis 2013 régulièrement dans des blog personnels gratuits (WordPress) ou dans EchoScience Grenoble. Quelques chiffres de « lu » dans WordPress 2500 vus et 1500 visiteurs par an. Dans EchoScience chaque article est « vu » entre 1000 et 3000 fois dans la durée (depuis 2015). Quelques rares vidéos techniques sur YouTube atteignent autour de 300 « vues ». A comparer avec mes 1000 à 2000 ventes de mes 3 livres vendus depuis 2007.

    Quelques réflexions sur ma propre démarche d’écriture.
    J’écris un à deux livres par an en autoédition (Lulu.com) pour le plaisir d’écrire et comme « cadeaux » de famille, enfants et petits enfants. J’en donne parfois aux amis. Ce sont souvent des compilations ou aménagements de mes articles. Le livre est devenue pour moi un arrêt photographique sur le cheminement de mes pensées. Il m’arrive d’écrire un livre pour une personne, un ami ou un de mes petits enfants . L’auto édition permet cela à des prix dérisoires (5€ en N&B, 20€ en couleur!).

    Une exception cet hiver. Mon éditeur Afnor m’a demandé de republier un livre 15 ans après la première édition. J’ai décidé de ne rien changer à la première édition, de la couper en deux et ainsi d’ajouter un troisième tome de 200 pages qui contient un assemblage de mes différents articles blog. Cela m’a pris à mi temps quelques semaines. J’ai refusé toute action de promotion car je n’ai aucune attente commerciale. Je préfère randonner à pieds, à vélo ou en ski ! J’ai reçu 15 exemplaires de chaque tome et le troisième devrait arriver avant la fin juillet.

    J’ai pu ainsi « financer » mon projet local de façon gratuite en donnant un exemplaire aux différents membres de la petite équipe que j’anime pour un « laboratoire des imaginaires » qui va proposer des évènements dans ce petit village de 500 âmes. C’est un mix de « éducation populaire », Rencontres-i de Antoine Conjard et des Rencontres Philosophiques de Uriage ….

    Si cela te tente, je pourrais t’en faire parvenir un exemplaire de chaque (dès la réception du dernier!) Le titre aurai du être « Vivre le changement permanent » mais là je n’ai pas pu négocier et c’est devenu « Conduire le changement permanent ». Quelques chapitres sont en liens avec certains articles du blog le Randonneur et pourraient être mi en discussion ici

    Dans notre monde actuel, il n’y a jamais eu autant de personnes qui écrivent. L’écriture s’est démocratisée. Il existe plus d’écrivains en herbes que de lecteurs. Et c’est une excellente chose avec une portée souvent thérapeutique ! Lire le no 49 des tracts Gallimard : « les linguistes atterrées : Le français va très bien, merci. »

    Bonne énergie à toi pour reprendre le goût d’écrire sans porter préjudice au cheminement en nature !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci de ce copieux et instructif commentaire cher Jean-Claude. Je prends connaissance avec intérêt des possibilités de l’auto-édition. Tu as raison, il est difficile de chiffrer le nombre de « vu », qui ne signifient pas du tout « lu » ! Un mystère planera toujours sur la réception de ce qu’on écrit… Et c’est un des thèmes de mon billet ; une des raisons aussi d’espérer, ou de poursuivre : même si on ne touche en plein mille qu’un esprit, c’est suffisant et cela justifie d’écrire quand même, n’est-ce pas ? Tout de même, quelle galère ! Je n’ai pas digéré la non-réaction de WA à mon livre, comme de la plupart des « critiques » patentés. Et comme tu le remarques aussi, la restriction générale de la lecture est alarmante ; mais il est vrai aussi que l’écriture se démocratise, avec notamment les nouvelle ressources de l’auto-édition ; ce qui ne met pas fin à la bagarre éditoriale, bien au contraire !

  2. Avatar de m
    m

    A Madame Odile

    Nom d’un petit bonhomme de chemin, et si c’était vous, Madame Odile, qui aviez raison sur toute la ligne !

    Quitter l’ordinateur et s’en aller de ce pas se rafraîchir les neurones, à vélo. Bonne idée, en effet!

    A des parsecs de votre monde, je n’écris pas dans ma nature et je suis d’accord avec vous, Mme Odile.

    Et pourtant, ne le dites pas, je vous prie, à Monsieur Daniel, mais parfois on a envie de mettre pied à terre.

    Quèsaco, gente dame? On rêve d’un lieu clos, d’une oasis où la caravane s’arrête, se débride et se repose.

    Oui, on a envie d’écrire, de se relier à l’autre, de communiquer, comme ils disent, nos intellectuels assis.

    Enfin, de se dire, de s’inter-dire des choses pour celer quelque chose…

    Pour parler des infrapsychistes du roman de Raymond qui met en scène Roland et Odile?

    Pourquoi pas, palsambleu, mais tout cela on le sait déjà !

    Ce jour ou cette nuit, dans l’intuition de l’instant, je voudrais dire à nos visiteurs inconnus de se référer, faute d’un livre du maître, au bel article : « Aragon / Breton : média contre médium » Onze pages dans le premier numéro de la revue « Médium » Automne 2004, où le flâneur est à la page et Aragon une fête.

    Je vous imagine faisant la moue, Mme Odile et, en votre for intérieur, me répliquer tout de go :

    « Complètement gaga, ce gars ou cette fille-là ! Nos lecteurs n’ont pas dans leurs chemises, la revue de Régis Debray et je n’en vois pas un seul demander à mon cher et tendre de lui en envoyer un exemplaire…Redescendez sur terre, chère personne inconnue, vous nous verrez mieux! »

    Et c’est bien là, le problème, chère Madame! Cent cinquante visiteurs par jour pour ce blogue de réelle qualité et trois ou quatre pèlerins qui réagissent, mais c’est une véritable catastrophe, un désastre !

