Edgar avec Régis

Publié le

La couverture d’un récent Nouvel Observateur m’a spécialement touché, Edgar Morin et Régis Debray réunis pour évoquer leurs parcours, leurs expériences et leur idée de la « révolution »… Sachons gré à ce magazine d’avoir ainsi mis à l’honneur deux seniors, bien dignes d’inspirer par l’exemple de leurs vies, et de leurs pensées, les générations plus jeunes. Les réponses fouillées, l’abondante iconographie font de ce numéro une référence ; d’autant plus que j’y trouve encore trois pages sur Derrida (par François Cusset qui m’associa à sa soutenance de thèse), et une photographie de Nastassja Martin (dont le visage demeure marqué par le baiser de l’ourse), nous avions croisé cette téméraire jeune femme aux rencontres de mai organisées par Paysages-animés au château de Vizille, et parlé avec elle de ce qui est devenu un livre, Croire aux fauves

Mais le couple d’Edgar avec Régis m’émeut particulièrement, puisque leur tandem aura orienté ma vie ; c’est moi, je peux m’en vanter, qui les ai réunis dans le jury de ma soutenance d’HDR (en 1990 ?). À cette époque, Régis se souvenait d’avoir été, jeune normalien trente ans auparavant, questionné par Morin dans le film documentaire Chronique d’un été que celui-ci réalisait avec Jean Rouch ; mais il ne l’avait plus, par la suite, fréquenté. Tous deux édifiaient pourtant, en parallèle, une œuvre considérable, mais sans croisement notable ni affinités apparentes.

De gauche à droite Régis Debray, Bernard Miège, Edgar Morin

et Jean-Baptiste Carpentier à ma soutenance d’HDR

De mon côté j’avais rencontré Régis, alors fort inconnu, dès 1966 à La Paz précisément, où il tapait à la machine Révolution dans la révolution comme je l’ai raconté ici dans mon compte-rendu du livre de sa fille Laurence, dont le récit lui causa quelque peine. L’arrestation quelques mois plus tard, le procès très médiatisé et l’incarcération pour trente ans du théoricien de la guerilla dans une geôle de Camiri (il en fera quatre) m’avaient fortement touché, d’autant plus qu’à l’époque de ces faits (avril-mai 1967) je me mariais… Je devais lire Régis de nouveau à la parution du Pouvoir intellectuel en France(1979), un livre qui me fit une impression d’autant plus forte qu’il m’expliquait mon propre déclin de prof face aux pouvoirs médiatiques qui s’emparaient irréversiblement de la scène. Enseignants, nous n’étions plus juchés sur un trône de la culture, tout au plus sur un tabouret, posture très subalterne ! Je ne crois pas avoir revu alors Régis, non plus qu’à la sortie de sa Critique de la raison politique (1981), son livre le plus fort il me semble, mais que Le Nouvel Obs omet curieusement dans sa présentation. C’est à la faveur de Les Masques, Une éducation amoureuse (1987) que j’allais vers lui, à la fin d’un débat dans une FNAC ; il se souvenait vaguement de nos trois jours passés sur l’altiplano, et il m’accueillit d’autant plus chaleureusement qu’il ressentait peut-être le désir de renouer avec l’enseignement… Il m’associa donc au programme d’un cours au Collège international de philosophie, puis à la préparation des Cahiers de médiologie, puis au jury de sa soutenance de thèse… J’étais devenu médiologue, et avec lui très ami ! Il m’hébergeait rue de l’Odéon lors de mes passages à Paris, nous partagions mille projets, et quelques tournées de conférences ou des plateaux-radio. Nous avions même mis au point une espèce de conférence à deux qui tournait au sketch, « Scrogneugneu et Youp-la-boum », qui plut beaucoup à Louise Merzeau !

