Brieuc, in memoriam

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Vendredi 31 janvier, notre fils Brieuc âgé de quarante ans s’est tué dans le massif de Belledonne où il randonnait à skis, emporté par une avalanche. Il laisse une femme, Mado, et deux fillettes également aimantes, de cinq et deux ans. Nous l’avons enterré hier mardi dans le petit cimetière d’Herbeys. « Enterrer Brieuc », cet être de lumière, phrase insupportable…

Comment continuer à alimenter ce blog ? Parler ou ne rien dire dans cette circonstance est également difficile. Je publie ici les mots que j’ai dû prononcer au Funérarium de Grenoble, devant les très nombreux amis qui nous soutiennent dans cette épreuve.

 

Névache 2008

Névache, été 2008

Brieuc, cher enfant (trop chéri), dans les nombreux messages de nos amis une phrase revient en boucle, « nous adorions Brieuc ». Vraiment oui, nous t’adorions. Tu avais quelque chose d’évidemment radieux, d’entraînant, de joyeux. Et comme tu habitais, toi notre petit dernier, à trois-cents mètres de chez nous, on se voyait très souvent.

Une intense complicité affective et morale s’approfondissait à la faveur de ces faciles rencontres, avec toi nous étions toujours d’accord sur tout, nous faisions d’instinct les mêmes choix et pourtant nos conversations n’étaient pas de surface. Je ne me rappelle pas une brouille, une querelle entre tes parents et toi. Pour d’inexplicables raisons, tu es celui de nos trois enfants qui ressemble le plus à ta mère, tu avais pris les traits de son visage, et aussi de son caractère, la droiture, la bonté profonde.

Quand j’ai entendu vendredi soir depuis Paris, où nous sortions d’un film lamentable, Mado m’annoncer dans un sanglot au téléphone BRIEUC EST MORT, notre arbre de vie s’est fendu en deux. Pour toujours je le crains. Nous portons tous en nous un arbre avec ses racines, ses branches ; le nôtre n’est pas décapité mais affreusement amputé. Et certes il y a Mathilde et Alice, qui grandissent si bien, mais que tu ne pourras jamais plus, toi le père modèle, guider dans leur vie.

Mado le fera donc pour deux, elle le fait déjà. Nous imaginions te connaître Mado, nous te découvrons depuis vendredi, nous t’en aimons davantage et nous t’admirons. Tu m’as étrangement crié PARDON d’une voix déchirante dans le téléphone, je ne crois pas que tu aies la moindre responsabilité dans cette catastrophe, et je ne veux pas savoir si Brieuc s’est montré imprudent, je ne connais pas assez la montagne. Et je n’ai plus envie de la connaître.

Je me tiens depuis cette affreuse soirée entre vous deux, avec vos réactions si opposées que je partage, Françoise trop défaite ici pour parler, disloquée, en loques, et Mado gardant toute sa tête dans la douleur, faisant apparemment face. Dans les derniers moments d’intimité que nous avons eus avec celui qu’on ne peut plus appeler Brieuc, dans la chambre mortuaire, à contempler l’irréparable, nous avons mastiqué jusqu’à l’épuisement le scandale de ce froid, de cette immobilisation soudaine qui te vole la moitié de ta vie. Que la mort plutôt nous prenne, me disais-je, je viens d’avoir soixante-dix ans, j’ai accompli la mienne alors qu’il te restait tant de choses à vivre, à entreprendre entre ta femme et tes deux fillettes si aimantes…

L’an dernier tu avais obtenu le CAPES d’économie, très facilement, tu préparais donc cette année l’agreg. Mais tu ne perdais pas espoir de remonter aussi le cabinet Reverdy-associés, ton activité de consultant. En cas de difficultés insurmontables, l’enseignement aurait été ton filet de sécurité. Tu aimais autant que moi donner des cours, des conférences, nous avions suivi avec fierté tes progrès dans ce domaine, parlant devant S-T à Crolles, ou à la Métro. Ta perspicacité m’a toujours frappé (sauf dans le placement de tes économies !) ; tu travaillais consciencieusement, très pratiquement à améliorer ce monde, en évaluant par exemple les chances de développement économique de notre région, ou d’autres : tu avais planché sur Besançon, sur Bordeaux, tu étais un farouche opposant du TGV Lyon-Turin, gabegie financière où tu voyais surtout la collusion des intérêts politiciens. Tu étais très sévère pour certains projets ou décisions de nos élites, tu ne mâchais pas tes mots, tu ne ménageais pas la chèvre et le chou. Les promoteurs du TGV peuvent aujourd’hui soupirer d’aise, tu ne leur mettras plus de bâtons dans les roues.

Et puis, tu étais sobre (chez vous, on ne buvait que de l’eau) parce que vous viviez dans l’essentiel. Entre les belles photos de désert prises par vous, les sables de l’Akakous aux murs de votre appartement.

