Combattre la démesure (2) : la relance convivialiste

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               Le Second manifeste convivialiste, Pour un monde post-néolibéral vient de paraître (éditions Actes sud), sept ans après le premier, et c’est un événement pour tous ceux qui, confrontés aux urgences présentes et à la domination des choix néolibéraux, ne savent plus vers quels remèdes ou quelles doctrines se tourner.

Car il n’est pas question de revenir aux anciens mots en -isme : socialisme, marxisme, anarchisme, libéralisme…, ont fait leur temps et prouvé leurs insuffisances. Aucune de ces idéologies n’est à la hauteur des défis actuels, et le convivialisme ici proposé n’est pas un -isme de plus.

               J’ai, dans deux billets précédents, « Combattre la démesure » et « Pourquoi je viens au convivialisme », déjà présenté ce courant qui, s’il est doté désormais d’un programme, ne constitue ni un parti ni une idéologie. Une somme des réflexions et des discussions, plutôt, issues des livraisons successives de la Revue du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences Sociales) et des écrits d’Alain Caillé, par un groupe d’intellectuels français et étrangers dont on trouvera les signatures à la fin de l’ouvrage. Dans cette liste de trois-cents noms, je relève avec plaisir ceux de chercheurs aussi robustes et respectés qu’Edgar Morin (qui se présente comme « médiologue », heureux effet de sa complicité avec Régis Debray, hélas absent de notre panel ?), Mireille Delmas-Marty, Philippe Descola, Dany-Robert Dufour, Jean-Pierre Dupuy ou Bruno Latour… La pensée ou percée convivialiste n’est donc ni la lubie d’une secte, ni une utopie de café du Commerce. Mais la présentation soigneusement pesée par ce collectif des dangers qui nous assaillent, et l’examen raisonné des remèdes ou des mesures à prendre pour éviter le pire.

Quoique sollicité et tenu informé des différents états du texte, je n’ai pas personnellement participé à sa rédaction, trop occupé par des travaux de déménagement à l’automne dernier ; j’espère me rattraper ici en aidant du moins à la diffusion de cet effort remarquable de synthèse, et de courage intellectuel. Bon nombre de personnes sont en effet partagées, devant l’état de notre monde, entre le déni sceptique (« le réchauffement climatique, quelle blague ! ») et le catastrophisme des collapsologues, deux attitudes qui rendent également impuissants, ou poussent au statu quo. Le premier mérite de ce Manifeste est de nous outiller intellectuellement, et moralement. Oui, les obstacles sont quasi insurmontables puisque le dérèglement climatique, et tout ce qu’il entraîne, n’est pas chose locale mais mondiale : seule une internationale de penseurs et d’acteurs coordonnés peut être à la mesure des dangers. Et le climat lui-même n’est qu’une facette d’un processus multi-factoriel, ancien, qui a pour lui l’évidence de la routine et des recettes éprouvées. C’est contre cette paresse, et ce confort de pensée, que le Convivialisme nous invite à réagir ; ce n’est pas chose aisée, et ce petit livre est tout sauf simpliste.

Reprenons donc ses principales thèses, pour tenter de le mettre comme il le mérite (et l’exige) « entre toutes les mains ». Une première question, celle qu’on se pose invinciblement à l’ouverture de l’ouvrage, est d’évaluer son pouvoir d’entraînement : tout ce qu’il avance est juste sans doute, mais comment propager dans le public, comment étendre ces dérangeantes vérités et transformer ses lecteurs en acteurs ? Car informer ne suffit pas, et les chemins de la persuasion sont obscurs. « Je sais bien, penseront nombre de sympathisants, mais quand même… » L’acte même de la lecture suppose un isolement, sinon une séparation, contre laquelle l’ouvrage s’élève dès ses premières pages en martelant le mot ensemble : écrit par un collectif, le Manifeste s‘attache à en façonner un autre, celui des agents (internationaux) décidés à prendre en mains pour le redresser le (désastreux) cours des choses. Il s’adresse à la foule immense de ceux qui ne demandent pas la lune – mais le respect de leur simple humanité. Par exemple en ne tolérant pas davantage l’abjection de la misère que celle, également insupportable, de l’extrême richesse.

               On a raison d’écrire des livres, d’argumenter et de penser contre le désordre dominant, de se dresser contre ceux d’en face, les tenants de l’idéologie néolibérale, soit d’un capitalisme délivré de ses entraves keynésiennes, et qui recherche désormais le profit à l’état pur. La bataille, insiste le Manifeste, se joue aussi à coups de mots, d’idées, de façon de nommer les choses et de raisonner. Au paradigme ridiculement étriqué de cette économie financière et rentière qui triomphe aujourd’hui partout, il est urgent d’opposer d’autres façons de compter, de désirer et surtout de partager. Urgent de démentir Thatcher et son fameux TINA : « There is no alternative ». (On lira page 12 le résumé lumineux, en six thèses, de ce catéchisme néolibéral qui fait tant de mal, et auxquels les convivialistes s’opposent point par point. Rien ne serait pire, dans la situation actuelle, que d’en rester à une indignation de surface, à une déploration sans cible ni opposants. D’une façon constante, ce petit livre pugnace, et toujours très clair, nomme l’adversaire et le réfute pied à pied.)