Avec Edgar l’amitié se noua quelques années plus tôt, lors d’une présentation qu’il donna des tomes 1 et 2 de La Méthode à Grenoble, en 1980 peut-être ? Je n’avais pas goûté son exposé, et j’allais le lui dire dans les échanges qui suivirent ; au lieu de se fâcher ou d’en rester là, il m’encouragea paradoxalement dans mes critiques de pion de collège, et je fus tellement frappé de cette générosité intellectuelle que je me lançais aussitôt dans la lecture de ces deux gros volumes – qui constituèrent un éblouissement. J’ai lu, annoté, fait cours sur La Méthode 1, 2 et 3 (les tomes suivants sont moins forts à mes yeux), avec je peux le dire un énorme profit. Et bien sûr je me mis, de là, à lire ses autres livres – qu’il m’envoyait régulièrement enrichis d’affectueux paraphes, je dois avoir dans ma bibliothèque un mètre linéaire d’ouvrages de Régis, et autant d’Edgar, tous copieusement dédicacés.

Et il y eut, chemin faisant, Cerisy : un mémorable colloque Edgar Morin, « Arguments pour une méthode » que je dirigeais avec Serge Proulx et Jean-Louis Le Moigne en 1986, puis une décade « Communiquer/Transmettre » autour de Régis et de la médiologie en 2000. Mais aucun des deux ne parut au colloque de l’autre, ils ne se connaissaient pas au niveau de leurs travaux.

C’est donc à moi de dire, devant cette couverture de magazine qui me parle tellement, en quoi ces deux œuvres en moi du moins se rejoignent ! Ce que j’ai appris d’eux, ce que je leur dois et qui me constitue, même s’il est difficile de démêler après coup des apports devenus évidents, ou « plus intimes à moi que moi-même » comme disait à peu près Augustin.

Dans ce numéro de Silex 18-19 que je dirigeais, La Sensibilité écologique (Grenoble 1980), Edgar figure par un entretien, « Travailler avec ce que nous avons l’habitude de refouler »

Morin m’aura non pas inculqué mais, disons, rappelé le sens de la complexité, mot éculé qui renvoie au tissage, à ce qui se trame de solide par l’entrecroisement de fils au départ contraires : le bon usage de la contradiction, de l’affrontement de l’adversaire, en bref des antagonismes dont toute vie se nourrit. À commencer par la mort, sujet-objet de son premier grand livre (1951). Mettant lui-même en pratique cette maxime majeure du bien-vivre, Edgar demeure ouvert aux rencontres, fraternel ; il fallait le voir à Cerisy accueillir chacun, et cultiver en direct cette pensée colloquante, polyglotte ou pluridisciplinaire qui le caractérise ! Je n’avais pas besoin d’Edgar pour comprendre par moi-même les bénéfices de la circulation entre les disciplines, et regretter l’étroitesse des découpages universitaires ; mais sa Méthode m’a stupéfié par le courage intellectuel de l’auteur, sa capacité à remettre en jeu le savoir acquis (où la plupart s’enferment), à repousser sans cesse pour soi-même les bornes du connaissable. Cette joie de comprendre, cette jubilation dans les mises en corrélation, les échos, les liens entre les savoirs font de ce chercheur un maître, mais sans aucune arrogance, aucune autorité venue de l’institution ; la singularité de Morin a fait de lui des années durant un homme seul, pas spécialement fêté par l’establishment (alors qu’il jouit dans son grand âge d’une reconnaissance quasi-universelle), mais sa pensée reliante et circulante, sa sensibilité à l’esprit du temps, ses insatiables curiosités l’ont fait vivre, de plain-pied, avec les individus les plus divers. Il n’était pas habituel je crois, à Cerisy, de réunir autour du même homme des personnalités venues d’horizons aussi différents.