Brieuc chéri, sans toi ce monde sera moins beau, moins lumineux. Nous avons vécu quarante années au contact de ta lumière, merci vraiment d’avoir été sans dévier ce garçon puis cet homme exceptionnel. Si tu pouvais nous entendre, nous donner un conseil, tu nous enjoindrais certainement de continuer ton œuvre, et d’abord d’aider Mado à élever vos deux filles. Nous allons nous y consacrer, y mettre tout l’amour dont nous sommes capables, même si nous ne pourrons jamais égaler ce que tu leur donnais. Le trampoline d’Izouard, la maison d’Herbeys où tu élaguais les arbres, passait la tondeuse, ramonait… Les jeux dans la mer en Corse, les randos à n’en plus finir à pieds, en vélo… Le meilleur des pères se doublait d’un adorable tonton, très drôle, plein d’initiatives et de réparties : quels souvenirs ensoleillés garderont de toi Arthur, Gaspard et Iris, Elisa, Julia, Carla !… Ces maisons charmantes, pièges à amis et à enfants vont devenir des crève-cœurs sans toi, qui les prenais à bras le corps, qui nous aidais à les entretenir ; elles sont gorgées de ta présence qui y transpire, y respire partout.

Françoise chérie, ne fais pas le choix de chercher Brieuc dans la mort, lui s’il le pouvait te crierait au contraire de vivre, de le prolonger et le poursuivre. Nos deux enfants et huit petits-enfants, qui nous entourent de si près, nous aident fortement à traverser ces jours si graves, à les orienter vers la vie.

Quelles musiques choisir pour un moment pareil ? Vous entendrez tout à l’heure, pour accompagner votre procession autour du cercueil, Orphée et Eurydice de Gluck, le chant d’Orphée descendu aux Enfers qui ne lui rendront pas son amour. Mais d’abord une petite chanson de notre cher Leonard Cohen, dont je t’avais transmis la passion, elle est tirée de son dernier disque Old ideas : c’est une berceuse, « a lullaby », que tu n’entendras plus mais qui peut-être nous calmera de ce côté-ci, nous les survivants. Imprimez dans votre cœur ces paroles où le vent parle avec les arbres,  ou un chat avec une souris ; écoutez cet harmonica où la bouche semble plaquer ses baisers partout. Nous aimerions encore et encore embrasser ton visage, qui ne sent plus rien ! « Sleep, baby, sleep… Si ton cœur est déchiré / Pour je ne sais quelle raison / Et que la nuit dure longtemps / Ecoute ma berceuse… »

Nous sommes tous des bébés devant ta mort.

 

Izouard, été 2013

Izouard (Saint-Chaffrey), été 2013, avec Françoise

Mathilde et Alice

(Il est très facile d’écouter cette chanson en en lisant en anglais les paroles, il suffit de taper sur Google « Paroles de ‘Lullaby’ par Leonard Cohen)

44 réponses à “Brieuc, in memoriam”

  1. Avatar de Lavande
    Lavande

    Dans l’échelle de la douleur les médecins demandent parfois de la chiffrer de 0 à 10. La votre, Françoise, Daniel, Mado…. est probablement à 10.
    Dans l’échelle du bonheur, Brieuc était sans doute à 10 lui aussi, par son aptitude personnelle à l’apprécier et par ses capacités à le faire rayonner autour de lui.
    Il avait une façon à lui de freiner et de descendre de vélo, juste pour un bonjour attentionné et chaleureux à un voisin, qui nous laissera un si beau souvenir .

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Bernadette, Tu as en effet connu Brieuc, et c’est lui qui nous a annoncé (fin septembre à notre retour de Corse) la mort de notre voisin François. Je voulais passer te redemander son livre, « Comme un pingoin sur la banquise », et aussi une photo que j’aurais postée ici, avec un commentaire de présentation ; il n’est pas trop tard, je n’ai plus envie de rien écrire sauf autour de Brieuc, et François justement faisait partie de son monde. Je découvre en ces jours si cruels la solidarité mystérieuse entre les handicapés, les très jeunes enfants et les morts, également porteurs d’une blessure ou d’un inaccomplissement qui nous humanise. J’essaierai d’en dire un peu plus à ce sujet, je t’embrasse et je passe te voir…

  2. Avatar de jean-pierre burdin
    jean-pierre burdin

    Cher Daniel Bougnoux,

    Nous ne nous connaissons pas. Je suis un lecteur assez assidu de votre blog et vous ai connu par vos écrits sur Louis Aragon. Je vous dois donc déjà beaucoup. Je veux dire que ce « beaucoup » est bien suffisant pour que se tisse comme une invisible complicité entre nous. Celle que développe la littérature, celle de ceux qui sont en quête de la parole. Qui n’est pas une parole consolatrice mais fondatrice. Il n’est pas nécessaire au fond de se connaitre plus pour se faire proches

    Le blog est une forme qui peut d’emblée paraître embarrassante pour gérer de l’intime. Dire l’intime à beaucoup sans lui ôter son caractère d’intimité (je repense à votre belle recension du livre de François Jullien). Pourtant dans le même temps il permet aussi d’entrer dans un partage silencieux, avec celui qui passe, se faire le prochain … Cela est possible puisque ce que vous dites ici l’est avec beaucoup de retenues.

    Je reçois votre annonce de la mort de Brieuc avec énormément de tristesse. Je veux vous dire que je fais silence, que je me recueille. Je voudrais que cette disparition me rende infiniment tendre et bon. Présent au monde. Je veux conforter votre propos et appeler avec vous à la vie, à l’exigence de la vie. Il le faut absolument.

    Par un étrange hasard en lisant une recension du dernier livre de Bernard Chambaz « dernières nouvelles du martin-pécheur » je m’apprêtais à rechercher dans la bibliothèque son « Martin cet été »… Bernard C. a lui aussi ayant connu le rapt violent d’un fils, lui encore adolescent. Loin de moi d’entrer dans l’évocation d’une quelconque similitude. Ce serait odieux. Juste parce que ce livre indique un chemin, celui de Bernard Chambaz, pour traverser, ouvrir sans jamais refermer. Et qu’il vous faudra beaucoup de courage pour écrire, sous une forme ou une autre le votre pour le trouver.

