Alain Badiou au miroir d’Aragon

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L’un des éminents philosophes de nos soixante dernières années vient donc de consacrer un petit ouvrage (65 pages) à la poésie d’Aragon, à partir d’une conférence longtemps retardée, d’abord prévue au Moulin puis prononcée au siège du PCF, à laquelle je n’avais pu assister mais que chacun peut désormais consulter, sous le titre Radar poésie, dans la collection blanche de Gallimard.

Au plus court, je dirai que j’ai lu (trois fois) ce livre avec un mélange d’intérêt et d’irritation. Badiou est évidemment le premier, le seul à se pencher sur Aragon, et il ne cite donc aucun des travaux disponibles. Mais il éprouve face à ce géant qui le dépasse une réelle fascination, on sent le philosophe bluffé par Aragon, et cette circonstance rare est une première raison d’ouvrir cet ouvrage. Qu’y trouvera d’essentiel le profane ?

Un bon quart du texte consiste en citations, parfois très connues, parfois inattendues et qui s’affrontent au dur : à des poèmes de bravade ou de provocation (extraits de « Front rouge », ou de La Grande gaîté), mais aussi d’une allégeance qui semble navrante (« Salut à toi Parti ma famille nouvelle », dans Les Yeux et la mémoire de 1954), textes bien faits pour exciter la réprobation parmi « la cohorte avinée des ‘nouveaux philosophes’ » , ironise l’auteur page 26. Aragon comme Hugo n’avait rien à faire de la bien-pensance, et il traça résolument son chemin à l’écart, sans ménagements – un chemin semé de quelques insurpassables chefs d’œuvre, comme « Strophes pour se souvenir », poème rebaptisé par Ferré « L’Affiche rouge » et cité ici pour l’urgence de faire entendre un des monuments élevés dans notre langue aux combats de la Résistance, ou encore l’ « Epilogue » des Poètes (1960), poignante adresse à la jeunesse où Badiou relève très justement comment Aragon y fait « tenir ensemble la fidélité, le renoncement et la promesse, ou encore la victoire et l’inévitable recommencement » (page 45).

Je partage ces choix, mais je ne le suivrai pas en revanche dans son admiration sans borne pour le poème liminaire des Yeux d’Elsa (1942), reproduit in extenso car « il fait partie de mon Panthéon personnel, et ce depuis mon adolescence. Je l’ai connu par cœur (…) » (pages 38-39). Poème certes riche en vers d’une grande beauté, mais qu’on peut aussi trouver d’une insupportable préciosité, et je rappellerai à ce sujet une anecdote : il y a bien des années, une collègue m’avait invité à prendre la parole dans sa classe de première du lycée Sévigné à Paris, Les Yeux d’Elsa se trouvant au programme du bac de français (c’est François Bayrou, alors ministre, qui l’avait imposé je crois). Cette femme charmante crut bien faire en ouvrant la séance par un document sonore exceptionnel, un enregistrement d’Aragon lisant son poème, « Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire (…) ». J’entends encore l’emphase, la grandiloquene de la voix, et à mesure la consternation, le refus boudeur sur les visages des jeunes gens ; je n’eus pas trop de l’heure suivante pour effacer l’effet de cette fatale ouverture, et les persuader qu’Aragon ce n’était justement pas ça ! Mais la pente fut difficile à remonter.

Les choix de Badiou me semblent révélateurs de sa propre personnalité, il aime l’emphase, les prises de position tranchées, voire irréductibles ; Aragon flatte ou justifie chez ce philosophe une passion doctrinaire, une esthétique de la rupture bien attestées en effet dans cette œuvre, mais auxquelles on ne saurait la réduire. Badiou pose comme une trouvaille (j’en traite depuis trente ans) la triple tresse du politique, de l’érotique et du poétique hors de laquelle on comprend mal, en effet, ces constructions savantes voire parfois extrêmement complexes et sophistiquées : le Parti, Elsa, la poésie sont des causes partout enchevêtrées, avec des dosages variables mais que les grands poèmes font tenir ensemble. Il conviendrait d’ajouter, Badiou le suggère mais n’y insiste pas assez, que ces trois causes sont des occasions de fêlure, voire de torture qui donnent à ces poèmes leur coloration assez souvent tragique : « Mon bel amour mon cher amour ma déchirure », Aragon chérit explicitement ce qui le déchire, et ceci sur le triple plan de sa relation à Elsa (ou déjà à Nancy Cunard), de son engagement politique (jamais renié mais source de tels doutes, de telles souffrances), et de son écriture, virtuose toujours mais on blâme l’acrobate, et lui-même se décourage parfois devant le peu de réalité, le peu de conséquences de ces monuments de papier… Le questionnement sur la vanité d’écrire confrontée au projet réaliste, son résultat ambivalent qui toujours oscille du tout au rien, accompagne le labeur de sa plume comme son ombre portée jusqu’à produire des propos de lassitude, d’amère dérision, voire des gestes de lacération quand il livre carrément aux flammes, à Madrid en 1927, le manuscrit de La Défense de l’infini.