Face à une situation d’hégémonie (au sens de Gramcsi), le Convivialisme s’attache donc à construire ce qui pourrait devenir un paradigme alternatif, qui soit à la fois politique, économique, moral ou anthropologique. Projet trop ambitieux ? Il mérite mieux que le dédain ou la moquerie de principe. Imaginez l’ouvrage tombant entre les mains d’un habitant d’une Terre dévastée, autour de 2060, qui découvrirait trop tard, et avec quelle colère, ces avertissements d’une époque où il était encore temps, du temps que les convivialistes avaient raison !

               Car, le Manifeste y insiste, il n’est pas trop tard, et quantité d’initiatives associatives ou de raisonnements parmi nous vont dans le bon sens (on lira pages 21-25 la recension partielle de ces alliés, depuis les travaux du GIEC jusqu’aux AMAP de mon quartier). Une bataille très rude est engagée, qui passe aussi par les idées, qui exige un sursaut philosophique capable de nous faire « sortir du carré » ; ou, comme demandait Nietzsche, une transmutation des valeurs, dont l’émergence demeure incertaine : quelles sont nos marges de chance, de combien de temps disposons-nous encore ? Le premier score à marquer contre l’adversaire, qui veut nous enfermer dans le fatalisme, est d’affirmer qu’il existe une alternative, un autre programme, un paradigme ou une philosophie de substitution (à défaut d’une planète de rechange !) ; il convient d’énumérer les articles de ce programme point par point.

La première des « valeurs » à combattre chez l’adversaire est l’avidité, son affirmation que « greed is good » ou que, par ruissellement, la cupidité des uns fera le bonheur de tous. Le catéchisme néolibéral ne met pas de limites à l’hubris, cette démesure tant dénoncée chez les Tragiques grecs et qui aboutit, par exemple, à une Terre où les quarante personnes aujourd’hui les plus riches ont autant de fortune que quatre milliards d’autres hommes – où un homme peut donc peser ou « valoir » autant que cent millions de ses congénères ! On mesure par de tels chiffres, ou par la carrière chez nous d’un Tapie ou d’un Carlos Ghosn, à quel point les inégalités ont explosé, depuis l’âge classique du capitalisme qui, pour un Franklin Roosevelt, tolérait dans une entreprise des écarts de salaires de 1 à 20. Laissés à eux-mêmes sur un marché où domine l’extrême individualisme, ses opérateurs perdent tout respect du commun, et du sens commun, seul compte un désir qui, très au-delà du besoin, n’a plus de frein dès lors que les hommes se comparent et s’envient mutuellement. L’énigme du désir, quand il caracole sans aucun cran d’arrêt, est au cœur de ce petit livre (à la façon dont René Girard, ou Jean-Pierre Dupuy, en ont fait le pivot de leurs pensées).

J’ai dit que le convivialisme ne s’avançait pas comme un -isme de plus. Il réalise plutôt une accolade entre les propositions des -ismes précédents, il se présente comme leur « fond doctrinal minimum commun », en formulant cet art de vivre ensemble qui valorise la relation et la coopération, de façon à s’opposer sans se massacrer, en prenant soin des autres et de la Nature (page 38). Soit l’énumération des cinq principes (pages 42-45), désormais canoniques, qui fondent ce nouveau paradigme, principe de commune naturalité, de commune humanité, de commune socialité, de légitime individuation et d’opposition créatrice (ces deux derniers principes prévoyant et encourageant même le conflit – dans les limites du bien commun et de la proscription de l’hubris). Le rappel insistant du ou des communs s’oppose donc en tous points à l’individualisme néolibéral.

           Ouvrage où se trouve formulée pour la première fois

la théorie du » ruissellement »

Accolade me semble le mot juste pour résumer l’effet, sur moi, d’un corps de doctrine qui en effet m’accueille ou m’enrôle, avec le sentiment non de l’extrême nouveauté mais d’y reconnaitre un fond ou un fonds anciens, ou résonne l’héritage des Grecs, du christianisme, de Nietzsche (la transmutation des valeurs) et bien sûr et toujours de l’écologie. Différentes sagesses se croisent ici, avec bonheur et profit. Quel bonheur par exemple de rappeler, contre tous les profiteurs à front bas, que la plus grand richesse naît de nos relations intersubjectives, que le don et la coopération nous rendent plus forts que la rivalité de tous contre tous, que le sentiment d’aisance ou de vie bonne n’est pas lié à la richesse comptable, que le calcul économique quand il s’arrête à la valeur marchande est une restriction de pensée qui conduit droit à la géhenne sociale et à l’étouffement psychologique et moral, etc !