    Une foule d’amis silencieux est en partage avec vous. Je pense à vous et à vous tous. Votre épouse Françoise, celle de Brieuc, Mado, aux enfants et neveux. Bref je suis là avec beaucoup d’inconnus. Je suis bien là.
    De tout cœur.

    J-P B

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Jean-Pierre, Qu’il fait du bien, votre commentaire ! Il instaure cette communauté invisible et néanmoins palpable, à laquelle contribue en effet la littérature, à condition de choisir les mots, de ne pas en abuser mais de toujours les chercher, de ne pas renoncer à dire ; seule la parole ou l’écrit, pour moi et pour Françoise du moins, mais aussi pour ces nombreux amis comme vous si j’en juge par tout ce que nous recevons, peuvent nous aider à traverser ces jours cruels. Quelques photos aussi, qui font très mal mais qui parlent si fort. Vous évoquez des noms en effet essentiels, Aragon, François Jullien, auxquels je pense moi aussi ces jours-ci – et par une curieuse coïncidence Bernard Chambaz. Figurez-vous que dans une conversation mardi de la semaine dernière avec notre ami Jean-Claude Raspiengeas (qui est à l’origine de ce blog), trois jours donc avant ce drame, il me parlait de cette oeuvre en me conseillant vivement de la lire – je vais chercher ces livres, les seuls maintenant dont j’ai envie. Avec peut-être un autre qui vient de paraître sur Leonard Cohen. A vous, avec toute ma reconnaissance

  3. Avatar de Grisard Roselyne
    Grisard Roselyne

    Francoise et Daniel ,je vous connais un peu; mais assez par brieuc a qui je demandais de vos nouvelles. je connais Brieuc depuis son union avec Madeleine avec qui je suis amie depuis sa naissance. Souvent je les rencontrait a Frèterive et comme je les aimais! courage pour les petites et madeleine , gardez ce beau sourire ,celui de Brieuc
    de tout coeur, je vous embrasse Roselyne

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Chère Roselyne, Je n’ai plus qu’une envie, faire partager ce sourire de Brieuc à beaucoup de monde, ce sourire perdu mais que nous nous efforcerons quand même de faire vivre par l’image, par les mots, pour que sa disparition ne soit pas complète. Vous aurez donc bientôt d’autres photos et réflexions sur ce blog.

  4. Avatar de Didier POBEL
    Didier POBEL

    Quelle émotion, cher Daniel, à vous lire, à vous « écouter ». Mes pensées restent arrimées à votre désolation, à votre dévastation. Je ne connaissais pas Brieuc mais, par vos mots, je le pleure auprès de vous tous qui l’aimiez, qui l’AIMEZ. En vous embrassant.

  5. Avatar de Antoine Perraud
    Antoine Perraud

    Pour la première fois, pleurer un inconnu. Qui, du coup, n’est plus cet inconnu. C’est Brieuc, qui n’est plus. Accablant pour un nouveau venu osant, néanmoins, ici, souhaiter aux parents le ressort de surmonter l’insurmontable.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui Didier, Antoine, vous ne connaissiez pas Brieuc et vous le pleurez ! Ce que nous n’arrêtons pas de faire depuis vendredi, tout en cherchant en nous et autour de nous les mots et les images qui tisseront auprès de lui un monde de pensées, de souvenirs, d’amour ou d’amitié.

  6. Avatar de Julie

    Cher Daniel et Françoise,
    Je m’associe à votre peine et les mots me manquent pour vous adresser tout mon soutien.
    Je suis une amie de Mado de longue date. Nous étions au lycée et en prépa ensemble. Je me souviens avec émotion de leur mariage où nous avions tellement ri. Les discours de simone, de Thomas comme si c’était hier. Leurs deux mères psy, l’ordi posé sur le piano, l’histoire de leur rencontre, … J’ai ai reçu la triste nouvelle tardivement, étant dans un village coupé de tout deconnectée du monde, quelques jours vers montpellier. J’ai accouru dès que j’ai pu mais je suis arrivée trop tard à Grenoble pour venir à la cérémonie mardi, je découvre vos mots, bouleversée. La révolte, la colère que les meilleurs nous quittent. la montagne qui nous les prend. Je garde le souvenir emerveillée de ces quelques jours magnifiques passés à Izouard avec vous en janvier l’an dernier, vous le spécialiste d’Aragon dans son bureau en haut de la maison, comme une tour d’ivoire, Françoise si accueillante, si chaleureuse, Suzanne, et bien sûr Brieuc rayonnant comme toujours, Mado, Mathilde et Alice, Clémentine et les enfants, je garde en mémoire le souvenir de nos folles discussions autour de la vaisselle, sur le lyon turin, et la réindustrialisation de la France, ses sujets préférés..le féminisme, la foi, la psychanalyse… je garde intact en moi le souvenir des randonnées au dessus de la maison, la tisane au coin du poele, la poulka… On va continuer à vivre, c’est ce que souhaiterait Brieuc, être présente pour Mado, alice et Mathilde, les entourer du mieux qu’on pourra. Je vous embrasse Julie

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je me rappelle très bien, chère Julie, ton passage au chalet. Merci de ton témoignage, nous n’avions pas la berlue, nous n’étions pas les seuls à vivre avec Brieuc ces jours ensoleillés.