Badiou accompagne l’art d’Aragon dans sa technicité, il relève l’ingéniosité des rimes sans bien comprendre (page 38) l’invention de la rime enjambée qu’Aragon mit en œuvre à partir du Crève-cœur (1941). Il propose une belle analyse de la patience imposée, et montrée en acte, dans l’Epilogue des Poètes où les longs vers de vingt pieds font attendre démesurément la rime, comme le militant attend la réalisation des promesses… Il salue à plusieurs reprises la prouesse du chant, qui s’accorde au « mot d’ordre communiste d’une vocation populaire de l’art » (page 49). Il ne s’attarde pas aux souffrances d’Aragon : dans quelle mesure par exemple le poème longuement cité des Yeux et la mémoire, « Comment l’eau devint claire », répondait par la dénégation et une surenchère de fidélité à l’outrage vécu lors de l’affaire dite « du portrait de Staline », où le dirigeant des Lettres françaises comprit à quel tenace ouvriérisme, à quel fond de rancune de classe son ouverture culturelle se heurtait… On ne peut sonder la poétique d’Aragon sans examiner, je crois, à quel point dans son engagement il en aura bavé. Et sans citer les vers très explicites de souffrance et de désespoir qui parsèment Le Roman inachevé, avant d’exploser dans Le Fou d’Elsa. Deux monuments absolus du massif poétique aragonien, auxquels Badiou ne fait que de superficielles allusions.

Les poèmes du grand âge en revanche le sollicitent davantage, parce qu’ils le touchent personnellement ? J’aurais aimé, puisqu’il avait commencé son étude en citant Lacan (par une coquetterie sans grand fondement), que Badiou examine avec rigueur la dernière époque d’Aragon et son virage homosexuel, « la nouvelle forme du même rapport désirant au monde, rapport tenu longtemps dans la discipline créatrice des objets, dans la sévérité de la discipline communiste, dans la souveraineté d’Elsa »… Qu’est-ce à dire, Elsa = réalisme = PCF, c’est aussi simple que cela ? Mais Badiou enchaîne « et puis, devenu solitaire, s’abandonnant à la multiplicité du monde, sans rien défaire, sans rien renier, sans rien abandonner. Mais toujours libre (…) ». Cette rencontre avec la multiplicité du monde n’a pas attendu les dernières années, que dire du Paysan de Paris, du cycle des grands romans et, notamment, de La Semaine sainte ? Mais Badiou ne cite aucun de ces titres.

Il rapproche en revanche Aragon de Samuel Beckett et de son « Je ne m’arrêterai jamais, jamais », sans dire qu’Aragon lui-même lui rend un singulier hommage dans Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit. Mais à combien de prédécesseurs, de successeurs ou de miroirs Aragon n’aura-t-il pas rendu hommage, au cours de sa tumultueuse existence ? Celui que lui adresse ici notre philosophe ne manque pas de pertinence, ni d’émotion, mais c’est un document sur Badiou autant que sur Aragon, une belle, une nécessaire rencontre qu’on aimerait moins furtive.

      

25 réponses à “Alain Badiou au miroir d’Aragon”

  1. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonjour, sous l’arbre de mai ou à songes!

    Mais justement…C’est pas ces deux mots que se termine la conférence donnée par Alain Badiou sur Aragon.
    Des livres et des chansons, on en connaît. Et puis l’on retient ce que l’on veut ou ce qui nous arrange!
    Se retirer du monde pour ne pas se faire engloutir et en même temps faire partie de cette mer dont nous sommes « composants » ce n’est pas si facile…
    Dans le numéro Hors-série de l’Humanité, intitulé « Le feu d’Elsa » nous ne trouvons pas la signature d’Alain Badiou (Merci Isa de m’avoir envoyé si gentiment cette publication)
    Dans une autre revue traitant de la French Theory et ses avatars, la très savante directrice de la publication traite longuement avec beaucoup de perspicacité des habits neufs d’Alain Badiou et termine son argumentaire par une citation de l’Epître aux Colossiens, chapitre 2, verset 8 : « -Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire en esclavage par le vain leurre de la « philosophie »- » (Merci à son papa de m’avoir offert ce premier numéro de {L’autre côté})
    Tout ça pour faire quoi, au juste?
    Pour ne pas faire comme « Monsieur Tout-le-Monde » dont la voix du poète quelque part portée par une belle anagramme, lui dit : « Tu es le mouton endormi ».
    Platonicien raffiné, Monsieur Badiou, notre saint Paul de la philosophie contemporaine, doit bien savoir que la science dont il s’inspire, ne peut se limiter, d’après le physicien, à la Nature du penseur grec ni au dieu inconnu que l’apôtre croyait si bien connaître.
    Le réel profond, caché, reste une aventure, une sacrée aventure…Mais si justement!
    Quelque chose à inventer, peut-être…

    Kalmia

  2. Avatar de Luc
    Luc

    Belle chronique cher Daniel. ! C’est une conférence singulière en effet, qui commence par une mise en équation assez obscure et qui s’achève sur un auto-portrait émouvant, au point qu’il faut relire l’ensemble dans cette perspective, celle de l’exopolitique. Au bout du compte, un double portrait Poésie / Philosophie et un texte-mémoire qui rend hommage à l’incontournable. J’en ai rendu compte, un peu moins sévèrement que toi, dans mon dossier Aragon paru dans Quinzaines ce mois-ci:
    https://www.nouvelle-quinzaine-litteraire.fr/mode-lecture/sommaire-1255