    Et elles nous disent que « Le Français va très bien, merci  » ces linguistes atterrées qui mettent une majuscule à un nom commun (Tracts Gallimard – n° 49). J’imagine que ces bonnes femmes sont agrégées, docteur(es) d’État, selon leur écriture, habilitées à diriger des recherches, donc, comme l’écrit Régis Debray, page 58 de son dernier livre « Où de vivants piliers », aptes à faire accroire n’importe quoi au premier venu qui n’est pas de la boutique.

    Aussi demanderai-je à ces péronnelles qui se prennent pour des égéries, de lire attentivement la fin de cet ouvrage de Madame Clarisse Herrenschmidt, « Les trois écritures. Langue, nombre, code… « Tout simplement pour atterrir.

    Dans ses limbes incertains, il me semble ouïr feu Monsieur Serres qui m’avait, un jour, offert son livre « ATLAS », me susurrer à l’oreille ces mots de révolte, d’allégresse et d’enfance. Présence obombrante de nature à parrainer « ailleurs » la belle randonnée inachevée dont vous êtes, Madame Odile « la force et l’appui ». Quatre mots qui, dans leurs lettres permutées forment « le couple parfait », dit la belle anagramme.

    Entre la pluie et le beau temps, je vous laisse ensemble, à votre table d’existence, sur un chemin agreste continuer votre aventure qui pense et votre pensée qui s’aventure.

    Avec ma respectueuse amitié.

    m

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Quelle réplique, cher m, je vais la mettre sous les yeux d’Odile, qui n’a pas encore lu le billet principal.
      Merci pour votre assez merveilleuse anagramme (où les trouvez-vous ?), et pour cette mention d’un premier numéro de Médium que j’avais oublié – mais je vais retourner à ma collection, placée malheureusement à la cave. Profitez, en ce solstice de juin, d’une belle entrée dans l’été ! Ah oui, Queneau : je n’ai jamais lu son roman Odile, vous m’en donnez envie…

  3. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour Daniel !

    Bonjour Jean-Claude !

    Un billet se lit et se relit, sans doute. Et les commentaires aussi…

    Auprès de mon arbre…Vous connaissez le refrain de Georges Brassens et, peut-être, le chantez-vous sur vos chemins de randonnée…

    Aujourd’hui, en ce début de saison, je rouvre « L’air et les songes » de Gaston Bachelard pour retrouver l’arbre et le solstice :

    « La vie végétale, si elle est en nous, nous donne la tranquillité du rythme lent, son grand rythme tranquille. L’arbre est l’être du grand rythme, le véritable être du rythme annuel. C’est lui qui est le plus net, le plus exact, le plus sûr, le plus riche, le plus exubérant dans ses manifestations rythmiques. La végétation ne connaît pas de contradiction. Il vient des nuages pour contredire le soleil du solstice. Aucune tempête n’empêche l’arbre, à son heure, de devenir vert. »

    Sans oublier le livre du poète venu, un jour, à la maison, auteur de « Un été avec Bachelard ».

    Cet ami de Raymond Queneau, cite « Odile » dans son livre :

    « Le véritable inspiré n’est jamais inspiré : il l’est toujours; il ne cherche pas l’inspiration et ne s’irrite contre aucune technique. »

    Inspirés à leur manière, ils le sont, tous ces écrivains en herbe que nous connaissons dans notre entourage.

    Ils ne citent ni M.Merleau-Ponty ni G.Deleuze mais ils parlent de leur vie avec des mots simples, ils témoignent avec sincérité d’un parcours…Pour eux, les proches, les amis et quelques autres…Cette fraîcheur de lecture vaut bien un repas au restaurant « routier ».

    Bien sûr, cela ne se fait pas sans le relais commercial de la fonction éditoriale ! Mais c’est un choix et ils sont de plus en plus nombreux, ces braves gens « écrivains », bien endentés ou non, à vouloir sortir ce qu’ils appellent « leur enfant »…Pourquoi pas?

    J’ai souvenance d’une subvention du Conseil général qui m’a été accordée pour faire un livre sur une activité particulière de l’association dont je m’occupe. Les décennies sont passées et le bouquin n’a oncques vu le jour.

    Comment ne point penser, ici, à la parabole évangélique des talents (Matthieu, chapitre 25, 14 à 30) ?

    Et d’un sens entrevu qui bifurque que l’on n’entend pas en chaire ? On dira la chose « elliptique », chez les bonnes âmes de la république des bons sentiments, croyant, peut-être, que ce qui ne peut être dit avec rigueur n’existe pas.

    Brisons là.

    Ah! voir, toucher, entendre, sentir, goûter l’idole en vrai… L’attendre, fébrile à la sortie des artistes ou à la porte de son hôtel…Pourquoi pas?

    Le ciel ne saurait être vide et ceux qui en chassent Dieu s’exposent à des tyrannies pires, lit-on quelque part dans les Intrigues de « Génération Woody ».

    Et si en plus y’a personne, ajoutent en chœur, A Souchon et L.Voulzy !

    « Et si le ciel était vide… »Supposition faite, accourent incontinent Messieurs Enthoven et Perry-Salkow pour dire par leur jeu de lettres préféré (anagramme) que « Ta vie, elle est dite ici »

    Un courriel courtois et banal pour remercier l’auteur et puis circulez, y’a rien à voir !

    Décidément, la vraie vie est ailleurs où l’haptique à d’autres convenances, sans autographes et sans selfies.

    Bien cordialement

    Roxane

  4. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour!