Un trait à souligner encore, car je le partage profondément avec lui, est de toujours concevoir la recherche comme un jeu ; l’esprit d’Edgar s’anime au contact du vôtre, et son visage pétille ; beaucoup d’espièglerie passe dans ses yeux, ou son sourire ; l’intelligence avec lui est une fête, jamais une chose morte. Quelles ressources il nous donne contre les dogmatiques, les tristes, les arrogants de tout poil qui encombrent le débat d’idées ! Et quel élan pour nourrir la pensée…

Régis face à Morin est évidemment plus austère, plus grave d’apparence – même si en privé ou dans nos comités de rédaction il peut se montrer lui aussi espiègle, cocasse, ou éclater d’un rire bruyant. D’une façon générale on voit qu’il se prend au sérieux ; et que la médiologie n’est pas à ses yeux une plaisanterie, ni une mince affaire. « Discipline tarabiscotée », diagnostiquait Laurent Joffrin lors d’une présentation de son inventeur. Je ne crois pas. J’ai adhéré sans réticences au programme tracé par Régis et l’ai accompagné de bon cœur, je suis convaincu moi aussi de notre média-dépendance : que l’esprit n’est pas une fonction qui s’exerce isolément, « fingers in the nose » ou les mains dans les poches, qu’il faut pour réussir la moindre performance symbolique le concours de plusieurs médiations, techniques, institutionnelles et intersubjectives…

L’histoire de nos représentations épouse donc celle de nos équipements socio-techniques, qui font que la mémoire, l’imagination, l’autorité n’ont pas les mêmes formes selon qu’on vit à l’âge de la parole, à celui du livre ou dans notre contemporaine numérosphère, où tout se passe par écrans et claviers d’ordinateurs. Je n’ai jamais aimé les diatribes heideggeriennes contre « la technique » (vocable fourre-tout que je retrouve aujourd’hui en lisant Finkielkraut), elles-mêmes me semblent relever d’un autre âge, idéaliste, ou peu soucieuse d’histoire. Résolument orientée vers le matérialisme, et les usages du corps, la médiologie avait déjà pris pour moi la figure de François Dagognet, qui fut mon président de jury à l’agrégation de philo et que je retrouvai avec plaisir aux côtés de Régis ; mais Derrida déjà, avec la grammatologie, et l’identification dans l’écriture d’une technologie de premier ordre, m’y avait au fond préparé.

Dans ce Nouvel Obs où les deux amis disent leurs révolutions, c’est Régis qui souligne que ce terme, dont on connaît trop les usages grandiloquents, ne s’applique vraiment qu’aux techniques, qui apportent aux hommes des butées, ou des points de non-retour, et poussent donc l’histoire à changer, alors que les soi-disant révolutions politiques demeurent grosses de tant de fausses perspectives, de piétinements et de retours en arrière !

Dans nos Cahiers de médiologie, puis dans la revue Médium qui occupent chez moi aujourd’hui trois bons mètres d’étagère, nous nous sommes donc consacrés collectivement à cette recherche des corrélations entre un âge technique et, disons, une configuration symbolique. Notre cueillette n’allait pas sans ironie, aux dépens d’un idéalisme ou d’une bonne conscience spiritualiste toujours spontanément renaissants. La causalité médiologique a généralement tendance à rabaisser le débat ; ce rasoir d’Occam opposé aux Diafoirus abscons ou aux révolutionnaires lyriques constitue donc une hygiène mentale toujours bienvenue.

Régis aura ainsi joué pour moi le rôle d’un plomb stabilisateur, contre l’extravagance philosophique et ses faciles envolées verbales ; mais en dépit de cette tenace notion de médium, qui fait aussi allusion au milieu, et tire notre médiologie vers une écologie de l’esprit, lui-même semblait jusqu’ici relativement indifférent aux tâches et aux exigences de l’écologie proprement dite, que Morin de son côté avait pris depuis longtemps à bras le corps, et labourait de livre en livre. Avec Le Siècle vert qui vient de paraître chez Gallimard (collection « Tracts »), Régis semble sinon converti, du moins décidé à penser cette grande mutation civilisationnelle. Je suis plongé dans sa lecture, et je consacrerai un prochain billet à cet ouvrage-bilan, ou proposé comme un inventaire de notre « air du temps » (cette métaphore climatique longtemps maniée par Edgar finit par tomber juste).