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Ai-je été sévère avec Badiou ? Je ne sais pas. Dans son livre « Le Siècle », il définit le XX° par la passion du « réel » ; je m’attendais, à partir de là, qu’il interroge et mette en perspective le réalisme professé par Aragon. Mais ce n’est pas son propos, qui m’a semblé éclectique, et sans grand bénéfice ni pour la philo ni pour Aragon. Or, cette oeuvre appelle une interrogation philosophique, nous nous y sommes employés dans un séminaire de l’ITEM avec toi, Georges Sebbag, Jean-François Rabain…, Badiou ne nous aide pas beaucoup. Voilà, c’est tout ; sinon je reconnais que son livre est plaisant à lire, et bienvenu, mais de Badiou j’attendais quelque chose de plus fort…

  3. Avatar de Gérard
    Gérard

    Bonjour!

    Bien sûr, vous travaillez ensemble, si l’on peut employer cette expression!
    Juste une ou deux petites questions :
    Le numéro de « Quinzaines » de ce mois-ci qui contient le dossier Aragon, réalisé par Monsieur Vigier, est-ce bien le n° 1255, comme mentionné dans le lien indiqué par l’auteur, en son commentaire d’hier?
    Il y a aussi le n° 1235 consacré aussi à Aragon, de l’aprilée dernière.
    J’ai bien aimé le texte couleur « lilas » de Monsieur Rabain : »Aragon et la représentation de l’absence. »

    Si par chance, il lit ce court commentaire, j’aimerais lui demander s’il y a une raison particulière pour écrire Zeitloss avec deux s ? _ :

    « Cet « autre » d’Aragon apparaît comme démultiplié, fragmenté, éclaté dans le temps, un temps zeitloss, le hors-temps de l’inconscient. Le roman est comme un songe. « Je ne suis pas seul sur cette terre des songes, où ce qui fut et ce qui sera se confondent en ce qui est », écrit Aragon dans Murmure. » (Fin de citation)

    Je ne sais si notre estimé maître randonneur va trouver le hasard troublant, mais à propos de cette lettre apparemment supplémentaire, j’ai reçu, hier, un message fort intéressant du Directeur de thèse de la savante directrice de publication mentionnée par Mme Kalmia, dans son dernier commentaire. Parlant de Casanova de Seingalt, l’universitaire parisien aidé de l’un de ses chevronnés collègues, spécialiste de l’écrivain, m’écrit :
     » – Selon lui, cet anagramme est bien dans la tradition casanoviste, qui a aussi relevé que le champ des possibles ouverts par « Seingalt », en la matière, comporte un suggestif « genitals ». — « (Fin de citation)
    Mais ici le s final ne semble pas faire sens. (Ce mot n’est pas français!)
    Je vous laisse, entre vous, méditer sur ce « Cas d’évasion galante » qui nomme par une renversante anagramme le prisonnier des « Plombs ».

    Merci de votre aimable attention et de votre éclairage.

    Bonne nuit.

    Gérard

  4. Avatar de Luc
    Luc

    Bonjour Gérard ! Merci d’avoir relevé cette erreur (le lien se termine étrangement par 1255). Il s’agit bien du numéro 1235 de Quinzaines, d’avril 2021. 🙂

  5. Avatar de m
    m

    Bonjour!

    Pour Aragon les ténèbres sont des étoiles (Les oiseaux déguisés) et Mme Maryse Vassevière nous invite à explorer « une leçon de ténèbres dans le langage » (Atelier Théâtre/Roman). Mais la culture, ici, va toujours dans le même sens, ce sont les mots des universitaires qui dominent, c’est la culture en somme de l’hégémonie de l’intellectuel de la ville. Et quand l’excellent Monsieur Trassard, de Saint-Hilaire-du-Maine, parle du monde rural qui s’en va, il donne conférence à Paris…

    Pourquoi pas? Mais nous ne traversons toujours pas le mur d’en face et comme dirait quelqu’un « ça tourne en rond »…Et rien ne change!

    Je viens de rouvrir le célèbre essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, de Jacques Monod « Le hasard et la nécessité »

    Au dernier chapitre intitulé « Le Royaume et les ténèbres », je lis : « Dans l’éthique de la connaissance, c’est le choix éthique d’une valeur primitive qui fonde la connaissance ». Je rouvre dans la foulée La Sainte Bible du cardinal Liénart qui contient une Introduction générale de Daniel Rops, de l’Académie française. A la page 1255 ( chapitre 12, verset 35 de l’évangile de Jean), je lis : « marchez tant que vous avez la Lumière, de peur que les Ténèbres ne vous surprennent, car celui qui marche dans les Ténèbres ne sait où il va »

    La fée électricité est passée par là et c’est elle qui m’éclaire pour écrire ce commentaire et c’est elle qui va le transporter entre la pluie et le beau temps pour qu’elle arrive à bon port.

    Ce chemin de randonnée n’est-il point quête de luciole dans l’Erèbe environnant?