    Il n’y a pas de sot métier dit l’adage populaire et votre hébergeur, cher maître, serait bien inspiré de réfléchir sa décision avant de vous mettre à la rue.

    On se comprend évidemment, notre estimé professeur honoraire tient la route et dans ce monde devenu stone, sa besace de « Thoreau marcheur » n’est pas vide pour autant. Le randonneur ne va pas se laisser mourir sur l’asphalte, palsambleu !

    Parrain, le dernier mot du dernier billet.

    On aimerait une pluie de commentaires « réagissant » pour honorer la bohème du blogueur et l’exhorter à aller plus loin… parrainer sur les fonts baptismaux de l’imaginaire, une éternelle enfance.

    Que sont nos J-F R, Cécile, Spartacus et autres arlequins, devenus?

    Il y a à peine un demi-siècle, « Valeurs actuelles » faisait l’apologie de la « praxis » des émigrés d’un continent de l’esprit.

    Aujourd’hui peut-être ou alors demain, ne pourrait-on pas couper l’herbe sous le pied des donneurs de leçons d’intelligence machinale, harangueurs des plateaux de télévision, incapables de tendre la perche à l’enfant qui se noie ?

    Laissons passer la caravane et les chiens aboyer…Alors, il n’est pas impossible, en quelque lieu, que le randonneur trouve sa place, stationne, se repose et rêve…

    Kalmia

  5. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire
    LE BEAU METIER D’ECRIRE.
    je découvre aujourd’hui – avec retard – ce blog et la déception de son auteur.
    Avoir vendu les 3/4 du tirage de son livre, Génération Woody, me semble plutôt un exploit. Les livres de psychanalyse rédigés par les meilleurs auteurs ne sont pas lus aujourd’hui à plus de 150 exemplaires. Et encore… Ils sont lus comme on lit aujourd’hui les mémoires des étudiants à l’Université : l’introduction, quelques pages au milieu et puis la conclusion. De quoi décourager d’écrire quoi que ce soit sur son expérience professionnelle ou sur la science… Aujourd’hui, les étudiants préfèrent lire quelques bons articles sur internet. Ça va plus vite et l’on peut faire un copié/collé.
    N’ayant pas publié sur Woody Allen ni rédigé de Somme théologique, je n’éprouve pas la tristesse et la déception de l’auteur de ce blog. En revanche j’éprouve un grand plaisir à l’idée de partager nos idées et d’apprendre du nouveau dans les colloques, comme dans toutes les rencontres que nous organisons autour des livres et des écrits. Le théâtre lui-même s’est emparé des oeuvres. Pensons à Sartre et à Camus et aux grandes mises en scène des oeuvres de Dostoievski. A Thierry Monnier mettant en scène à l’Odéon « La condition humaine » de Malraux. A Alain Cuny portant dans ses bras Cébes/Laurent Terzieff au début de « Tête d’or » de Claudel.  » Me voici, imbécile, ignorant, homme nouveau devant les choses inconnues… ». La magie du verbe opérait alors sur des centaines de lycéens en mal de découvertes, d’illusion lyrique et de sens au théâtre de l’Odéon qu’inauguraient alors Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud en présence de Malraux…
    Nous avons eu le grand plaisir, hier, d’accueillir à la Halle Saint Pierre, à Montmartre, deux comédiens, Yannick Rocher et Charles Gonzales, qui sont venus nous lire quelques pages d’André Breton et les Lettres que Nadja lui avait écrites. En une brève introduction, j’avais essayé de mettre en scène toute la magie de leur rencontre. Toute rencontre est exceptionnelle et peut parfois changer la vie ou encore donner lieu à des remaniements intérieurs décisifs, comme disent les psychanalystes et aussi les poètes… Il n’y a pas que pour Breton et Nadja – alias Léona Delcourt – que la rencontre peut être magique-circonstancielle, explosante-fixe, érotique-voilée… La rencontre avec le texte qu’il se fasse par écrit ou grâce à la parole peut être décisif. Comme avec une femme, la rencontre avec le texte peut être « capital », « subjectivé à l’extrême », Il devient, comme l’écrit Breton, « pour le sujet ébloui, la pierre angulaire du monde matériel ». Alors gardons espoir, faisons vivre les pierres et les livres. Saxa loquuntur… Et n’oublions pas la Parole qui nous lie…

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bien sûr cher JF, je suis bien d’accord avec ton éthique de la rencontre et des débats, de la circulation entre les oeuvres, de leur scénarisation… Je regrette seulement que nous soyons si peu nombreux à en parler ; qu’un film par exemple ne soit plus objet de ciné-club, qu’un livre ne soit pas mieux traité par une critique (faussement) débordée, ou étourdie, ou arrogante. Même au « Masque et la plume » que j’écoute régulièrement, que d’approximations et de bavardages narcissiques, à quelle moulinette passent les oeuvres ! Alors oui je suis forcément déçu par ces réceptions (ou absence de réception) – mais je ne renonce pas pour autant au « beau métier d’écrire », je dirai même volontiers, avec Beckett, « bon qu’à ça » !

  6. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire : erratum : lire Thierry Maulnier.

  7. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour les amis !

    J’aimerais poser une ou deux questions à quelques messieurs trop tranquilles qui se font du cinéma.

    Pas de problème, rassurez-vous !

    Dans les Deux-Sèvres, un département oublié que la télévision nous fait connaître par les soulèvements de la terre et de ses tremblements, pensez-vous vraiment que les habitants de ce coin de France s’intéressent à votre beau métier d’écrire, si votre noble tâche, braves gens, ne leur apporte rien ?

    Ne nous fâchons pas!