Du rouge au vert, nos deux amis semblent ainsi voués à s’épauler mutuellement dans ce vaste chantier intellectuel et politique d’une écologie chancelante encore, et où beaucoup pataugent, mais qui constitue à n’en pas douter l’horizon indépassable de notre temps – comme on disait jadis du marxisme.

26 réponses à “Edgar avec Régis”

  1. Avatar de Garo
    Garo

    Bonjour!

    Je suis tenté – et me voilà succombant à la tentation, palsambleu! – de réagir à ce si revigorant billet par une pensée du Talmud de Baylone, Chabbat, où l’on nous recommande un peu de « distraction »avant d’attaquer les choses dites « sérieuses ».

    Un jour, il y a bien une décennie, j’avais posé dans ma chemise et non sur ma tête, un petit texte recelant une énigme pour faire sauter à l’envi les neurones d’une petite classe quelque part à la ville, là où le mot « Sorbonne » attire tous les papillons de jour et de nuit.
    Juste quelques petites heures parisiennes pour revenir en cinq sec auprès de mon arbre et herbages avec volatiles et bovidés.
    Cette énigme, pour notre plaisir, j’aime aujourd’hui vous la proposer en la replaçant dans ce beau contexte amical, si bien illustré par notre randonneur.
    Alors, allons-y! Mais où? Dans la bibliothèque de Monsieur Daniel Bougnoux, tout simplement.
    Imaginez sa collection de numéros de la revue « Médium » rangée dans l’ordre sur une planche de sa bibliothèque. Il y a là 60 numéros de la revue.
    Chaque numéro est épais de 5 mm pour les feuilles et de 2 fois 1 mm pour la couverture. Quelque mite errant naquit en page 1 du premier numéro et s’est nourri en traversant perpendiculairement et en ligne droite la collection complète de notre amoureux des livres, pour mourir à la dernière page du soixantième numéro.
    Voici ma question : Quelle distance a parcourue l’hôte de ce lieu béni là?
    Le mot « re-connaissance » avec son trait d’union justifié sera de mise si vous réussissez le schibboleth. Dire qu’elle sera  » quasi universelle », sans trait d’union, cela va de soi, reconnaissez, bonnes gens que c’est là une autre histoire!
    Aussi, laissons la belle-dame (trait d’union oblige!) faire son chemin…
    Belle et bonne journée.

    Garo

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      La ou le (?) mite aura parcouru 408 mm il me semble (58 volumes de 7 mm + 2 couvertures, soit 2 mm)… Mais cette réponse est sans doute trop simple, ingénieux Garo, et je dois me tromper.

  2. Avatar de sukisa
    sukisa

    Ce qui m »‘énerve dans tous ces documents de Daniel Bougnoux c’est qu’il faut qu’il se mette toujours en avant :  » moi, je…. » au lieu de dire simplement les choses telles qu’elles sont. Ca dévalorise les bonnes choses qu’il dit..

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous avez tort de vous énerver, Sukisa, et je ne crois pas être saisi par le démon d’un narcissisme ou d’un égocentrisme débordants – même si ce n’est pas à moi d’en juger. J’ai en effet, dans les derniers billets (Matzneff + Régis-Edgar) parlé à la première personne : parce que touchant « Qu’est-ce que l’amour… », il n’y a pas de vérité centrale à énoncer, ni de définition transcendantale, j’ai pris soin de préciser que je parlais « à mon avis » ou d’après mon expérience, et mes intuitions. L’amour est singularisant par excellence, et c’est l’expérience de l’individu, pas du genre ; une réflexion sur l’amour ne peut être qu’incarnée, individuelle. J’en ai profité pour publier la photo d’un colloque que j’ai organisé à Cerisy, parce que sur l’emprise et l’influence, voire la « perversion narcissique », la réflexion était engagée de mon côté depuis longtemps, je ne débarque pas dans le sujet (comme on pourrait m’en accuser). Quant à Edgar-Régis, oui le billet est personnel : comment dire autrement cet émouvant nouage de ces deux pensées dans la mienne ? Et la photo de couverture de Silex 18/19 m’importait : ce numéro date de 1980 (quarante ans déjà !), on ne se bousculait pas à l’époque sur ce thème aujourd’hui rebattu de la « sensibilité écologique ».
      Bref, j’ai conçu ces trois billets « à la première personne » : c’est le titre du dernier livre de Finkielkraut, qu’on m’a offert à Noël et que je viens de lire. Il cite cette phrase de Kierkegaard, « Penser est une chose, exister dans ce qu’on pense est autre chose ». Je reviendrai sur cet « exister » à l’occasion du prochain livre de François Jullien (qui sort la semaine prochaine). Et j’en parlerai « à lapremière personne », comment faire autrement ?