    « Il n’est pas de lumière sans ombre » (Aragon). Et qui se profile dans la danse foisonnante des lettres, quand par de renversantes anagrammes, chères à l’artiste et à l’homme des sciences dures, « la vitesse de la lumière » – « limite les rêves au delà » / « et les particules élémentaires » – « tissèrent l’espace et la lumière »? Le hasard, bien sûr, le pur hasard. Mais depuis le temps qu’il se balade incognito, tout de noir vêtu, celui-là, on aimerait bien savoir qui il est exactement!

    En février mil neuf cent soixante quinze, René Alleau dans « La Quinzaine littéraire » invitait son lecteur à se mettre à table autour de fins mets gnostiques importés de Princeton, pour renouveler les saveurs de la gastronomie scientifique et de la cuisine philosophique de notre temps.

    En cet enfer moderne, une alchimie du verbe, si tant est qu’elle fût digeste, peut-elle être efficace?

    A nos allumeurs de réverbères reconnus de répondre, sans quitter leur île!

    Bien à vous

    m

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Mais, cher M., chaque homme est une île, et ne peut tout-à-fait s’en échapper, même s’il y a des passerelles, des points de contact… Et « tourner en rond », je l’ai dit ici, est aussi le radical de « la recherche » (= ricercar, une forme musicale par ailleurs bien connue de J.-S. Bach). Vous citez « Les oiseaux déguisés », un très beau poème d’Aragon mis en musique par Jean Ferrat, à écouter sans modération ! Belle journée…

  6. Avatar de MG
    MG

    Bonjour!

    C’est une bien belle réponse que vous avez faite à m…Monsieur Bougnoux.

    Elle m’a incité à relire votre billet du 28 / 08 / 2017, où vous écriviez :

     » Les soi-disant chercheurs ne sont pas à l’abri de cette dégénérescence, qui transforme quelques premières trouvailles en rabâchage et en obstacles épistémologiques : ils ont fait l’effort d’arriver là, on ne les en fera plus sortir. Combien d’artistes de même tournent en rond ! (Tourner en rond, ricercare, est d’ailleurs l’étymologie du beau mot de « recherche », à laquelle le roman lui-même circulaire de Proust a donné toute son ampleur.) »

    Dans la ronde ailée du temps (anagramme de la madeleine de Proust), si j’ai bonne remembrance, il me semble que c’est une dame au style raffiné et nuancé, du Val d’Oise, qui a repris cette expression « Tourner en rond ». A cette époque, je crois, elle était dans la ronde des commentateurs et son pas de côté, était particulièrement apprécié.

    Mais allons plutôt refaire un tour du côté de chez Wikipédia pour en savoir un peu plus et revoir notre cher Woody :

    « tourner en rond , locution

    Ne pas progresser, resté bloqué quelque part ou dans une situation dont on n’arrive pas à trouver l’issue.

    Exemple : « Si les soucoupes proviennent d’une autre planète, pourquoi leurs pilotes n’ont-ils pas tenté d’entrer en contact avec nous au lieu de tourner en rond autour des contrées désertiques ? » (Woody Allen) » (Fin de citation)

    Il y a aussi les empêcheurs de tourner en rond…Une maison d’éditions où
    François Dagognet a publié « La subjectivité »

    Dans le n° 48 de « Médium » qui lui est consacré, on observe votre absence / présence.

    Ricercare. Dans un livre de J-P Dupuy, cette forme contrapuntique a voix au chapitre. J’ai reçu, un jour, une réponse argumentée d’un mélomane à ce sujet.

    Ah, l’île entre le ciel et l’eau! Dans un petit livre qu’il a écrit avec A. Finkielkraut, et qu’il m’a gentiment envoyé entre lecteurs de « Médium », Paul Soriano écrit dans sa conclusion :
    « Peut-être faudra-t-il passer par ces espaces clos, ouverts sur l’infini, par ces îlots, pour entreprendre une reconquête (…) » (Internet, l’inquiétante extase », page 93)

    Enfin, on peut toujours rêver de passerelle, fût-elle brin d’herbe en guise de promontoire!

    Rêver avec Gaston Bachelard, bien entendu! Sa « poétique de l’espace » se termine par un chapitre consacré à la phénoménologie du rond.

    Une façon comme une autre pour ne point quitter son arbre…Arbre rilkéen dans l’album du concret.

    « Arbre qui peut-être/ Pense au-dedans / Arbre qui se domine / Se donnant lentement / La forme qui élimine/ Les hasards du vent! »

    Bonne nuit et bon réveil avec ou sans la réponse à la question tournante du cinéaste.

    MG

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Je crois que la maison d’édition, qui était créée et soutenue par un labo pharmaceutique (Sanofi ?) s’appelait « Les empêcheurs de penser en rond », j’y ai moi-même publié les actes d’un colloque de Cerisy consacré à « l’Hypnose (Suggestion, influence, transe) », du temps de Philippe Pignarre.