    Vos salles de ciné, vos colloques, vos rencontres, vos livres, c’est très bien mais restons sérieux, Monsieur le Professeur, Monsieur le Docteur « psy », Monsieur l’abbé et tutti quanti, vous êtes à des années-lumière des préoccupations des gens de ce pays et ce ne sont pas les propos d’outre-Atlantique d’une cabotine étoilée, fût-elle Jeanne d’Arc de cinéma, qui va changer la donne dans les chaumières, que diantre !

    La France, comme l’écrivait L-F Céline, cité par Marcel Jullian dans une « Courte supplique au roi pour le bon usage des énarques », serait-elle devenue les Deux-Sèvres sans s’en apercevoir?

    En Deux-Sèvres, je crois, il y avait un auteur dont un film de J-P Melville nous dit que son livre portait « sur la logique et la théorie de la science ». Gaston Bachelard, il me semble, le cite dans « L’engagement rationaliste ».

    Il en reste quelque chose…

    « Il y a toujours un reste, et c’est toujours l’essentiel » (Claude Lévi-Strauss, cité par Thierry Maulnier dans « L’étrangeté d’être »)

    Envol et résistance, deux qualités, deux cours d’eau peut-être, qui se confondent pour devenir rivière, celle qui suit sa vallée.

    Bel été à tous en salle obscure et dans le pré vert.

    Jacques

  8. Avatar de Dominique
    Dominique

    Bonjour!

    « À flanc d’abîme, construit en pierre philosophale, s’ouvre le château étoilé » (André Breton)

    Faut-il pouvoir l’arrimer ce rocher, pour pouvoir en parler! Autrement dit échapper à la condition humaine, n’est-ce pas?

    J’ai trouvé le billet de Monsieur J-F R excellent et je l’imagine pérorant à l’envi, avec le metteur en scène, Mme Marcelle Tassencourt sur l’adaptation théâtrale de Thierry Maulnier.

    Ce beau et riche commentaire m’a incité à aller voir du côté de Mélusine où le psychanalyste, Monsieur Jean-François Rabain, est l’auteur d’un article merveilleux, intitulé :

    « NADJA/LÉONA DELCOURT ET ANDRÉ BRETON »

    Dans la note 12, il parle d’une anagramme : « « Va où le Surréel côtoie », dit une anagramme de Hans Bellmer de « Rose au cœur violet ».

    Il y a le mot « le » superfétatoire. L’anagramme en revanche est bel et bien « Va où Surréel côtoie » / « Rose au cœur violet ».

    Je m’imagine rencontrant l’auteur, au parc Mélusine quelque part en Vendée, bercé par le vent de la Mère.

    Monsieur Michel Onfray qui n’en rate pas une, a beau dire que « Les rêves du docteur Freud » sont par leurs lettres transposées – « Le fruste désordre du vécu » mais, sans faire de commentaires, il reconnaît que « Le docteur Freud » contient les lettres pour « Décoder le futur ». Quèsaco?

    Au café d’en face, les livres restés dans le coffre de la voiture, on parlerait sans doute, beaucoup, trop ou pas assez…

    Et, peut-être, à deux pas, dans l’église, je lui conterai l’histoire de cette « Nadja » interprétant au violon, pour la surprise, une ballade irlandaise, dans la crypte. Le dialogue est une galère vide, écrit Michel Serres (« Le Parasite »)

    J’ai évité la galère…Merci à qui?

    Et, peut-être, là-haut, sur la tour de pierres, à la nuit tombée, je lui poserai la question du physicien et de l’artiste :

    « Qu’est-ce que la Terre devant ces vallées supérieures de pétillement d’étoiles ? »

    Monsieur Rabain me répondra, je le sais. Par une anagramme qui commence par « Le »…

    Bien sûr, c’est un rêve car si le lieu existe réellement, il faut faire des kilomètres et la distance peut poser problème.

    Et pour escalader la tour Mélusine, faut de bons genoux et pas souffrir d’arthrose, parbleu !

    Enfin bon, en compagnie d’un docteur, on peut toujours croire au miracle…Impossible n’est pas français !

    Bonne et belle nuit d’été.

    Dominique

  9. Avatar de Franciane
    Franciane

    Bonjour !

    J’ai voulu vérifier non sans difficultés, l’existence réelle ou non de ce lieu mythique dont il est fait mention dans le commentaire précédent, à propos d’une rencontre imaginaire entre un psychanalyste distingué du seizième arrondissement parisien et la personne qui « parle » nommée « Dominique », dont on connaît les états d’âme mais rien sur son état civil.

    Il me semble qu’il s’agit de la commune de Vouvant, en Vendée, où se trouve effectivement un parc dit « Mélusine » où est érigée une tour dite la tour Mélusine, donjon d’un ancien château fort, qui surplombe la forêt de Mervent, traversée par la Mère, affluent de la rivière Vendée. C’est un coin de paradis touristique.

    Je me souviens du Journal télévisé 13 H de la chaîne TF1 en date du 27 février 2007 où il fut question des pierres qui tombent, à Vouvant. Il me semble que les services de la voirie concernée ont fait depuis le nécessaire pour rendre le lieu accessible à tous et surtout sécuritaire pour les riverains d’en bas.

    J’aimerais bien savoir ce que pourraient se dire ou s’inter-dire nos hôtes de passage, en ce territoire imaginaire, si tant est que l’un ou l’autre donnât de l’importance à nos mythes d’origine, suivant ainsi le médiologue qui déconstruit la chimère pour vanter la sirène, en se gardant bien, dit Régis Debray, de sacrifier l’histoire à la mémoire – pas moins que l’inverse. (« Médium », n° 7, page 168)

    Un tel colloque singulier, si tant est qu’un jour, il existât, tient du conte – pas d’une réunion d’intellectuels chevronnés – où la fée descend de sa tour d’ivoire pour faire naître des petits ronds, à la surface d’une eau tranquille.