Le néolibéralisme, cet analphabétisme politique et social, conduit sur tous les plans notre monde à sa ruine ; le convivialisme en retissant les anciens liens, les anciens soins, nous redonne un abri, une maison hors des eaux glacées du calcul égoïste.

              Alain Caillé

Beaucoup de points seraient à développer dans cette trop courte présentation d’un petit livre majeur, par exemple quand celui-ci renvoie dos à dos la fausse alternative de l’universalisme et du communautarisme (comment convivre avec des intégristes et des femmes voilées ?), en introduisant la pensée d’un nécessaire « pluriversalisme » (page 72) ; ou encore quand il discute, de façon pour moi convaincante, des moyens et des chances d’une fiscalité plus équitable. La revue du MAUSS a été portée par des sociologues et des économistes qui, tout en dénonçant la tyrannie des chiffres, ne plaisantent pas avec eux, et je leur fais sur ce point confiance.

Emparez-vous de ce Manifeste, discutez-le, propagez-le, efforcez-vous de l’enrichir, de le dépasser ou au minimum de le copier… Le vœu le plus cher de ses rédacteurs est d’être récupérés, ou fondus dans un ensemble plus large : dans la foule, encore trop éparse, anonyme et sentimentale, de tous ceux qui sentent à quel point cela ne peut plus durer, et va craquer, à quel point il faut que cela change !

11 réponses à “Combattre la démesure (2) : la relance convivialiste”

  1. Avatar de Walther
    Walther

    Bonjour!

    Second manifeste…Surréaliste? Ah si seulement quelques pages signées par des gens connus pouvaient changer quelque chose en ce bas monde!

    On peut craindre, hélas, que ce ne soit encore et encore qu’un essai, un essai non transformé, laissant sur leur faim, les citoyens lecteurs, la partie sifflée ou livre refermé.

    Une invitation à la « scienza nuova » de ce cher Monsieur Dupuy, au début des années quatre-vingt, accompagné de penseurs que nous retrouvons aujourd’hui dans le billet de Monsieur Bougnoux, est-elle restée lettre morte et l’enquête définitivement close? En tout cas randonnée carnavalesque toujours inachevée et des milliers de gens laissés au bord du chemin. Telle est la réalité dans la simplicité de la complexité, mes bons amis. Et court, court le guépard du cinéaste.

    En ce temps-là, un syndicaliste agricole avant de devenir Ministre de l’agriculture m’écrivait sur la contribution du paysan à l’universel et le papa d’un Premier ministre qui fut aussi à l’Agriculture, cité par Gaston Bachelard dans « Le rationalisme appliqué », m’entretenait sur les sensations captées par l’organisme humain émanant des profondeurs de la terre.

    En ce temps-là, un résistant sillonnait les routes du pays pour faire entendre son cri « France, fais ta prière! » dans les salons des Conseils généraux.

    Et beaucoup d’eau est passée sous le pont de Tancarville…

    Aujourd’hui, un prêtre mineur, lecteur de Machiavel, locataire du Palais de l’Élysée, dit solennellement à un groupe d’agriculteurs l’écoutant avec une certaine crainte révérencielle, au salon de l’agriculture, que ce serait ruiner la France que de donner aux paysans retraités et consorts indépendants, une pension de 1000 euros par mois.

    Pas de réactions de la part des céréaliers bien sages de l’île-de-France et de leur représentante nationale dont le directeur au sein de son organisation syndicale agricole,gagne 13400 euros par mois, selon Médiapart. On sait que l’un des responsables de ladite organisation principale du syndicalisme agricole a fait l’objet de critiques acerbes, extrêmement vives, de la part d’un ministre de l’agriculture dans son livre « Politique folle ». Savez-vous, chers amis citadins, que cette vitrine commerciale artificielle qu’est le salon international de l’agriculture est loin, très loin d’être l’image de la France paysanne profonde en voie de totale disparition? Une majorité silencieuse du milieu agricole et rural qui ne casse rien, qui ne fait partie d’aucun syndicat et qui a pour seule arme légitime son bulletin de vote, qui ramasse les miettes de la Politique agricole commune, est dégoûtée de cette situation. Et s’installe un climat de lassitude, de platitude morne, à l’image des fermes abandonnées et des bâtiments qui menacent ruine attendant d’être vendus pour payer l’antichambre de la mort.

    Imaginez un instant, les amis de Monsieur Philippe Martinez face à ce petit jeune homme riche leur faisant, devant les caméras, la leçon du manque d’argent pour améliorer les retraites des conducteurs de train! De telles paroles à leur égard auraient mis la France entière à feu et à sang.

    Quelle « commune d’un temps revenu » pourrait servir maintenant la cause des oubliés du système qui n’ont pas vu augmenter d’un centime leur pension de retraite depuis l’élection de notre marcheur sans Thoreau, au milieu des allées sans âme d’un salon de la porte de Versailles?