  7. Avatar de Chazaud
    Chazaud

    Je pense beaucoup à vous Daniel, mais aussi à Françoise, depuis dimanche. Votre texte est très bouleversant. Il est aussi la preuve vivante de ce que j’ai appris lors de la mort de mon frère, puis de mon mari, à savoir qu’il nous revient, ensuite, de les faire vivre dans le souvenir, l’évocation, la transmission, l’héritage, toutes choses vivantes. Je pense aussi à la très belle phrase qu’avait dite J-L Trintignant lors de l’enterrement de sa fille : « ne pleurons pas parce qu’elle est morte, mais réjouissons-nous d’avoir eu la chance de la côtoyer pendant 40 ans ». Je devine aussi à vous lire, et par delà cet abîme de souffrance insondable que Françoise et vous traversez, combien vous serez les vivants piliers de vos petites filles qui vont en avoir tant besoin. Puissions-nous vous y aider, autant que possible, tous autant que nous sommes. Je vous embrasse, vous et toute votre famille.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Nous aiderons les petites-filles, qui nous aident déjà en retour : hier, Alice avec beaucoup d’énergie a pris en mains la thérapie de sa grand-mère !

  8. Avatar de françoise torgue
    françoise torgue

    Ce que vous dites Monsieur Jean-Pierre Burdin est magnifique. Merci de vos mots, pour nous, entre nous, d’inconnus à connus autour de Daniel et Françoise et leur si chaleureuse famille.

  9. Avatar de jackie et gilbert Bosetti
    jackie et gilbert Bosetti

    Chers Françoise et Daniel, cet après-midi alors que nous nous sommes retrouvés avec Colette Herbin sur les pistes de fond d’Autrans, notre amie nous a appris la disparition de Brieuc. Nous ne l’avions jamais revu depuis nos lointaines rencontres au chalet du Caesug et l’image de ce garçon adorablement radieux, copain d’Arnaud et de l’âge de notre fille Béatrice, nous a secoués comme un bonheur perdu. Depuis des années nous n’étions pas revenus en ces lieux. Que la proximité à Herbeys des petits-enfants et de Mado, mère courage, vous aide à tenir le choc en leur ouvrant le chemin de la vie.
    Nous pensons mutatis mutandis au final de l’État du ciel de Pierre Piéju, quand un petit-fils prend le relais du fils en mettant un terme à l’errance de la mamie et que l’épouse fait front. Humblement vôtre, car nous ne pouvons pas nous mettre à votre place. Gil et Jackie

  10. Avatar de JFN
    JFN

    Conjuguer la mort pour soi-même,c’est une chose,mais quand elle frappe le visage d’un être cher,elle dévaste la mémoire des survivants.Pardon cher Daniel, pour cette pensée peut-être incongrue en cette circonstance.Grenoblois,et pratiquant le ski de randonnée,la montagne reste pour moi l’accomplissement d’un rêve:conduire son corps là, oû un jour, ses yeux ont regardé,comme le commencement du ciel peut-être;J’espère que vous continuerez votre blog qui nous fait tant de bien. Chaleureusement à vous et à votre famille, JFN

  11. Avatar de Jean-Marie B
    Jean-Marie B

    Quand l’ouragan a renversé une aile de la maison et effondré le toit, ce n’est pas la mince toile que tissent les mots qui pourra arrêter le vent mauvais, le vent qui souffle à tous les étages et glace la maisonnée de son haleine froide.
    Mais peut-être au matin, la peine d’une Arachné laborieuse retiendra-t-elle entre ses fils ténus une goutte de rosée qui accrochera un rayon de soleil et distraira un instant celui qui pleure l’être cher trop tôt en allé.

    J’ai beaucoup aimé votre texte sur « la montagne où nous plaçons ce divin qui nous perfectionne ». Il éclaire si bien le défi que relevait votre fils au péril de sa vie !

    Toute ma sympathie vous accompagne, votre épouse, vos petites filles et leur mère, vous même, dans cette épreuve si cruelle.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Cette mince toile, Jean-Marie, c’est tout ce que nous avons pour faire barrage au néant, je m’accroche aux mots, « il faut tenter de vivre » (titre du futur beau livre de Benoît Peeters sur notre cher Valéry) en tentant de dire, sinon tout est vraiment perdu…

  12. Avatar de Bruno Cilio
    Bruno Cilio

    Bonjour,
    On ne se connaît pas. J’ai appris cette dure nouvelle par ma veille informative sur Internet, la même qui m’informe ce matin de l’existence de ce blog. Je suis éditeur et publie Grésivaudan Magazine.
    Dans notre dernière publication j’évoquais l’accident, une semaine avant, dans la face Ouest de la Pointe de Rognier (Belledonne), d’une femme de 41 ans qui skiait avec son frère.
    Je suis pratiquant et sempiternel émerveillé par la montagne et la vie sauvage, skieur de randonnée moi-même, grimpeur, arpenteur de Belledonne et de Chartreuse, aussi je n’ai aucune difficulté à comprendre ce qui pouvait animer Brieuc et son épouse, lorsque depuis la vallée, leur regard pouvait se poser sur les cimes, les arêtes, les vallons, les combes enneigées…
    Parfait inconnu dans le cercle de la famille, des proches, des amis de Brieuc, je compatis néanmoins à votre peine immense.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui, Bruno, nous avons appris l’accident précédent par un CRS qui nous a précisé que cette femme de 41 ans et son frère avaient pris des risques et n’auraient jamais dû se trouver là ce moment. Ce n’était pas le cas vendredi dernier de Brieuc et Mado, le CRS nous a dit que lui-même se serait engagé sans problème dans ce vallon – fatal…