    Bien entendu, Monsieur Rabain connaît les intuitions de la mécanique ondulatoire et il sait aussi ne point troubler l’onde mystérieuse. Mais pour aller vers ce surréel en voiture d’occasion ou en carrosse doré, c’est une autre paire de manches, là où les argonautes de l’esprit répondent par anagramme, chère au psychanalyste, à la question précédemment posée :

    « Le vide quantique est et reste la source réelle de l’espace-temps et de l’Univers » (É.Klein et J.Perry-Salkow)

    Pour l’heure – celle de s’enivrer – je ne vois rien venir.

    Franciane

  10. Avatar de JFR
    JFR

    Mon commentaire: Chère Franciane et cher Dominique. Je ne suis ni distingué ni du seizième arrondissement de la ville de Paris mais un simple amoureux de vos anagrammes et de la littérature. A l’heure où les adresses des maires de France fleurissent sur le net pour mieux les faire flamber, sachez garder s’il vous plaît nos anonymats et nos plaisirs anonymes. Merci. JFR..

  11. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonsoir !

    Il est intellectuellement honnête de citer un auteur dont on approuve l’excellence du propos.

    Cependant, la remarque de J R me paraît fort judicieuse, la nuance parfois s’impose et une certaine distance est de mise.

    A deux pas de chez moi, en campagne, pourtant, la brigade a été attaquée, une femme renversée et des voitures brûlées.

    Je puis me tromper mais je ne pense pas que ces émeutiers, comme on dit, consultent le blogue de La Croix.

    Nous reste l’anonymat, ce bel anonymat qui protège, nous protège tout en continuant l’aventure.

    Pour qui, pour quoi ? Pour rien sans doute…fors, peut-être « Le coucher de Mars » dont l’anagrammeur trouve en ses lettres transposées « Le rocher de Camus ». Arrimer la pierre, pas facile !

    Merci de votre saine réaction.

    En toute cordialité

    Gérard

  12. Avatar de Spartacus
    Spartacus

    Bonjour Kalmia,
    Je continue à devenir moi.
    Alors je lis .je relis.
    Et ce blog m’aide à réfléchir même si le rire voire la franche hilarité me saisit souvent.
    Enfin l’université autocentrée n’est en fait pas très différente qu’une équipe de supporters de l’OM ou du PSG.
    Langage codé,clins d’oeil de connivence,références historiques.
    Et j’enrage que les flics assassinent dans les banlieues.Qu’on exige le calme.
    Non pas de justice ,pas de paix.
    Du berceau à ma tombe je serai Spartacus et jamais du côté de Crassus.
    Le calme ?
    Quand le monde sera comme un oiseau sur la plus haute branche.

    Spartacus.

  13. Avatar de Yves
    Yves

    Bonjour,

    Je viens de terminer votre essai hier soir… et donc je suis très triste de lire ce post. Pour vous mettre un peu de baume au cœur, sachez que j’ai vraiment lu beaucoup de livres sur Woody. Quelques exemples : le « beau » livre de Jason Bailey, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Woody Allen (2014), le livre de Dandrieu (2012) que vous citez, le petit essai que j’avais adoré Un ovni à Hollywood (2008) de Guillaume Evin, ou encore Comment Woody Allen peut changer votre vie (2011), de Eric Vartzbed. Et j’ai chez moi Woody Allen. Profession cynique (2015) d’Ava Cahen, que je dois encore lire.

    Sans compter les hors-série des magazines qui sont souvent très bien faits, avec moult photos.

    Sachez que votre essai est l’un des meilleurs : non seulement pour vos propos en début et fin d’essai sur les polémiques, mais surtout pour les 18 analyses magistrales que vous faites.

    De même pour le chapitre suivant, sur les thèmes récurrents : les explications psychologiques, philosophiques, les comparaisons littéraires etc. m’ont bouleversé.

    Merci pour tout ça. Je précise que je ne suis pas tout le temps 100% d’accord avec vous. Par exemple, même si je l’ai vu il y a longtemps, j’avoue garder un souvenir pénible de September (mais grâce à vous, il faut que je le revoie). Et de manière générale, dans les 18, j’aurais viré Match Point (que la Terre entière encense, ce film m’agace non pas en soi, mais parce qu’il éclipse Crimes et délits qui est pourtant bien meilleur), j’aurais ajouté Ombres et brouillards, dont la perfection n’est selon moi pas assez soulignée.

    Mais peu importe : votre livre fera date, ne serait-ce que chez nous les alléniens maladifs.

    Et j’irai même plus loin : je ne me lasse pas de vous lire. Il faudrait donc que, en annexe, après la conclusion, dans une nouvelle version de votre essai, vous vous livriez à une analyse :
    – de tous les films dirigés par Woody qui ne sont pas dans les 18 ;
    – de tous les films dans lesquels il a joué sans les avoir dirigé (de What’s New Pussycat à Apprenti gigolo, en passant par des chefs-d’œuvre comme The Font ou des navets comme Scnes from a Mall… en passant par le choix des documentaires dans lesquels il apparaît (sur Chaplin, sur la magie, sur Fellini, qui selon moi permettent d’approfondir l’analyse de l’œuvre ;
    – de ses pièces de théâtre ;
    – de ses livres.