  7. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Ricercare ? Pour ma part, ce qui renvoie à «  explorer » . Ce qui implique de sortir du halo de son réverbère personnel. Et puis, oser dire que «  mon » tourner en rond signifie que je commence à m’ennuyer avec des répliques qui avancent toujours les mêmes thèmes ou argumentaires, à l’appui des mânes des mêmes écrivains
    Effectivement «  Ricercar» est utilisé comme ancienne forme musicale instrumentale de la Renaissance et du haut baroque. Je lis sur Wikipédia «  Contrairement à la fugue qui exploite un thème de façon systématique, le ricercar utilise différents tableaux sonores, parfois sans lien thématique / …/ encore employé durant le 18ème siècle à propos de certaines fugues de Jean-Sébastien Bach.

    Écoute à proposer de «  L’offrande musicale «  de Bach …

    Des propos « en rond » pour seulement se cogner à nos représentations personnelles. Ce que je cherche ici et ailleurs, c’est l’envie de briser le mur de verre des images mentales qui m’enferment. Cet effort donnant droit et place à l’ouvrier des fonderies de l’usine Renault dont je connais la culture autodidacte comme à l’universitaire chevronné. Et dans cette randonnée, moi- même en marche, cahin-caha …. Y repérer ma critique dans ce «  tourner en rond «  ? De Pierre Augustin Caron de Beaumarchais : «  Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur / … /.

    Andiamo ! …. cher Daniel. Ne nous attardons pas à trop de flatteries pour ouvrir largement nos plafonds de verre !

    Temps mouillé, je reviendrai pour évoquer Alain Badiou et Aragon. Aragon et /ou Badiou ? Écrire, c’est toujours de soi que l’on cause. Et que cette fois encore, m, M , G et K ne me tiennent pas rigueur de mes propos effrontés.

  8. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    PS. Et pour ne pas conclure … Salut cordial à MG qui a randonné cette nuit. Le ciel bas du jour nous apporte la pluie. Je vais cuisiner des tomates farcies pour réchauffer l’atmosphère. J’ai failli utiliser le verbe «  embaûmer / embaumer » Quelle différence avec ou sans l’accent circonflexe ?

  9. Avatar de MG
    MG

    Vous avez tout-à-fait raison, ce sont les empêcheurs de penser en rond, cette maison d’édition où ont publié, notamment au début, I. Stengers et L.Chertok.
    Dans un magazine des sciences de l’Isère, on trouve ce titre :
    « Ruminations : quand nos pensées tournent en rond »
    Et Mme Cécile d’Eaubonne (J’avais oublié son nom) sans flagornerie aucune, a écrit là, un bien juste commentaire. Sortir de son île nécessite pourtant d’y rester. Allez comprendre quelque chose à cet oxymoron, braves gens!
    Et rien ne dit à notre jardinière des banlieues que les mânes ou la présence obombrante de nos écrivains disparus, soient des ectoplasmes flottant dans l’air du temps.
    Tenter d’y voir clair dans l’obscurité, c’est déjà un pas qui est loin d’être négligeable.
    C’est aller sans doute un peu plus loin qu’un stand de vitrine de l’association des écrivains paysans où l’autodidacte qui vend ses livres, comme les autres, nous ennuie à mourir. Mais rien n’empêche de continuer son chemin et d’aller plus loin sans mot dire, sans maudire.
    Ce matin, les pieds dans l’herbe mouillée, j’aperçois quelqu’un me faisant signe…
    Un policier retraité qui voulait se lancer dans l’aventure…des mots.
    Il est reparti tout heureux avec sa feuille de route.
    La vie tout simplement.

    Bien cordialement

    M G

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Le nom du regretté Léon Chertok que vous mentionnez me rappelle une bien étrange figure, qui se conduisait à Cerisy comme un tsar, ou un barine dont nous étions les âmes mortes… Et ses disciples ne m’ont pas vraiment éclairé – mais l’hypnose est une question tellement obscure !

  10. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Bonsoir!

    Tout d’abord, Madame Cécile, Monsieur MG n’est pas le seul à randonner nuitamment. On peut aussi trouver un certain repos à faire fonctionner nos neurones à trois heures du matin.
    Je reviens sur votre judicieuse question d’orthographe.
    Pourquoi, diantre, chère Madame, poser l’hirondelle de l’écriture sur le verbe « embaumer »? On pourrait aussi se demander si l’on ne pourrait pas mettre deux l au petit nom charmant de Cécile!
    La féminisation des mots, l’écriture inclusive, la réforme de l’orthographe…
    Tout cela se tient dans le courant de laxisme et de médiocrité où les notions d’effort et d’autorité sont bannies…On laisse faire et ce n’est pas un bel article à contre-courant de Régis Debray qui va changer la donne.
    Que font le Ministère, la famille? Ils laissent filer et défiler.
    Voyons ce qui se passe autour de nous, quand même!
    Quand Mamie et Papy font de la résistance, c’est désormais pour déambuler dans la rue avec des pancartes remplies de fautes d’orthographe. Ce n’est pas pour élever la culture de leurs petits-enfants, les yeux rivés sur leur tablette.
    Alors, l’accent circonflexe en tel contexte, chère Madame, on s’en moque comme de notre première chaussette.
    Mais entre nous, on peut regarder la chose de plus près en se référant, comme vous, au dictionnaire électronique.
    Voici un extrait d’un site reconnu très sérieux en la matière :