    On imagine un décor surréaliste qu’eût aimé sans doute Messieurs Aragon et Breton… Des paysans tout de noir vêtus, le visage voilé pour ne pas dire masqué, tournant le dos à l’hôte de passage avec des inscriptions à faire frémir sur des panneaux, au-dessus de cette caverne des ombres, laissant hébétés tous ces veaux dont la peau se tend à la fin des repas, comme disait Philippe Bouvard dans son « Oursin dans le caviar », il y a des décennies.

    Mais qui peut réaliser tel acte de résistance qui pense aux fins de mois et au devoir de connaissance, consubstantiel du droit de rêver?

    Or cette connaissance est la cognée du bûcheron entendu par Jupiter dans la fable. La décence en fait bien sûr partie.

    Quant au reste…celui du poète, ne serait-il, chers amis, que littérature?

    Je viens à l’instant de recevoir un livre offert par l’auteur.

    Son titre : « L’intelligence collective, clé du monde de demain »

    Lui aussi parle, écrit comme tant d’autres dans les centres de réflexion, censés préparer l’avenir.

    Mais quid de notre rapport à la terre ignoré des mains blanches qui ne semblent pas connaître dans la pâte du réel, cette « incertaine » liberté, explication ultime de notre propre liberté?

    Dans les palaces pour habiles conférenciers de luxe et dans les salles de réunion des clubs du troisième âge où l’on tape le carton, lit-on, vrais honnêtes gens, un article révélateur de Conway et Kochen?

    Mon sympathique, bouillant et atypique correspondant, auteur du livre susmentionné cite une expression de Luc Ferry « Les vrais gens », page 288.

    Auteur d’une dictée, ce philosophe mentionné aurait-il commis une faute? Bien entendu, comme chacun sait, il faut écrire « Les vraies gens »

    « Il y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l’homme est exact. » ( Jean-Marie Gustave le Clézio.)

    Il y a l’inter, bien sûr, ou le trait d’union! Il y a aussi sûrement le sur ou l’accent circonflexe dit l’hirondelle de l’écriture.

    Sur la route tracée, allons vers ce puits. Cerise sur le gâteau ou le temps retrouvé.

    A méditer, peut-être, si le cœur vous en dit en carême-prenant, dans les sentiers de la vie trine du désir, là-bas au salon de la terre.

    Walther

  2. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Je suis bien d’accord avec ce premier commentaire.

    Cependant, nos signataires parmi lesquels, je pense, on ne trouve pas un seul croquant, s’indignent, écrivent des livres, passent à la télévision…

    Et c’est tout! Ce n’est pas une critique contre les signataires de ce second manifeste, loin s’en faut, c’est un constat. Ils ne vont pas venir à la ferme, ces braves gens, dans leur blanche Rolls pour apporter un peu de baume aux paysans de France et de Navarre, coincés dans le système et n’attendant aucun miracle censé sortir du chapeau d’un laboratoire de sociologie.

    Et qu’on ne compte pas sur votre serviteur pour écrire un Troisième manifeste (Je pense à Robert Desnos, cher Monsieur Bougnoux) pour critiquer des gens avec lesquels je n’ai oncques partagé le moindre brouet.

    Il en est un pourtant parmi ces gens-là (Comprenez les gens qui font des livres et qui débattent sur les plateaux de télévision) qui m’a envoyé son ouvrage, l’autre jour…

    Un autre livre qui parle derechef de clé pour demain. L’un paru en deux mille quinze et préfacé par Jacques Attali, se présentait comme la clé du futur.

    Pour ne rien vous celer, le brave homme avec dans le coffre de sa belle américaine, un terrible engin pour charmantes amazones, est venu au fin fond de la campagne française pour offrir son livre à votre serviteur. Cette année-là, la pendule de la cuisine et le coq de la ferme étaient à la page de la « coïncidence des éléments » pour employer l’expression de Michel Onfray, cet athée qui parle de l’âme. L’horloge du Théâtre quantique et le coq des dernières lignes du Phédon sont dans le cadre de ce « hasard » et je n’y puis rien changer, mes bons amis! Faut-il pour autant entonner la chanson de Claude Nougaro mentionnée par M. Gilles Grangier dans son message électronique de l’été dernier, mes gentils seigneurs?

    Laissons là ces questions sans réponses et revenons à nos moutons avec ce film envoyé par l’auteur de « L’intelligence collective, clé du monde de demain » :

    https://www.youtube.com/watch?v=YWrLPTOWy3Y

    J’ai transféré à une ribambelle de personnes de tous milieux, ce film, en leur demandant de réagir à ces redondances, à ce même refrain qui passe à la télé – et continue le cortège de misères chez celles et ceux censés nourrir la population et entretenir les paysages, dans un pays sans paysans.