  13. Avatar de Michel Pierssens

    Cher Daniel,
    Il n’y a pas de mots pour dire tout ce que nous ressentons, Josette et moi, mais à Françoise et à toi, toutes nos amitiés les plus vives et les plus vraies.
    Michel

  14. Avatar de Tissot Roland
    Tissot Roland

    Cher Daniel Bougnoux,
    Je suis depuis longtemps quelqu’un qui vous lit et vous écoute. Père d’Anne-Sophie Chazaud, c’est une raison supplémentaire de garder le contact ( discret) avec un collègue dont j’admire les écrits. Une raison dirimante supplémentaire c’est que j’ai vécu naguère, avec ma famille, la double blessure de la perte d’un fils et d’un gendre bien-aimés.
    « No worst, there is none! Pitched past pitch of grief,
    More pangs will,schooled at forepangs, wilder wring.
    Comforter, where, where, is your comforting?
    Mary, mother of us, where is your relief? » ( G.M. Hopkins)
    Vous avez toute ma fraternelle compassion.

    Past

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Roland, cher collègue, je savais déjà par Anne-Sophie que les deuils n’avaient pas épargné votre famille. Et j’ai appris avant-hier qu’Anne-Sophie avait failli payer de sa vie l’enterrement de Brieuc : ce poids-lourd qui a déchiqueté sa voiture sur l’autoroute aurait pu la tuer, quel malheur supplémentaire… Ma connaissance de l’anglais ne va pas jusqu’à lire dans le texte Gerard Manley, s’il vous plaît une petite traduction de votre part serait bienvenue !

  15. Avatar de Tissot Roland
    Tissot Roland

    Je savais que vous aviez enseigné outre-Atlantique. Ne m’en veuillez pas de traduire au fil du clavier les vers si serrés et si pathétiques de Hopkins.
    « Non! pire que cela n’existe pas! Placées au comble de l’affliction
    De nouvelles douleurs, se souvenant de douleurs passées
    Seront encore plus sauvagement déchirantes.
    Consolateur, où donc, où donc est ta consolation?
    Marie, notre Mère à tous, où donc, où donc, ton soulagement ? »
    J’ai un peu honte de cette version si peu poétique et si peu travaillée. Il y a dix ans, la littérature, la musique et l’écriture m’ont pourtant sauvé de l’hébétude. Je me souviens de cette citation tirée des Palmiers sauvages de Faulkner: « Between nothingness and grief, I ‘ll choose grief » ( entre le néant et le chagrin, je choisis toujours le chagrin ). Fraternellement. RT.

  16. Avatar de Stéphane Nouguier
    Stéphane Nouguier

    Admirant le Canigou enneigé depuis le village de Leucate ce weekend, je songeais à Brieuc, et à ce que j’avais le plus profondément partagé avec lui à propos de la Montagne : le plaisir des sens.

    Plaisir des yeux au détour d’une falaise cartusienne, bruissements des feuillages d’automne le long de la scintillante Clarée, froidure cinglante des Aiguestortes, apesanteur d’une descente en poudreuse à Comberousse, fragrances des rhododendrons, chaleur des rocs du vallon de la Moulette au soleil couchant, genépi partagé au coin d’une table avec des copains.

    Matrice des sens, la montagne en finit par donner sens…même à une vie qui vient de s’éteindre à ses pieds.

    Ces souvenirs de plaisirs partagés survivront à Brieuc, nourriront chaleureusement ses amis, sa famille et plus encore Mathilde, Alice et Mado.

    Stéphane.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui Stéphane, nous l’admirons cette sacrée montagne, source de tant de plaisirs, d’exaltantes évasions et de liberté, et un certain vendredi de janvier de mort atroce…

  17. Avatar de Denis FABRE
    Denis FABRE

    Grenoblois de coeur depuis plus de 40 ans, ami des montagnes du dehors et du dedans par mon métier de géologue, j’en ai vu et connu des cîmes, des montagnards, des passions et des drames …
    Je me souviens étudiant à Grenoble regarder le soleil se coucher en hiver sur Belledonne, le Grand Pic et son acolyte le Grand Colon. La montagne était tendre et belle, promesse de lumière et de randonnées futures…
    Mes yeux s’élevaient vers les montagnes d’où me venait le secours…
    Je me souviens aujourd’hui de Brieuc dans les montagnes, d’échanges au coin du feu à Izouard, de discussions sur les conditions de neige et des itinéraires abordables aussi en fonction de la forme du moment. C’est vrai que nous ne faisions pas toujours les mêmes courses !
    Et je ne peux me résoudre à cet infâme destin qui frappe au delà de ce brillant et délicieux jeune homme toute une famille : Mado, leurs petites filles, son frère, sa soeur et ses parents, nos chers amis depuis 20 ans.
    Rentrant à Grenoble quelques jours après le drame , j’ai vu une fois encore le soleil couchant caresser la montagne.
    Nos yeux pleins de larmes regardent la montagne… D’où nous viendra le secours ?
    D’où pourrons nous tirer la force de surmonter cette perte si ce n’est dans ces liens renforcés entre survivants (dont témoigne si bien le courrier sur ce blog) et, pour chacun de nous, dans ces images de bonheur et de vie que Brieuc nous a laissées !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Denis, c’est vrai, comment survivre ? Et comment contempler sans tristesse, sans ressentiment ce merveilleux massif ? Tu connais la montagne mieux que moi, je n’ai pas su assez mettre notre fils en garde sur ses pièges, sur la distinction par exemple entre neige soufflée et poudreuse… Nous demeurons ensevelis dans le chagrin de cette mort, roulés nous-mêmes sous cette avalanche.