    « Toujours à la forme interrogative, et toujours pour des raisons de sonorité, un accent grave apparait à la première personne au présent de l’indicatif lorsque le verbe se termine par un « e ». Par euphonie, « e » est remplacé par « é » ce qui donne: « embaumé-je ? ». » (Fin de citation)

    L’accent grave sur « embaumé-je » n’apparaît pas et le chapeau sur « apparaît » non plus. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi, un détail ça veut dire beaucoup! Gaston Bachelard, une référence pour vos thuriféraires, dans sa « Poétique de l’espace » où le jardin est à la page fait du détail le signe d’un monde nouveau.
    Tout le monde fait des fautes – et moi, la première – mais tout le monde ne cherche pas à s’amender, vous comprenez!
    Je vais de ce pas descendre dans mon jardin pour y cueillir le romarin.
    On ne sait jamais, dans la république des âmes mortes, nos mânes attendent peut-être « le facteur temps ».  » – « Et c’est le parfum », semblent répondre en chœur ses quatorze lettres, embaumant l’espace de cette fenêtre, par ce jeu de l’être.

    Kalmia

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Jeu de l’être, jeu de lettres, splendide homophonie chère Kalmia ! Mais où notre Régis national a-t-il traité de la réforme de l’orthographe ?

  11. Avatar de Jfr
    Jfr

    Mon commentaire
    Merci à Gerard pour son commentaire : « Si par chance, il lit ce court commentaire, j’aimerais lui demander s’il y a une raison particulière pour écrire Zeitloss avec deux s ? « . RÉPONSE : » Oui c’est un lapsus. La langue allemande m’effraie toujours. Je vois des SS partout! ».

  12. Avatar de jfr
    jfr

    Mon commentaire:
    A propos de « Radar poésie, essai sur Aragon » d’Alain Badiou.
    Je citerai d’abord ce qu’écrit Daniel Bougnoux dans son introduction du Tome 1 de La Pléiade des oeuvres romanesques d’Aragon :
    « Chacun taille dans ses textes et leur emprunte selon ses goûts et sa mesure » (page IX). C’est bien le cas pour ce texte d’Alain Badiou qui nous propose sa propre lecture et aussi ses émotions de jeunesse en citant « L’Affiche rouge » et in extenso « Les yeux d’Elsa », poème qui fait partie de son Panthéon personnel, écrit-il (p. 38/39).
    « Il faut absolument au poème (ou au poète) une cause qui l’expose à un risque dont le poème est à la fois l’exposé et la conjuration, l’éloge et le tourment », écrit Alain Badiou. On retrouve ici Michel Leiris et sa célèbre formule de La littérature considérée comme une tauromachie, préface de « L’Age d’homme ». Le risque est bien celui-là. Seule la corne acérée du taureau confère une réalité humaine à l’art de l’écrivain qui, sinon, serait condamné à n’être qu’une vaine « esthétique », anodine et dépourvue de sanction.
    Cette corne acérée, Alain Badiou la nomme « objet-cause », « objet petit a », cause du désir, en référence à Lacan. On pourrait aussi appeler ces objets, des « objets-sources », selon la théorisation de Jean Laplanche, car ils ont en référence l’énigme. Ces objets-sources sont des signifiants énigmatiques, parce qu’inconscients, transmis par l’adulte à l’enfant dès l’origine, qui constituent la pulsion et sont à l’origine du refoulement. Au lieu de diviser en trois ces objets-causes, le politique, l’amour, l’océan du langage, comme le fait très classiquement Alain Badiou pour présenter l’oeuvre d’Aragon, on pourrait davantage interroger les énigmes. Les objets-causes ou les objets-sources « qui furent les causes du désir extatique et tourmenté » (d’Aragon) sont ceux qui ont produit chez lui telle ou telle rupture énigmatique : la mise au feu, le feu de lettres ou de l’être de « La Défense de l’infini » à Madrid, puis le suicide à Venise, de même que la brouille avec André Breton et l’adhésion au Parti.
    On attendrait volontiers une suite à ce « Radar poésie » d’Alain Badiou et aussi l’examen des thèses et hypothèses des très nombreux auteurs et biographes de l’écrivain qui l’ont précédé.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      C’est dans le Séminaire sur « Le Transfert » consacré à Platon, et particulièrdment au « Banquet » je crois (je n’ai plus ici les textes sous la main), que Lacan examine la relation d’Alcibiade à Socrate, où le jeune amant perçoit dans la figure du Silène philosophe des « agalmata ». Je ne sais plus comment est traduit ce terme, qui désigne ce qui dans le regard nous éblouit, tout en nous attirant : un agalma, objet du désir donc, contradictoirement attire et brouille notre vue… Définition de l’objet petit a ?

  13. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Avis à qui veut entendre quelques textes d’Aragon mis en musique et chantés par d’autres artistes que Jean Ferrat. On y entend Léo Ferré, Marc Ogeret, Catherine Sauvage, Francesca Solleville, Colette Magny, Georges Brassens et … d’autres.
    Moins glamour surtout !
    http://www.epmmusique.fr

  14. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Embaumer avec l’odeur du muguet ! Quel joli cadeau …
    L’écolier de 2021 ignore que pour l’hirondelle posée sur le Û, son grand-père aurait raté la première place au concours général d’orthographe.
    Et je n’ose me souvenir, monsieur Kalmia, des coups de règle donnés sur les doigts de trop malheureux écoliers des années 1950-1960.