    Pour l’heure, un seul correspondant a tenu à répondre, un instituteur retraité. Voici un large extrait de sa réponse :

    « Ce n’est pas normal qu’un petit agriculteur ne puisse pas vivre de son travail ; c’est aussi au consommateur de l’encourager ; 2 exemples :
    a) un oncle retraité sur 20 Ha a gardé quelques moutons et des prairies entourées de « têtards » ; il m’a posé une colle : « combien ai-je d’arbres sur ma ferme ? — à vue de nez je réponds : 150 ? –hé non, j’en ai plus de 600 ! mes prairies sont le poumon de la France ! qu’attend l’ETAT pour me subventionner » ? (au lieu d’engager des millions d’€. sur des centrales à énergie-lisier qui nécessitent de l élevage intensif) Les finances sont mal réparties depuis le début; c’est l’essentiel du problème.
    b) il faut permettre à l’éleveur de partager le travail pour prendre un peu de vacances ; ça ne prend pas le chemin sur le projet de poulailler à 39000 têtes à Celles /Belle ! Et la FNSEA qui brandit l’image diabolique de poulets au soja venus de l’étranger ? ça se défend mal … commencer par un élevage à la moitié de 39000 sur la même surface et convaincre le consommateur de payer son produit un peu plus cher ; ça rentre doucement dans les têtes ; alors continuons à matraquer !!
    Si la viande est chère, la solution est de faire carême de temps en temps…

    Ma réponse est engagée, mais pas forcément optimiste … quand je vois nos dirigeants complètement écartés du « bon sens paysan » autoriser un match de foot en accueillant des pleins bus de supporters de Milan, sachant que les postillons partent loin avec des « donneurs potentiels » qui vocifèrent …n’est-ce pas ?? » (Fin de citation)

    Que dire? Qu’imaginer? Que faire?

    Même si c’est très difficile, le fait de dire non en son for intérieur dans son propre milieu en fermant ses frontières pour éviter les sirènes du dedans et du dehors, ces marchands « qui vendent des outils et qui ne s’en servent pas » (Marcel Pagnol), les salades de bonimenteurs de profession et enfin résister au bruit, n’est-ce pas, à sa manière, sauvegarder le vivant? En d’autres termes rester maître de soi et chez soi.

    A partir de cette indépendance peut naître la véritable ouverture – intuitive et raisonnée – et ce n’est pas notre cher Edgar Morin qui dira le contraire.

    L’auteur de « L’intelligence collective » m’écrivait, il y a peu, d’un palace sur une île paradisiaque de l’Océan indien.

    Ce « risque tout » sachant calculer, m’écrit sur les pauvres des mots à ne pas mettre entre toutes les mains…Cet habile conférencier qui, avec son épouse, fait tourner la boutique en mettant la main à la pâte, range les tables et porte à boire en tribune, pourrait vite se retrouver en train de boire la tasse dans une fosse à purin, en assimilant les pauvres à l’organe d’Irène, titre d’un récit historique de Monsieur Aragon, publié clandestinement pour éviter la censure, palsambleu!

    Et pourtant…Quelque part, il a bien raison : Il faut que les pauvres changent de nature!

    Se lamenter est une chose et travailler à sa libération en est une autre!

    Tout à l’heure, à la ville, je suis allé faire un tour du côté de la permanence de mon député que je n’ai vu qu’une seule fois, un jour sur un rond-point en train de distribuer des tracts…Et c’était avant son élection comme représentant du peuple à l’hémicycle bourbonien!

    Désormais, ce local est sécurisé, il s’ouvre de l’intérieur. Une amène demoiselle au beau sourire m’invite à prendre place et à m’expliquer sur le pourquoi de ma visite. On regarde l’écran, on cherche et elle prend note.

    Son collègue, jeune homme bien de sa personne, à l’image du prêtre marcheur de l’Elysée, a bien appris son catéchisme en marche et en bon enfant de chœur récite sa leçon : « Avant nous, c’était le néant, rien n’a été fait et maintenant, enfin, on a des résultats! » Manifestement, le jeune assistant parlementaire essaie de croire ce qu’il déclare ex cathedra, imaginant sans doute, que son propos est péremptoire et que nul ne viendra dire le contraire.

    Je lui dis que sous d’autres gouvernements (Jospin et Raffarin, par exemple) des petites avancées ont permis d’améliorer la vie des retraités agricoles…Et c’est toujours mieux de ramasser des miettes que de voir son assiette vide. En ces temps-là, l’épouse de l’un des premiers ministres précédemment mentionnés, m’envoyait sa « Politique des sexes » et le Ministre du budget de l’autre, son livre pointant d’un doigt sévère les politiques professionnels.

    Le jeune homme tiré à quatre épingles réduit a quia voudrait bien faire quelque chose…Comme son patron sans doute!

    L’allégorie de la Caverne est décidément toujours d’actualité. Et aujourd’hui, la porte du permanencier se referme sur une ouverture…

    Quid de cet invariant au delà des politiques? Puisque à l’évidence, l’homme a un destin de connaissance, une incertaine « viralité » compose son intelligence…Faire avec pour préparer un avenir de culture.

    Qui saura?

    Jacques

  3. Avatar de Garo
    Garo

    Bonsoir!