    Je serai le 746ème !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Yves de ce « commentaire » qui, en effet, agit comme un baume ! Mais c’est que mon billet était écrit sous le choc d’une réception très parcimonieuse, très lente à venir – quand je pense que Woody lui-même a à peine accusé réception de ce livre qu’il ne lira pas… Heureusement qu’il existe des alleniens tels que vous, preuve que la cinéphile n’est pas morte ! Sur vos remarques : Je suis attaché à « Match-point », film qui montre un homme amené à tuer la femme qu’il aime, or ce scénario (comble du tragique) est aussi celui de « Crimes et délits », comme vous le remarquez, mais aussi de « Irrationnel man », et cette insistance prête à rêver… Je n’ai pas écarté « Ombres et brouillards », je lui consacre au contraire une analyse émue, moi aussi je considère que ce film est un chef d’oeuvre (peu reconnu). Et j’espère que « September » vous enchantera lors d’une nouvelle vision, car c’est un film très osé, très profond. Bref il faudrait de tout ceci discuter de vive voix : habitez-vous Paris ? Je vais, sur votre mail, tenter de poursuivre…

  14. Avatar de m
    m

    Mon commentaire

    Bonnes vacances à tous, si vous en prenez, bien sûr !
    Et si dans le blogue « vacance », il y a, puissions-nous ouvrir le cahier bleu pour écrire un mot.
    Que l’on soit ou non du métier, le geste n’est pas sot !

    m

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      J’étais absent ces trois derniers jours cher m, vadrouillant à vélo dans la haute-Ardèche, et il arrive donc que le randonneur randonne, pour de bon ! Mais j’espère que les interruptions de billets seront brèves dans les prochaines semaines, ainsi que la suspension, forcée quand je n’ai pas avec moi l’ordinateur, des « validations » de vos commentaires.

  15. Avatar de Jacques
    Jacques

    Mon commentaireBonjour !

    Même exilé à domicile, on peut, me semble-t-il, prendre quelque chemin de traverse et faire sa balade imaginaire pour se rafraîchir un peu la mémoire, palsambleu !

    Suivant mon guide touristique un peu vieilli, j’irai bien faire un tour du côté de Pau, où dans un restaurant atypique nommé « L’Aragon », Yves, le chef architriclin médiatique prépare des mets succulents et, si mes informations sont bonnes, ce chef hors pair est aussi un cinéphile averti, imbattable sur les films de Woody Allen, qu’il apprécie beaucoup.

    Sur le sentier du facteur « temps », en Ardèche ou ailleurs, il est des rencontres possibles et, chaussé de ses bottines proustiennes, le randonneur saura, j’imagine, marquer sur son carnet de voyage, le lieu qui fait lien.

    A bicyclette et sur l’écran, puisse-t-il nous faire un signe qui exhale fumet et parfum!

    Jacques

  16. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour Monsieur Spartacus !

    Le monde reste le monde avec ses combattants qui changent de nom et ça continue encore et encore !

    Demandez à la jeune dame agressée dans la rue, l’autre jour, à deux pas d’ici, ce qu’elle pense de la Police et des petits malfrats cagoulés et vous viendrez ensuite faire votre harangue, très cher Monsieur Spartacus !

    Ah, la belle idée du calme, cher correspondant ! Demandez au peintre et à son fils, le physicien…Ils vous montreront un chat.

    Et le minime oiseau spirituel, sur la branche haute de l’arbre de chair, des Cahiers de Paul Valéry, demandez au candide qui pose des questions au même physicien, ce qu’il entend de la ligne d’horizon de type humain du poète…

    Il ouvrira un livre.

    Alors, peut-être, fort de ces connaissances, saurons-nous le jour et l’heure de cette avenance, couleur d’orange…

    Bon dimanche à vous

    Calmement vôtre

    Kalmia

  17. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Erratum

    Je présente mes plates excuses à Monsieur Spartacus.
    Il faut lire « forts de ces connaissances ». Forts est ici adjectif qualificatif et non adverbe, donc forts avec un s final, puisque s’accordant avec « nous ». Puisse notre Vénérable César du haut de sa tribune me pardonner ma faute et Spartacus dans l’arène se montrer indulgent envers la pauvre gardienne de l’ordre.

    Kalmia

  18. Avatar de Dethegonec
    Dethegonec

    Editer est une chose et trouver un éditeur n’est déjà pas rien en effet. Mais diffuser le livre est autre chose encore et peu d’éditeurs peuvent réellement assurer une réelle diffusion. La dessus il faudrait dire un mot sur le travail de critique dans le respect de l’indépendance de ceux qui s’y exercent s’entend. Le travail des libraires et des bibliothécaires qui souvent ne ménagent pas peine et temps pour faire connaitre livres et auteurs.

    Enfin je ne sais quels sont les projets de La Croix concernant l’hébergement de blogs. Envisage-t-elle de les fermer tous ? Je ne suis pas là-dessus un lecteur « averti ». D’ailleurs je suis, comme lecteur, de moins en moins informé de sa stratégie, tellement moins que je l’étais a votre arrivée. . Pourquoi La Croix renoncerait-elle a héberger des blogs. Cela coûte-t-il tant ?
    Quel serait l’intérêt éditorial si ce n’est qu’accompagner des replis, de renoncer à des ouvertures pourtant si nécessaires… Difficile d’y voir clair a un moment où le lecteur ne sait plus rien de qui dirige quoi dans le journal et dans La Croix hebdo !

    Ma seule conviction est que j’aime vous lire et qu’il me plait que ce soit La Croix qui l’aura permis.

  19. Avatar de Yves
    Yves

    Désolé d’avoir oublié que vous aviez effectivement intégré « Ombres et brouillards ». Je viens de relire le chapitre, il est bouleversant. Sincèrement. Pour ceux qui n’ont pas encore lu votre essai, je cite, page 66, où vous évoquez un film « propice aux fantômes venus des romans de Kafka, des films de Fritz Lang, de Murnau ou d’un expressionnisme allemand suggéré dès l’ouverture par la musique empruntée au Kurt Weill de « L’Opéra de quat’sous ». J’ai presque envie de recopier tout le chapitre tant votre analyse est fluide, construite et didactique.