  3. Avatar de Roxane
    Roxane

    Laissons là, ce mitan, cher excellent répondeur, sa distance fût-elle symbolique!
    Que dire de ce numéro de fin d’année dernière de L’OBS où deux amis font la couverture et l’intérieur (pages 24 à 41)?
    Certes, « les révoltes sont des colères et la révolution est un projet »
    Où sont les articles du NO, à la fin des années septante, parlant du projet écrit au sommet de l’État pour Gavroche et Marianne?
    Autrement dit « Démocratie française »(1976) et sa préface inédite (1977).
    Régis n’avait pas encore publié « Le pouvoir intellectuel en France » mais Edgar dans son « Journal »posait la question sur l’éducation des éducateurs et voyait dans l’intelligentsia, et particulièrement dans la classe enseignante même, une possibilité d’amorcer la révolution du Nouvel Émile.
    Dans votre rôle d’éclaireur (Aufklärer), comme il est écrit dans « Le vif du sujet »p.293, vous retrouvez le nœud gordien des problèmes humains et toujours sans personne pour tirer l’épée.
    Quid de la vraie vie, cher Daniel? Un livre d’explications n’est pas une apocalypse…
    La révolution multiforme et totalisante ne serait peut-être plus un rêve, si l’on pouvait dire quelque chose de nos mystères au quotidien!
    Dans quel Monomotapa, prudent randonneur, parler de ces choses-là?
    Monsieur, à minuit, s’il gèle à terre fendre, pouvez-vous affirmer l’inexistence d’un rayon de lumière pour rendre la terre meuble et changer la rage en douceur…Et nos cortèges de misère en transport d’allégresse?
    Bonne nuit.
    Roxane

  4. Avatar de isa
    isa

    je pense que c’est plutôt le mot « relier » !

  5. Avatar de Walther
    Walther

    Bonjour!

    C’est aujourd’hui dimanche, un beau jour d’hiver pour répondre au coin du feu à quelque beau commentaire, compendieux, allégi, exact et fin.
    Je veux parler du précédent, une toute jolie petite phrase qui semble sourdre, telle une source au milieu du bois, une chanson douce que plus d’un aimerait, à bon escient, définir par une émotion ajoutée à une équation…On n’a pas à débattre sur cette grammaire de l’intelligence…

    On entre dans la danse tout simplement.

    Le verbe relier en telle réponse nombrante est une justesse qu’on ne peut laisser là sur un simple éloge dithyrambique.

    Il invite à rouvrir des livres, à comprendre…Un travail, un enjeu. Un jeu peut-être…

    Isa, l’auteur du commentaire en question, va sans doute bien rire, si je vais de ce pas relire un petit passage de la page 380 de la « Critique de la raison politique » …Enfin bon, je m’y risque !

     » Où l’on voit qu’il ne faut pas choisir son camp dans la vieille dispute opposant ceux qui, avec Cicéron, rattachent religio à legere (cueillir, rassembler) et ceux qui, avec Lactance et Tertullien, en tiennent pour ligare (lier). Une religion nous lie les uns aux autres en nous reliant tous ensemble à un élément extérieur (la « divinité »), mais cette liaison suppose la collecte des traces et leur mise en forme. »(Fin de citation)