    La clé du monde de demain est bel et bien perdue…Qui l’eût cru?
    La rendre est une chose et en créer une nouvelle en est une autre.

    Votre conférencier prospectiviste en appelle à une autre forme de capitalisme et à la possibilité d’organiser le travail autrement, dans une économie de marché nouvelle. Soit!

    Citer Saint-Exupéry et un peintre hollandais ne fait pas tout…Un vernis de culture sur du cambouis ne fait pas un destin de connaissance.

    Nous avons besoin d’une mémoire dans un temps « retrouvé » pour vivre un autre rapport à la terre, à distance des marchands d’illusions.

    Dans l’athanor du vivant, la pénétration des arcanes de l’entreprise n’est qu’une étape…Elle ne saurait constituer l’œuvre principale si haute en couleur.

    Citant, page 55, « Le cantique des quantiques » qui en appelle à une autre révolution, dans une page du livre qui n’est pas celle indiquée en bas de ladite page 55 de « L’intelligence collective », votre correspondant serait bien inspiré de recourir aux forêts, à l’intérieur des terres, avec ou sans jeune député, pour les exploiter intelligemment.

    Et peut-être trouver dans » la forêt vivante qui berce la forêt future » (Gaston Bachelard), l’art d’être français, pour employer la belle expression de celui qui nous gouverne « comme un prêtre dans la mine ».

    Garo

  4. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour!

    Je connais la réponse du convivialiste illichien au propos « singulier-pluriel » de Walther.

    Il ne messied pas en ce bel espace de publier un extrait de cette réponse honnête :

     » J’aurai envie de vous retourner la question : comment pourriez-vous contribuer au convivialisme ? Eh bien ! , par exemple, en écrivant sur le site des convivialistes pour y exprimer les choses ignorées par les bonnes volontés. Une question, quand même : le manifeste plaide pour un revenu universel de 500 €/mois, inconditionnel, et donc cumulable avec d’autres ressources. Il me semble qu’un tel revenu aurait bien aidé nombre de paysans ou de petits commerçants. Est- ce que je me trompe ? »

    Eh bien, non, Messire, vous ne vous trompez point! Cependant, s’il est de bon ton de fiancer la flûte au cor, acceptons la nuance et les bémols qui vont avec l’art du partage, quand on rêve d’un monde plus juste, mesuré et vivant.

    On pourrait limiter ce revenu universel aux personnes les plus défavorisées, en tenant compte de leurs aides, salaires, pensions et de leurs biens. Il est certain que la somme indiquée permettrait à un certain nombre de gens d’améliorer leur quotidien en faisant marcher le commerce dans leur propre milieu.

    Maintenant reste à concrétiser la chose, l’inscrire dans les faits et pour en arriver là, je doute qu’une liste de bonnes intentions des gens du haut et un cahier de doléances venues d’en bas puissent suffire à mettre en place cette avancée de justice sociale.

    Les gens concernés qui méritent d’être aidés savent quelque part, en leur for intérieur, qu’il y a quelque chose d’autre et que l’argent qui sonne et trébuche ne fait pas tout.

    Voyez cet éleveur laitier, par exemple, qui a 100 vaches et touche le RSA depuis plusieurs années…Vous lirez dans ses mots, ses silences, une désespérance.

    A la recherche du royaume de la connaissance, les gens « sans fortune » devraient sans doute, la plupart du temps, s’interroger sur les causes de leur « mal/heur » et réfléchir une occasion de résistance aux sirènes du port du « progrès ». Et bien au delà des vilains défauts qui habitent celles et ceux qui s’enflent comme la grenouille de la fable, participer allègrement, chacun selon ses dispositions, à l’établissement d’une société élaborée, cultivée…heureuse. A l’intérieur des terres, telle utopie est-elle réalisable? Un tel changement dans les comportements peut-il advenir et comment les bonnes volontés réunies pour la bonne cause, pourraient-elles d’un coup de baguette auto-organisatrice changer la citrouille en carrosse doré, au diapason des lois de la nature et de la conscience collective?

    Quand la base, celle qui n’est pas ou pas vraiment touchée par la viralité médiatique, interpelle les intellectuels au sens noble du mot, qui signent un manifeste pour aider les plus faibles, c’est aussi et surtout appeler à l’aide! Aide à la compréhension de choses, au sens spinozien du terme. Aller au fond des choses, c’est sans doute aller faire un tour du côté de chez les Nayaka et de publier un savant chapitre sur les formes de l’attachement…Sans oublier d’aller là-bas, à deux pas ou au diable vauvert, interroger celle ou celui qui ne se gêne pas, sans papier dans les mains pour rédiger une thèse, à s’introduire dans la mine de Mauss où ses affins président au commerce des âmes. Pour l’heure, les gens au fond du trou, ne voient rien venir…Si l’on pouvait par un mystérieux ruisselet de sens, joindre les deux bouts, les visages des travailleurs de la preuve s’illumineraient et la cité tout entière serait aux anges, chacun se faisant la courte échelle pour accéder à la vraie libération.