    Je crois retenir que monsieur R.Debray ait fait bonne leçon à des instituteurs pour la sauvegarde de l’orthographe règlementée et réglementaire. Vous pourriez l’interroger !
    Donc lire pour embaumer, le 3ème tome de la série du Grand Robert, à la page 875.

    L’orthographe ? Une façon plus juste de se comprendre. Une politesse exquise aussi …

    Soyez indulgent pour les oublis et erreurs fautives parsemés ça et là. Je fais seulement de mon mieux.

    Le temps s’en va. Et nous, nous en allons … Les plus jeunes s’occupent autrement, sans coups de règles d’instituteurs ombrageux.

  15. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Oui … dans notre bibliothèque, Aragon et son œuvre poétique. En deux volumes de la pléiade …
    Sans doute trop élégants pour la rumination d’une lecture comme évoquée sur le blog. Et des ouvrages pas réellement adaptés à un trajet en train, métro ou à une séance prolongée dans un bain chaud. Alors endormis les jolis volumes ?

    L’essai sur Aragon ( 65 pages) d’Alain Badiou vient relancer ma soif. Et je suis ravie * ! … Ravie et joyeuse, et pas seulement grâce au rythme suave d’un Jean Ferrat.

    Soif de lire les poèmes, même partiellement. Je continuerai l’aventure dans les beaux livres oubliés de la Pléiade. Soif de mieux comprendre le tressage : Amour, Erotique, Politique.

    Pour moi, une belle randonnée en perspective. S’il vous plaît , Daniel, j’ose espérer que ce sera pour vous l’occasion de vous remettre sur ce ‘tissage à décrypter’. À nous offrir …
    Tout est écrit dans la série des 6 volumes de l’œuvre romanesque d’Aragon ? Pas toujours accessible au lecteur moyen … il y a des trésors à davantage nous partager.

    Le livre de A. Badiou bénéficie d’une mise en page claire, efficace pour la compréhension du propos. Le papier est doux à l’œil, épais et soyeux à la fois. Si mon âme vagabonde sous les mots du poète, le philosophe y apporte sa rigueur et la clarté d’une compréhension plus fine.

    Au lyrisme des propos de A. Badiou fidèle au communisme se superpose ma très petite expérience du voyage en URRS en 1971 avec le désespoir des amis de Tchécoslovaquie, la même année. Je souris pour tant d’audaces. Cependant quel bonheur de lire que l’homme s’exprime avec clarté. Pas encore trop vieux le philosophe érudit ?
    Mais je devrais lire Marx et Althusser. Sans nul doute ? ou bien … ou bien.

    Le temps s’en va, il est plus que jamais le temps de Vivre.

    Soyons heureux dans chaque événement : Aragon m’y invite à nouveau.

    Cordialement aux passants du blog.

    * Pourquoi en 4ème page de garde, aucun rappel des travaux déjà effectués sur Aragon : Oublis volontaires … erreur.

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous soulevez, chère Cécile, la question de savoir ce que Pléiade apporte comme édition. D’abord un concentré en soi agréable du corpus : l’oeuvre poétique d’Aragon tenait en quinze gros volumes dans l’édition (longtemps canonique) du Livre club Diderot, aujourd’hui dans les deux volumes de Pléiade, belle réduction de l’encombrement de nos étagères… Il est vrai que cette dernière édition ne recueille pas tous les commentaires d’ Aragon, publiés en extraits, en revanche chaque opus est copieusement préfacé, annoté…, travail indispensable à une véritable intelligence des textes. On me dit aussi que Pléiade ne se laisse pas feuilleter, que la lecture y est lente… Je suis d’accord qu’il ne faut pas emmener un volume Pléiade au bain, et que c’est également malcommode pour une lecture dans le métro. Mais quelle élégance ce papier bible, ces signets de soie jaune, ces couvertures de cuir incrustées à la feuille d’or – vous ne trouvez pas ?

  16. Avatar de Kalmia
    Kalmia

    Je veux bien répondre à votre question, Monsieur Notre randonneur.
    Reportez-vous, à la page 363 de la « Critique de la raison politique » :

    « L’apprentissage de l’orthographe est peut-être le B.A.Ba de l’esprit d’orthodoxie, mais ce qui est sûr c’est qu’un illettré sera plus facilement victime des docteurs de la loi qu’un alphabétisé » (Reproduction fidèle avec la perle à « b.a.-ba » )

    « Rien n’est plus beau, ni plus utile, que de se soumettre à la règle. Quand tout persuade, autour de nous, qu’on peut s’en passer. Les règles d’orthographe sont souvent absurdes ou arbitraires, chacun le sait, mais elles forment le caractère. Elles donnent de l’énergie, comme un ressort bien tendu, et propulsent dans la liberté. » (Lettre à un ami, Régis Debray – La Nouvelle république du Centre-Ouest, avril 2003)