    Pour Marie-Noëlle Sarget, l’auteur cité plus haut  » ne partage apparemment pas les illusions de Kandinsky sur le pouvoir de l’art, son approche est dépourvue de tout messianisme, mais il relie cependant constamment l’art à la religion et à la spiritualité, et rejoint souvent les points de vue des artistes dont nous avons parlé. – Pour lui, l’art naît de la mort : “nous opposons à la décomposition de la mort la recomposition par l’image”, qui permet de lutter contre l’idée de la mort et de la putréfaction, en apportant une protection contre l’invisible, une médiation entre les vivants et les morts. Elle a des pouvoirs magiques. Cette analyse débouche sur la question : la dissimulation de la mort dans nos sociétés est-elle susceptible d’entraîner, à terme, la mort de l’art ? – Pour lui, l’art est d’abord un moyen de la transmission symbolique : la communauté a besoin d’une image symbolique, religieuse, c’est à dire, au sens premier, qui relie. Il rappelle la définition du symbole : jeter ensemble, rapprocher : l’image est bénéfique parce que symbolique (à l’opposé du diable, celui qui sépare). Liée au sacré par le symbole, l’image est autre chose qu’elle-même. C’est une “parole muette”, d’autant plus susceptible de relier qu’un bon tableau dans un premier temps nous désapprend la parole et nous réapprend à voir”, et que “l’émotion commence où s’arrête le discours”. Il souligne que “l’inconscient, qui fonctionne par images, en associations libres, transmet plutôt mieux que la conscience qui choisit ses mots”.(Fin de citation)

    Dans un très beau petit ouvrage intitulé « Le siècle vert – Un changement de civilisation « , l’auteur, page 24, cite Kadinsky dans son « Spirituel dans l’art » où il compare le vert à la bourgeoisie et à une vache qui regarde le monde de ses yeux vagues et indolents.

    L’auteur que notre randonneur a déjà reconnu, à la page susmentionnée, féminise l’élément qu’il qualifie d’épanouie. Ce parisien s’y connaît en matière bovine et j’en sais quelque chose pour l’avoir accompagné, un jour, dans le pré au milieu de ces braves bêtes même si, en une autre terre, le candide a qualifié de maraîchère la maraîchine…Mais c’est la faute à l’éditeur!

    Revenons à cet ouvrage important « Le siècle vert » accessible à beaucoup de gens vu son prix modique.

    Un livre qui commence par un spectre et se termine par une fleur et au mitan duquel on trouve du pain béni sans le t final.

    Un manque qui dit la complexité d’une humaine communion et la difficulté de vivre le sacré dans notre république laïque.

    Que cela ne nous empêche de retourner au jardin et de nous métamorphoser en fine mouche pour ouïr les mots du spectre dans la pièce de J.Giraudoux « Intermezzo »! Il ne veut pas dire à l’institutrice le nom de la fleur charmante et commune qui pique leur gazon. Il lui parle de deux mensonges, entre Gap et Bressuire et la laisse sur l’escarpolette dans les bras de son fiancé…El la belle pâlit et défaille.

    L’Inspecteur en telle situation a raison : « Le pays d’où revient Isabelle n’est pas l’évanouissement, mais la désincarnation peut-être, l’oubli suprême. Ce qu’elle réclame, ce sont des vérités universelles, et non des détails d’ordre particulier. » (Acte III, scène V)

    Au chapitre des caprices de l’atome, on peut poser à qui de droit la question de savoir comment calculer le spectre d’un fantôme?

    Et à celui des caprices de Marianne demander aux savants qui font les couvertures des journaux de nous instruire sur les Tables où le peuple pourrait trouver quelque chose de digeste à manger…Table d’Émeraude et Tables des cinq sens avec Hermès comme maître queux, cela va sans dire!

    Une pièce de théâtre, c’est bien mais il y a la vie dehors et des bruits à l’entrée de la salle. Détaler…et après? Aller bouffer ensemble, mais vers quel point cardinal, bonnes gens?

    Le rideau est tombé depuis des années sur la pièce de Jean Giraudoux qui fut jouée pour la première fois le 27 février 1933, à Paris, et disparu le spectre qui hante toujours, semble-t-il, le  » lieu censé faire lien  » .