    Quel vendredi du Collège de France, séminariste sachant réciter les Méditations cartésiennes, loin des robinsonnades des promeneurs du dimanche, est capable de donner du corps à cette idée, dans les limbes d’un océan sans nom?

    La balle est lancée…Puisse-t-elle rebondir pour aller droit au but!

    Roxane dans son prieuré

  5. Avatar de Jaroga
    Jaroga

    Bonjour!

    J’ai effectivement lu le livre de Jean Staune « L’intelligence collective, clé du monde de demain »

    Jean Staune est un conférencier qui encourage la créativité dans l’entreprise qui développe l’intelligence collective, permettant à chacun d’emprunter la route de soi. Ses conférences, bien entendu sont payantes et pour tout dire, il vend des outils dans le cadre du management entrepreneurial.

    Il explique le succès d’Emmanuel Macron aux élections présidentielles par le mouvement, en termes clairs et accessibles à tout lecteur.

    Il oublie de dire que sans la révélation de Médiapart à l’encontre de Mme et M.Fillon qui a conduit aux affaires que tout le monde sait, Monsieur Macron ne serait peut-être pas aujourd’hui, locataire de l’Élysée.

    Jean vante un habitant de son village qui a réussi dans l’artisanat : il prend des vacances sur une île lointaine. Pourquoi pas?

    Paradoxalement son livre est parsemé de citations d’Antoine Saint-Exupéry, comme celle-ci : »Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité » sans faire la moindre référence au « Droit de rêver » et à « La poétique de la rêverie » de Gaston Bachelard.
    Prénom et nom de l’aviateur postal constituent l’anagramme renversante, dévoilée par le physicien et le pianiste dans leur petit livre sur le sens caché du monde : « doux sire y était en panne ».

    Le prêche de cet habile conférencier, sous son chêne centenaire ou dans la salle des fêtes de son village, aurait-t-il pour autant convaincu les habitants de voter dans le sens du mouvement en marche? Les résultats à Préchac sont connus: Victoire claire et nette de la liste emmenée par un jeune homme de la banlieue parisienne, aux dernières élections.

    On eût aimé que l’auteur nous parlât de la conscience collective mondiale prémédiatique qui porte en elle le besoin d’un mythe et la capacité de le créer.

    François de Closets qui m’écrivait, un jour, des mots remplis d’éloges à l’endroit de Jean Staune et de Jacques Attali, parlait de ces mécanismes insoupçonnés qui apparaissent, par exemple, dans la mythification d’Albert Einstein, selon lui, célèbre par malentendu. (Voir revue « Médium » n° 3, pages 99 à 106 – second trimestre deux mille cinq -)

    Mais quid des lois et interactions de la conscience collective? Colloques, séminaires, livres et conférences nous laissent sur notre faim…

    D’un village français à la mégapole américaine, plus d’un, peut-être, aimerait en savoir plus…

    Toujours plus, comme dit l’autre!

    Jaroga

  6. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    J’entends bien l’appel du commentateur et, peut-être, aimerait-on ouïr quelque chose de « différant » du petit peuple, vers lequel semblent vouloir aller des gens connus qui font des livres et le font savoir sur des plateaux de télévision et sur des chaînes de radio du service public.

    Ainsi font, font, font nos gens de plume sur les fonts baptismaux de l’église médiatique.

    Doit-on exiger du bas qu’il s’intellectualise et nous gave de logorrhées érudites avec des mots recherchés à ouvrir les dictionnaires?

    Et si l’on attendait du « petit peuple » autre chose : Une métamorphose de la gent coassante, bien loin des gros taureaux du salon de l’agriculture!

    Où sont les paysans, cher Walther, douce Roxane, Messires du second manifeste ? Je veux parler des gardiens de civilisation. Dites-moi où sont les paysans, paysans, paysans?

    Quid de ces gardiens du dimanche d’un temps révolu qui « allaient voir aux bêtes » et vivaient en symbiose avec les aîtres et les êtres de leur ferme sans rêver de concourir dans les comices, tout simplement heureux de vivre leur « politique de la terre », loin des bruits du monde?

    Dans les années vingt, un maître des écoles a obtenu le Prix Goncourt avec un roman sur la vie paysanne…Aujourd’hui on l’a mis au musée.

    Un paysan, maintenant, qui s’entretient de la vie animale avec le rédacteur en chef d’une revue, non point dans le vert écrin d’un pré mais sur le noir écran de cette inquiétante extase appelée « Internet », n’est pas un paysan « normal », que voulez-vous!

    Et que dire en tel milieu, des romances du temps jadis et des confessions publiques de la téléréalité? Que le bonheur était dans le pré et que l’amour l’a désormais déserté? La réponse très vraie à ce genre de questions reste à inventer…

    Il court, il court, le guépard, dit l’un – le furet, dit l’autre…

    Et votre serviteur de s’en laver les mains!