    « L’Académie française publie sur ces entrefaites une note rappelant la différence entre genre grammatical et genre naturel (…) La fonction est neutre, et dans notre langue, le masculin est générique. Ultime baroud d’honneur d’un machisme caduc?
    L’incident me semble autrement considérable. Le signe de l’actuel renversement des rapports entre l’individu et sa charge. Nos petites personnes, masculin et féminin, tiennent que la fonction officielle dont elles sont investies leur appartiennent en propre, que le rôle doit s’adapter au comédien, avec ses caractères particuliers, et que c’est aux institutions de respecter notre ego et non l’inverse. La Cité civilisée, depuis 2500 ans, reposait sur le postulat inverse.
    Il n’y a pas loin du barbarisme à la barbarie »
    ( Un signe des temps, Médium, n°42, page 181, Régis Debray))

    On pourrait continuer mais bon, on a compris!
    Mieux vaut essayer de ne pas commettre trop de fautes d’orthographe pour les raisons que l’on sait.
    Une chose me paraît sûr…Vous n’accepteriez pas dans votre blogue des commentaires truffées de fautes. Et comme l’écrit justement votre correspondante valdoisienne, professeur dans l’âme, l’orthographe est la politesse de la langue.
    Bonne nuit.

    Kalmia

  17. Avatar de Gérard
    Gérard

    Mon commentaire

    « Le temps s’en va, le temps s’en va, Madame Cécile! Las le temps non, mais nous nous en allons  » Cher Monsieur de Ronsard qui lisait de l’incertain dans l’ombrage de la forêt et que le physicien de notre temps retient pour nous parler d’un calcul de probabilités de la nouvelle mécanique quantique.
    Dans l’espace-temps, qui sera sera.

    Alors qui vivra verra!

    Une autre chanson, peut-être…

    Gérard

  18. Avatar de Gérard Fai
    Gérard Fai

    Bonsoir!

    Je viens de relire le commentaire de JFR du 7 mai suivi de celui du maître du blogue.
    Elsa Triolet disait : « Il est plus facile d’imaginer construire et de construire la base matérielle du communisme que sa base morale ». Alain Badiou en parle peut-être dans son livre que je n’ai pas lu…
    JFR mentionne à bon escient Michel Leiris et Jean Laplanche, pour fortifier, enrichir son propos et l’orienter.
    Pour M.Leiris, il serait impossible, selon ses épigones, de montrer la totalité de l’être (Imaginaire + Réel ne faisant qu’un) dans la platitude. Il lui faut encorner sa réalité et tourner autour du « je »…
    On remarquera que Gaston Bachelard le cite dans trois de ses livres « poétiques » et une lecture sympathique des pages de M.Leiris, nous prouve, dit-il, qu’il y a là un jeu de choses, un jeu de matières. (« La terre et les rêveries de la volonté », page 281).
    Et dans les « Fragments d’une poétique du feu » où Jean Laplanche est mentionné, page 109, G. Bachelard précise qu’à la fin de l’analyse freudienne sur le mythe de Prométhée, la témérité de l’interprétation fait place à la modestie du savoir.
    Et nous voici derechef à la table de Platon avec cette représentation de « l’objet a » ou du désir.
    Dans le séminaire sur le Transfert, le célèbre psychanalyste, maître des lieux, reprend le mot du Banquet, indiqué en son commentaire par notre savant randonneur, pour lui donner une signification analytique.
    Ce n’est pas le moment de pérorer à l’envi sur le tableau synoptique des sept discours du Banquet (Ne dit-on pas que les longs discours font les petites nuits?) Vous connaissez tout cela par cœur déjà.
    Et quand Le parasite est de la partie, on sait très bien, Monsieur jfr, Monsieur Bougnoux, comment se terminent les « Banquets nocturnes » . Je vous en donne la conclusion : « Connais-toi donc toi-même, et jamais un autre » (Michel Serres)
    Cela s’appelle la théorie du quasi-objet où Alcibiade , Agathon et Socrate ont voix au chapitre.
    Quant aux objets et conscience, voyez avec le physicien et vous m’en direz des nouvelles!
    Psychanalyse du feu, en filigrane dans ce commentaire. Et elle est rouge la petite fleur bleue!
    Seulement, à deux pas d’ici, dans les rues d’un village tout proche de fin fond de campagne, ce sont trois voitures qui ont brûlé, la nuit dernière. Triste réalité qui n’est pas celle, j’imagine, de vos « Beaux quartiers », Madame, Monsieur.
    A chacun son monde réel!
    Bonne nuit à tous.

    Gérard Fai

    P.-S : Monsieur JFR, il y a, mais vous le savez sans doute , dans la Revue philosophique de Louvain, des années cinquante, des articles qui traitent de l’esse.

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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Les derniers commentaires

  1. Bonjour. Mettre un point final est la pire chose que nous puissions faire, sauf au seuil de notre mort, comme…

  2. On pourrait aussi bien poser la question, cher J-F R : Comment la France des riches, gens diplômés, bien endentés…

  3. Bonsoir ! Je reviens de Vendée où j’ai vu des gens assis dans une école abandonnée, en train d’écouter religieusement…

  4. OFPRA bien sûr : Office Français de Protection des Réfugiées et Apatrides.

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