    Mais donc, puisque vous gardez la filiation Crimes et délits-Match Point-Irrational Man (de mémoire, la critique avait été assez peu élogieuse à l’époque), gardons donc ces 18 pour le moment, et quand vous ré-éditerez votre livre (je serai le 746ème, je l’ai promis), il faudra arrondir à 20.
    S’il fallait donc en ajouter deux (cette fois-ci je rédige mon commentaire avec votre livre sur les genoux), je choisirais… « Hannah et ses sœurs » et au moins un film de la première époque, la période « loufoque ». Donc « Guerre et amour » ou « Sleeper », par exemple.

    Remarque pour ceux qui n’ont pas encore lu votre merveilleux livre : avoir intégré des analyses approfondies sur Le complot d’Œdipe, Wonder Wheel, September et quelques autres films sur lesquels la critique ne s’est pas longuement arrêtée est un autre aspect de votre livre qui le rend vraiment original et personnel.

    Au plaisir de vous rencontrer (je ne suis plus parisien depuis une dizaine d’années, je vis à Bruxelles, mais j’y reviens souvent)… donc à bientôt !

  20. Avatar de Patrice L.
    Patrice L.

    Cher Daniel Bougnoux,
    J’ai lu votre livre Génération Woody dès sa parution et je vous avais envoyé il y a environ un an un message pour vous exprimer mon enthousiasme après sa lecture. J’en avais aussitôt offert un exemplaire à une amie admiratrice de Woody Allen (et d’ailleurs aussi de Leonard Cohen). C’est pourquoi j’ai été désolé de découvrir votre sentiment d’amertume en lisant votre texte intitulé « Le sot métier d’écrire » qui exprime votre déception face au manque d’échos qu’aurait reçus votre livre qui mérite certes un franc succès. Ses qualités ont pourtant été vantées par quelques spécialistes que vous mentionnez, tels Michel Ciment, Thierry Frémaux ou François Forestier. J’avais moi-même écouté Le Masque et la Plume où votre ouvrage avait été cité élogieusement. Je dois ajouter que j’ai été en même temps rassuré par votre texte du fait que je suis moi-même confronté ces temps-ci aux mêmes sentiments que vous, et de façon sans doute plus aigüe. Je viens en effet de publier aux éditions Gremese dans une collection intitulée « Les Meilleurs films de notre vie », que vous connaissez peut-être, un livre sur La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky, et je me heurte à un mur de silence, plus épais que le vôtre, à la mesure de mon absence totale de notoriété. J’en avais adressé et dédicacé un exemplaire à un journaliste, responsable des pages culturelles du quotidien régional Sud-Ouest (étant donné que je vis à Bordeaux), et il n’a pas même daigné en accuser réception, ce qui rejoint une part de votre expérience. Quelques exemplaires ont aussi été adressés en principe par l’éditeur à ma demande, à quelques critiques, dont justement Michel Ciment et deux ou trois autres, et je doute qu’il en résulte un quelconque écho. Bref je constate aussi amèrement que les livres de cinéma ne font pas recette (et je ne parle pas de l’aspect financier !). J’en suis bien sûr venu à penser que c’est peut-être en l’occurrence son manque d’intérêt qui est en cause… Je comprends aussi que vous ayez été particulièrement déçu par l’absence de réaction du principal destinataire, Woody lui-même, mais cela peut sans doute se comprendre en raison des sollicitations nombreuses dont il doit faire l’objet. Moi-même ai pu adresser un exemplaire de mon ouvrage à Jodorowsky, dont j’ai obtenu l’adresse par un ami qui le connaît, mais j’ai su par celui-ci que l’auteur ne répond jamais aux envois qui lui sont faits. J’avais eu en revanche la chance de recevoir en 1993 une belle lettre de Federico Fellini à qui j’avais envoyé un petit essai sur son œuvre publié par un éditeur indépendant, et il m’invitait en outre à assister à une journée de tournage de son prochain film, ce qui malheureusement n’eut jamais lieu car c’était peu de mois avant sa mort. Tout cela pour vous dire à quel point j’ai été sensible à vos réflexions, qui vous ont d’ailleurs valu nombre de réactions sur ce blog. Je serai en tout cas plus positif en estimant que votre livre s’est quand même assez bien vendu en fonction de son tirage ; et peut-être après tout l’éditeur envisagera-t-il de le réimprimer, pourquoi pas une édition augmentée comme vous le suggère un de vos correspondants « alléniens »… J’ose espérer que nous sommes d’assez nombreux admirateurs du réalisateur à vouloir défendre son œuvre et sa personne en achetant les ouvrages qui lui sont consacrés. Recevez, cher Daniel Bougnoux, mes encouragements cordiaux à persévérer dans l’écriture et l’expression de vos ferveurs.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bonjour Patrice, vos encouragements me touchent, et je m’aperçois que je n’y ai pas répondu… Le temps des vacances n’est pas favorable à ce blog, trop de vadrouilles, pas assez d’internet ! Mais nous observons à l’île de Ré les oiseaux de mer, qui picorent la vase entre les marais salants, autre enchantement ! Votre histoire d’auteur sans éditeur est désolante, et si commune, je ne sais que vous recommander. Et j’ai moi-même du mal avec les éditeurs. Mis j’oublie tout cela quand je me tourne vers le ciel, pour observer les oiseaux de passage, spectacle ici toujours nouveau…

  21. Avatar de Aurore
    Aurore

    Vous publiez, Messires, c’est bien !