    Jacques

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Hélas cher Jacques, le bonheur est aujourd’hui dans le prêt…

  7. Avatar de Cécile d’Eaubonne
    Cécile d’Eaubonne

    Monsieur Bougnoux,
    En termes clairs et accessibles … la logorrée qui dégouline sur ces pages ?
    Je doute d’y puiser pitance ou lumière pour éclairer l‘obscurité ambiante.
    Ici aussi, me voici noyée dans l’air du temps avec son flot de récriminations et de pleurnicheries.
    Et j’en suis navrée !

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Eh bien et tout d’abord chère Cécile, heureux de vous voir de retour sur ce blog ! Où la « logorrhée » j’espère n’est pas de mon fait – mais d’amis à la plume copieuse qui me prennent pour toboggan, ce n’est pas forcément déplaisant. Il vous suffit de lire les billets, non les « commentaires » que je valide presque tous, tant qu’ils respectent les limite de la bonne volonté. Ceux de Jacques, Roxane ou Walther, qui s’amusent à se faire écho, me touchent par leur fraîcheur et quelques éclats de pure poésie, ne les décourageons pas !

  8. Avatar de Garo
    Garo

    Ah, le bonheur! Question incandescente…

    Ce prêt, une solution, sans doute…Mais le problème de fond reste entier quand bien même le fonds se voudrait résolution.

    Difficile à attraper dans les prés et dans les prêts. On y court, certes, comme on peut…dans le tunnel.

    Toute la question est là : Du néant, peut-il surgir, par bon « heur », quelque chose pour nous donner la main?

    Monsieur Bougnoux, le commentaire de Mme d’Eaubonne est de la plus belle eau…Je ne voudrais pas vous décevoir, mais je crois vraiment, avec le trio que vous nommez, qu’elle a raison sur toute la ligne.

    Ces logorrhées (j’espère que ce mot est bien écrit) ne servent à rien, strictement à rien, si ce n’est à « sauver l’obscur » pour employer l’expression d’un donneur de leçons qui voit juste et qui parle dans le poste.

    Cette personne fine et intelligente qui écoute une station de radio dont l’anagramme est « Lancer ce futur » ne nous invite ni peu ni prou à revoir notre copie…Tout simplement, en filigrane, c’est une copie blanche qu’elle nous tend, à temps et à contretemps. Merci Madame Cécile.

    Cette feuille blanche qui plairait tant à notre ami Régis Debray, n’écoute pas la radio et ne lit pas les journaux. Ce bout de papier sans nom ne s’arrête pas dans les blogues et ne fait pas de commentaires. Il vole au vent de la liberté, préférant une claire fontaine, un ruisseau, une forêt où il préfère couper son bois…Pour rigoler avec Gaston, ce professeur de bonheur, sur le mot « eudémonisme ».

    Une autre façon de retourner à la maison.

    Et la vie suivre son cours.

    Garo

  9. Avatar de E M
    E M

    Bonsoir Madame, Mademoiselle, Monsieur!

    Monsieur le randonneur,

    Pour avoir lu et relu le dernier commentaire du précédent billet, je sais maintenant qu’ils ne reviendront plus, ces signataires qui animaient depuis quelque temps ce blogue.S’en aller pour je ne sais quel silence, contrée ou dimension à part… Garo et ses camarades en auraient fait des tonnes en réponse à la question de ce billet, sans oublier de préciser le passage de la République IV en ajoutant 440 a à la citation et de corriger le nom du père de Léontios : Aglaïon au lieu d’Agléon. Jean Clair s’en aurait amusé, évidemment, de ces références à n’en plus finir!

    Monsieur Clair (C’est un pseudonyme) est l’auteur d’une esthétique du stercoraire :
    ( XVIIIème Journée de Psychiatrie du Val de Loire

    Abbaye de Fontevraud 21 juin 2003
    « La beauté : remède, maladie ou vérité »)

    Je pense à la fin du Philèbe (Platon) :

     » SOCRATE

    Alors laissez-moi aller.

    PROTARQUE

    Il reste encore quelque petite chose, Socrate. Je suis sûr que tu ne quitteras pas la partie avant nous, et je te ferai souvenir de ce qui reste. »

    Brisons là, comme ils disaient.

    Et d’en venir aux derniers mots de l’auteur : « Gustave Courbet, l’origine du monde. »

    Vingt-neuf lettres qui forment cette jolie phrase : « ce vagin où goutte l’ombre d’un désir ».

    Pour le physicien et le pianiste qui ont découvert cette belle anagramme, c’est le naufrage de l’après que l’artiste semble avoir mis dans l’organe de la dame.

    Désir, tel est le maître-mot. Entrer pour de bon, dans le Grand Rapport à la manière de J.Delteil, dans le Désir total, ne serait-ce pas en nous, celui de l’âme en travail? Question posée au médiologue de La Croix, comme de bien entendu.

    Je vous souhaite de faire de beaux rêves et vous quitte d’un pas discret, sur les douze coups de minuit.

    E M

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À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

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À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

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