  18. Avatar de Arnaud
    Arnaud

    Je connaissais Brieuc depuis nos 4 ans, nous avions le même âge à quelques mois près. A part durant son année au MIT je ne l’ai jamais perdu de vue très longtemps. A une certaine époque, nous nous voyions beaucoup moins car je m’étais un peu endormi sur ma vie alors que Brieuc lui, dévorait la sienne à pleines dents. Il fallait le suivre, Brieuc ! Il ne vous attendait pas toujours pour continuer sa route. Il fallait le suivre, même dans ce qu’il appelait une petite ballade qui s’avérait être une grosse randonnée, avec sur le dos ma fille de 15Kg et à bout de bras une autre qui trouvait le paysage bien assez beau à 100 m du parking. Mais après ça, quels souvenirs ! Quel souvenir que cette « ballade » dans le massif des Cerces, sous un ciel bleu profond, au contact de cette roche jaune et chaude ! Plus qu’un souvenir, la montagne dans ces moments-là nous forge l’âme de belles choses. Brieuc était amoureux des paysages, des grands espaces et des belles personnes. Brieuc était un contemplatif, et c’est probablement pour cela que je me suis toujours senti proche de lui, moi qui le suis aussi. C’est cet amour des belles choses qui ont fait de lui l’homme bon qu’il était. Il a toujours su s’entourer d’un bel environnement. Pas uniquement physique bien sûr, mais aussi de son environnement social, familial. Mado, tu en es la meilleure preuve ! Sa vie était belle parce qu’il la rendait belle de son regard doux mais exigeant. Les témoignages de ces jours nous le rappellent avec force : Brieuc faisait le bien autour de lui par son amour de la vie, son humour, et son indépendance d’esprit. Il était en effet sans concessions dans ses idées qui lui valurent probablement des déconvenues au cours de ses études et dans son travail d’économiste. Il a toujours assumé fièrement ses idées parfois contraires aux pensées préformatées. Ces idées n’étaient jamais reçues, mais bien issues d’une réflexion profonde et toujours destinée à faire le bien.

    Arnaud

  19. Avatar de catherine Prade
    catherine Prade

    J’aurais préféré ne pas lire La Croix ce matin, chers Daniel et Françoise! Je pleure avec vous, mais je suis heureuse pour vous que vous ayez eu un tel fils! Vous avez été l’arc par quoi Brieuc fut projeté comme flèche vivante…vers l’infini et il le savait bien ! je vous embrasse
    Catherine

  20. Avatar de anne oudet-drieu la rochelle
    anne oudet-drieu la rochelle

    merci Daniel pour ce blog qui nous permet de vous dire à tous les deux que nous ne cessons de penser à vous ;il nous revient en mémoire le souvenir d’un week end si plaisant passé à Izouard avec vous , quelques amis et ce jeune couple Brieuc et Mado amoureux , serviable ,si proche de nous ,les amis des parents.
    Votre amour de la vie, votre fidélité en amitié chaque fois nous épataient.Bruno et moi avons mal pour vous et la détresse de Françoise a la meme intensité que tout l’amour qu’elle a porté à ce fils cadet. Ce blog nous a permis de relire le très beau texte de Daniel .Quelle émotion, quelle tristesse nous ont envahis ce funeste mardi.Ces mots très brefs adressés à  » Françoise chérie  » étaient bouleversants ( je me suis souvenue d’une lettre de Plutarque à son épouse pour la consoler de la mort d’un enfant). Il est vrai que ces deux petites filles doivent avoir l’image d’un père vivant , aimant , amoureux des beaux paysages, petite étoile brillante dans le ciel. Courage à tous les deux . Anne et Bruno

  21. Avatar de Dominique THOMAS
    Dominique THOMAS

    Bonsoir à tous,
    J’apprends seulement aujourd’hui la disparition de Brieuc, qui m’atterre. J’ai pu apprécier ses grandes qualités humaines lors de plusieurs contacts professionnels au cours des dix dernières années, dans son activité pour Reverdy Associés. Brieuc était quelqu’un qui savait allier la créativité au travail en profondeur, et aussi des convictions fortes à une grande rigueur. Bel équilibre qu’on trouve rarement, le tout associé à une prévenance et une gentillesse extrêmes qui rendaient les rapports professionnels des plus agréables. Ses études sur notre industrie font référence et il a su également les « vulgariser » d’une façon très convaincante et claire, par des présentations à des publics divers mais aussi grâce à des publications dans la presse « grand public » comme Le Monde ou Alternatives Economiques. Ses arguments sur l’importance essentielle de l’activité industrielle dans l’économie d’un pays semblent aujourd’hui bien plus évidentes qu’il y a quelques années. Je m’associe à la douleur de sa famille à qui je souhaite tout le courage pour passer à travers cette épreuve et adresse en particulier un salut amical à Bernard Reverdy. Dominique

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci Dominique de mettre en valeur les qualités de chercheur et de débatteur de notre fils, dans un domaine (l’industrialisation de notre région, les retombées économiques d’une décision…) où nous ne pouvions guère le suivre mais où je sais qu’il posait les bonnes questions, avec une pugnacité qui fait à mes yeux tout le prix du travail intellectuel : Brieuc avait une pensée pratique, dirigée vers des buts. La confusion d’esprit, le ménagement des uns et des autres, la pusillanimité n’étaient pas son fort, et sur ce plan aussi nous étions fiers de lui et il va beaucoup manquer – pas seulement à ses proches.