    J’aime bien lire et écrire mais faire un livre, c’est une autre histoire, palsambleu !

    Les raisins seraient-ils trop verts ? Peut-être…Je ne sais pas.

    J’ai un ami correspondant de longue date, membre de l’Institut, qui ne fait pas l’unanimité dans le Landerneau des intellectuels.

    (Dans sa « Révolution de l’amour » Luc Ferry dit qu’il se trompe du tout au tout quand, cet ami-là, croit naïvement au retour des tribus, alors que les réseaux modernes se réforment sur la base de l’individualisme démocratique.)

    Cet ami écrivain me disait récemment que son éditeur « Trédaniel », l’a « dragué » et lui a promis 20000 exemplaires.

    Son livre va sortir à la mi-août…Saison où les cœurs sont en pique-nique, comme dit la chanson. On verra bien.

    J’ai vu et entendu cet auteur à la télé comme tout le monde, évidemment !

    Mais aussi, en vrai, à quelques lieues de là, dans une conférence.

    Pour les gens du cru pas tout à fait contaminés par les modes et le laxisme ambiant, le courant passait…

    Quelque chose dans la voix qui touche à la fin de l’envoi.

    Dans le train du retour, il relisait « La question de la technique ».

    Ah, les livres, chers amis du blogue, peut-on vivre sans leur secours ?

    Quant à écrire sa vie sans la publier, c’est une autre histoire !

    Bonne nuit

    Aurore

  22. Avatar de Patrice L.
    Patrice L.

    Merci de votre aimable réponse. Vous avez bien raison de profiter de ce temps de vacances pour savourer les joies et spectacles de la nature. Je précise que dans mon commentaire consécutif à vos réflexions, je ne déplorais pas de n’avoir pas trouvé d’éditeur pour mon ouvrage sur le film de Jodorowsky, mais de n’avoir reçu aucun écho après sa parution, ce qui est source d’amertume quand on publie un texte qui tient à cœur.

  23. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour Monsieur Patrice L…

    J’ai lu votre dernier commentaire, hier, et il me parle quelque part.

    Vous m’avez fait penser au « Vaines montagnes » de Marcel Brion que son épouse Liliane m’avait, un jour, offert.

    Cette quête d’une montagne sacrée sur toile de fond daumalienne par les livres et les films mérite sans nulle conteste l’attention du cherchant trouvère, même s’il n’a pas suivi les cours de Gaston Bachelard sur « la psychanalyse du feu » où l’alchimiste discrètement se révèle.

    Faut-il aller du côté de Daniel Parrochia et d’Étienne Klein pour savoir ce qui se passe là-haut, sur le toit de la maison du poète ? Je veux parler de cette recherche intellectuelle laborieuse qui semble oncques pouvoir arrimer son rocher de Sisyphe…

    A des parsecs de votre milieu littéraire, une étincelle de hasard pourrait-elle allumer le feu, celui de la connaissance qui passe par des mots qui disent et s’inter-disent, là où l’amertume se métamorphose en joie?

    Ce « Thabor ou transfiguration sociale » n’est-il que vue de l’esprit où réelle incarnation dans le magma des cultures ?

    Vous vous inquiétez, Monsieur L…, du peu ou du manque total d’intérêt des gens aux « choses de l’esprit qui fait l’expérience du corps »…Il faut faire avec, que voulez-vous!

    Hier, dans une petite chaumière isolée de la dolce France ou ce qu’il en reste, quelque part à 219, 44 m au-dessus du niveau de la mer, nous devisions entre gens du cru, des misères des uns et des autres, des problèmes de famille et des choses de la vie de tous les jours avec ce qui passe dans le journal, se dit à la radio et qu’on voit à la télé…Et quelques souvenirs aussi qui remontent à la surface !

    La madeleine de Proust évoqué et le salon Verdurin aussi, mais tout cela s’envole comme fétu de paille au vent.

    Reste la mouise pour tant d’âmes en peine. Alors Jadorowsky, illustre inconnu des hôtes de ces lieux, mon bon Monsieur, à d’autres !

    Justement, quels autres ?

    Là est la question.

    Je vous souhaite une belle et bonne journée.

    Roxane

  24. Avatar de Patrice L.
    Patrice L.

    Je vous remercie, Roxane, de vos érudits et suggestifs échos à mes propos sur la difficulté de faire connaître un livre, non certes à un large lectorat, mais au moins aux quelques amateurs susceptibles de s’intéresser au sujet abordé. Je suis d’autre part étonné par la justesse de vos allusions qui laisseraient penser que vous avez lu mon petit ouvrage sur le film La Montagne sacrée. J’y évoque en effet René Daumal et son Mont analogue dont Jodorowsky s’était inspiré pour son film et j’aborde dans un passage les aspects élémentaires de celui-ci dans l’optique bachelardienne. Je ne connais pas en revanche le livre de Marcel Brion. Quant au détour vers les sciences, représentées notamment par les travaux d’Étienne Klein, il pourrait certes se révéler enrichissant.
    Je vous souhaite de profiter au mieux de l’été en cours.
    Patrice

  25. Avatar de Roxane
    Roxane

    Erratum et anagrammes

    « La Madeleine de Proust » évoquée (ée).Que le maître me pardonne cette nouvelle faute ! La prochaine fois, je risque d’être virée, palsambleu !
    L’anagrammeur nous dira que c’est « la ronde ailée du temps » qui s’invite en ces bois-là, loin de « marivauder dans le monde » avec le  » salon de Madame Verdurin ».
    « Don réel au temps idéal », cette sacrée biscotte ? Messires, vous avez sûrement une petite idée sur ce pur hasard.
    Peut-être aurez-vous le temps de nous répondre…

    Bonne fin de journée

    Roxane

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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