  22. Avatar de Association d'accompagnement des Personnes Endeuillées Bourgoin Jallieu

    Bonjour Monsieur,
    Je connaissais Brieuc, suffisamment pour avoir passé l’une ou l’autre journée avec lui – même et ses filles (ainsi que avec Marie Madeleine avec laquelle nous avons collaboré intensément à Bourgoin Jallieu). Je suis par ailleurs lectrice de votre Blog, et très ébranlée, touchée par le décès de Brieuc, j’ai été aussi attentive à votre Blog dont je craignais que vous n’interrompiez la publication.
    Présidente par ailleurs d’une Association d’Accompagnement des Endeuillés à B.J., je souhaiterais, lors de notre Prochaine Réunion publique qui aura lieu fin mai avec pour Thème « Le deuil » ( en général), lire après un Exposé théorique et de façon associée à un ou deux témoignages de personnes présentes, l’un ou l’autre extrait de votre texte (en forme de témoignage également d’une personne endeuillée) . Je pense que si vous l’avez publié, vous ne vous y opposerez pas, mais par correction pour vous même et votre famille, je vous remercie de bien vouloir me confirmer cela.
    Je vous adresse ainsi qu’à votre épouse, à titre personnel, mes pensées les plus chaleureuses, je fais partie des personnes qui sans vous connaître ont beaucoup pensé à vous ces derniers mois.
    Dominique MAS

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Bien sûr chère Madame, vous avez mon plein accord, merci pour votre fidélité !

  23. Avatar de de gentil-baichis
    de gentil-baichis

    Par quel hasard je tombe aujourd’hui sur votre blog, sur votre mot d’au-revoir à votre fils…quel mystère. En allant sur le site « Traverser le deuil » j’ai d’abord lu votre article sur le travail du deuil. Il m’a profondément rejointe dans ce que je vis. Je trouve bouleversant les mots que vous avez réussi à trouver pour dire à votre fils Brieuc et à ceux qui vous sont proches, ce qu’il était à vos yeux.
    Tout comme vous, j’ai eu besoin de mettre très rapidement des mots sur la tristesse de devoir vivre sans notre fille. Pour ne pas me déshumaniser, pour rester en lien avec les autres. Nous avons publié un livre avec mon mari « La vie quand même » sorti en février 2013. Nous voulions essayer de raconter aux autres ce qu’est la traversée de l’inimaginable, ce qui nous a aidé, ce qui nous a sauvé. En ce moment, je finis un autre récit « Si ce n’était son absence ». L’envie de dire ce qui nous habite avec le temps qui passe, ce qui nous fait vivre.
    Les mots nous sauvent, nous permettent de nous rejoindre, de cohabiter les uns avec les autres en se comprenant mieux. Ce serait tellement facile de s’enfermer dans nos tours d’ivoire. La vie est là, précieuse. À nous de trouver comment la regarder, avec notre regard transformé par l’absence de celui ou celle qui nous est cher.
    Je suis de tout coeur avec vous, fraternellement oserais-je dire. Ainsi qu’avec votre femme, votre belle-fille et vos petites filles.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Oui, il y a dans les mots mis bout à bout un étrange secours, et une espèce de paix (très fugace) peut venir par là. J’ai lu la semaine dernière un livre assez bouleversant, « Tom est mort » de Marie Darrieussecq, le connaissez-vous ? L’étonnant est que cette jeune femme n’a pas connu directement le deuil dont elle parle si bien, mais qu’il s’agit du deuil de ses parents à la mort de celui qui fut (trois jours seulement) son grand frère. J’en parle un peu dans mon dernier billet posté hier, je vous recommande ce livre grave et profond.

  24. […] ” … tu étais un farouche opposant du TGV Lyon-Turin, gabegie financière où tu voyais surtout la collusion des intérêts politiciens. Tu étais très sévère pour certains projets ou décisions de nos élites, tu ne mâchais pas tes mots, tu ne ménageais pas la chèvre et le chou. Les promoteurs du TGV peuvent aujourd’hui soupirer d’aise, tu ne leur mettras plus de bâtons dans les roues. … ” http://media.blogs.la-croix.com/brieuc-in-memoriam/2014/02/05/ […]

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Peut-on parler d’une victoire posthume ? Merci Bernard !

  25. […] ” … tu étais un farouche opposant du TGV Lyon-Turin, gabegie financière où tu voyais surtout la collusion des intérêts politiciens. Tu étais très sévère pour certains projets ou décisions de nos élites, tu ne mâchais pas tes mots, tu ne ménageais pas la chèvre et le chou. Les promoteurs du TGV peuvent aujourd’hui soupirer d’aise, tu ne leur mettras plus de bâtons dans les roues. … ” http://media.blogs.la-croix.com/brieuc-in-memoriam/2014/02/05/ […]

  26. Avatar de JBB
    JBB

    Monsieur Bougnoux, c est avec beaucoup d émotion que j apprends cette triste nouvelle avec beaucoup de retard. Je cherchais des nouvelles de Brieuc sur le net car je pensais à lui aujourd’hui. Il a été mon second alors que j’étais chef de patrouille chez les Scouts pendant un an. J ai un excellent souvenir de lui: très sympa, drôle, très dévoué et simple…. Après avoir quitté la patrouille, il m avait invité à passer un week end avec les Jaguars dans le massif de Belledonne. C est à ça que je pensais aujourd’hui hui…. J ai bien connu Sylvain qui a été mon CP pendant 2 ans et je pense bien à lui ainsi qui à vous et votre épouse. Nous nous étions rencontrés à plusieurs reprises dans le cadre de la troupe. Je vous transmets toutes mes pensées et vous redits l excellent souvenir et le mot est faible que je garde de Brieuc.
    Jean-Blaise Baron

  27. Avatar de Cécile d'Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    … en pensėe ! Encore et toujours.

  28. Avatar de Frédéric LAVAL
    Frédéric LAVAL

    Monsieur et Madame Bougnoud,

    2014 est déjà loin, je ne voudrais pas raviver de la douleur, mais juste vous faire part de mon amitié car je viens de découvrir avec stupéfaction, « grâce » à internet, que Brieuc s’en était allé en ce 31 janvier 2014.
    Comment suis-je arrivé sur ce blog ?… en fait je cherchais une société qui fait des outils de communication, je vais sur une page avec des logos, je tombe par hasard sur celui de « Reverdy associés », et du coup je repense à Brieuc, et je me dis « tiens je n’ai plus eu de nouvelles depuis longtemps »… une petite recherche « Brieu Bougnoud » (j’oubliais toujours le « c »), et me voilà sur cette page…

    En fait, je suis juste un ami de Brieuc, un compagnon d’une course en montagne, c’était il y a déjà longtemps. Notre première rencontre doit dater de 1996. Elle est mémorable dans son déroulement… Nous étions invités par Nicolas Mayaud (cela doit vous parler je suppose), pour son anniversaire, à aller randonner à ski sous les pentes du Rognier en Belledonne. Nicolas nous avait mis en relation car nous étions tous les 2 à Grenoble, et je pouvais le covoiturer, moi qui venait d’avoir mon premier travail, avec ma Super5. Le RV était donné chez moi le matin tôt, mais j’avais eu une panne de réveil. C’est Brieuc qui m’avait réveillé en toquant à la porte, et j’avais découvert son grand sourire et sa joie de vivre, tout embêté qu’il était de m’avoir réveillé… Après m’avoir aidé à émerger, un petit dej rapidement avalé, nous avons sauté dans la voiture pour rejoindre le groupe au départ de la randonnée. Mais il était clair que nous aurions du retard, et qu’il fallait imaginer un parcours qui nous permette de retrouver le groupe en haut. Nous avons regardé la carte, et comme quand on prépare une course de montagne, nous avons imaginé un raccourci par la crête du Chapotet, par une jolie ligne de moyenne montagne. Avec un bon rythme, par une belle journée ensoleillée, nous étions en haut au moment où le groupe sortait de la forêt, et fiers de notre opération, nous étions aller tracer un peu plus haut du côté du Grand Canal sous le sommet. La neige était bonne, épaisse, c’est Brieuc qui, plus aguerri que moi en ski de rando, m’avait dit « on s’arrête ». Il avait probablement compris qu’il n’était pas utile d’aller se frotter plus aux pentes du Rognier. A la descente, j’étais presque handicapé par autant de poudreuse, alors que lui « godillait » allègrement. En fait, il a été le premier à m’expliquer comment profiter de cette manière de la peuf, en rebondissant à chaque virage, ou comme il disait « en sautant la bosse qui s’offre devant toi à chaque virage profond ». Depuis ce principe ne m’a jamais quitté l’esprit… ni cette belle pente sous le Rognier. Sous le col de la Perche, nous nous étions fondus dans le groupe qui pique-niquait et avions passé un très bon moment, complété par une soirée chez Nicolas à Chambéry.
    Dans les mois qui ont suivi, je crois que nous avons dû nous recroiser sur Grenoble, mais la vie ne nous a plus amené à rééditer d’exploit montagnard.
    J’ai surtout le souvenir d’avoir recroisé Brieuc dans le cadre de mon travail (bureau d’études en aménagement du territoire), dans les années 2006, car il avait fait une expertise économique en sous-traitance pour un collègue. Et puis nous avions partagé un déjeuner, à la cantine du Self du Tour de l’Eau à St-Martin d’Hères où il passait de temps en temps il me semble, à moins que nous nous soyons donnés rendez-vous. Bref, c’était encore un moment très agréable en compagnie de Brieuc, à parler de nos familles en construction, de nos copains, et notre randonnée initiatique.

    Voilà, j’espère que je ne vous embête pas trop avec ce message. La vie c’est des rencontres, et Brieuc était une belle rencontre, quelqu’un qu’on croise et avec qui on grandit, juste une journée, un instant. Merci Brieuc, nous te portons en nous.
    Mes amitiés à Mado, que je ne connais pas, à ses filles Mathilde et Alice

    Amicalement,
    Frédéric LAVAL

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Hélas Frédéric, votre commentaire ravive tant de souvenirs… Il n’y a plus de « M. er Mme Bougnoux », Françoise la mère de Brieuc est morte de chagrin deux ans plus tard. Et c’est vrai que nous avions en Brieuc un garçon exceptionnel. Ses deux fillettes grandissent, et Mado comme on dit a refait sa vie. Comme moi de mon côté. Bien cordialement à vous, Daniel B.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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