    Un changement de civilisation, dites-vous? Laissons parler un président de la république, en exercice en mil neuf cent soixante-dix-sept, écrivant dans le Loir-et-Cher une préface inédite à son projet pour Gavroche et Marianne :

     » Une civilisation n’apparaît pas à la sollicitation, moins encore pour répondre à la nécessité tactique, ou au besoin d’un « choc psychologique ». Elle vient de la rencontre de l’esprit et de la sève de l’espèce humaine. Elle s’exprime par la vision prophétique. »
    (Fin de citation)
    En ce temps-là, le collaborateur élyséen du préfacier et auteur de « Démocratie française », député-maire de la ville où naquit André Breton, m’écrivait une longue citation de « La Dialectique de la nature » de F. Engels.

    Régis et Edgar aujourd’hui, qui connaissent celle de la durée, chère à Gaston Bachelard, que peuvent-ils dire ou écrire à leurs lecteurs sur cette dimension à part où, selon le grand ami de Karl Marx, résident les esprits?

    « J’adorai la dimension à part » pourrait nous dire maintenant l’institutrice d’Intermezzo…Et nous de répondre à sa confidence par cette anagramme qui réfléchit avec ces mêmes vingt-trois lettres précédemment entre guillemets « La disparition de Majorana ».

    Par quel « médium » ou « relation » dans notre milieu uni vers Cythère trouver la solution du rivage?

    Une personne a fait signe…sans vains babils.
    Et son verbe est une réponse laissée désormais au club de réflexion des médiateurs sachant observer en toute liberté.

    Bonne journée à tous.

    Walther

  6. Avatar de Jacques
    Jacques

    Merci Monsieur Bougnoux pour ce si judicieux billet. J’apprécie, comme vous, les réponses des Messires Debray et Morin aux questions de François Armanet, de l’OBS, de la fin de l’année dernière. Que ces mots font du bien et redonnent un peu de tonus aux gens ordinaires qui résistent comme ils peuvent – sûrement pas assez! – aux bêtises ambiantes! Je retiens finalement cette invite à la résistance physique en des oasis fraternelles de l’un et le refus du pas cadencé de l’autre, qui souhaite renouer avec un fil du passé qui ne passe pas.
    J’imagine Mme Roxane de ce blogue, du haut du donjon de son prieuré, voyant son monde d’en bas pris à la gorge et criant au secours…
    Je la vois, tout ce vert autour, scrutant à l’horizon l’arrivée de deux cavaliers, l’un dragon, l’autre mousquetaire, Edgar et Régis sur la couverture, palsambleu!
    Mais voilà, braves gens, un article dans un hebdomadaire connu n’est pas la dague qui va mettre fin au geste funeste de la Barbe-Bleue et ça continue encore et encore…Le beau conte serait-il destiné à ne pas faire long feu et les journaux à finir dans les poubelles de l’histoire sans aucun espoir de voir le phénix renaître de ses cendres? Ce n’est pas à la base de répondre, elle n’en n’a pas les moyens…
    Brisons là et revenons à nous.
    Depuis quelque temps en lisant ce blogue, je m’aperçois dans les commentaires, de l’existence de deux mondes à part, distincts et je me demande vraiment s’ils sont faits pour se rencontrer. On dirait l’expression de deux natures différentes, superposées dont l’une semble vouloir éternellement se cacher. Je voulais écrire sur telle observation et le dernier commentaire de Mme Isa, m’y incite fortement. Sa réponse à Garo n’est pas celle de notre randonneur qui a pourtant mis dans le mille. En privé, j’en ai parlé à l’intéressé qui trouve le verbe très beau.
    Il y a quelque chose « d’alchimique » dans l’article susmentionné…Comment ne point penser à « L’éloge de la fuite » du Pr Henri Laborit se référant, page 214, à l’ÉVANGILE, un mot que l’on retrouve, page 13 du livre « Le siècle vert »? Le professeur nous dit qu’il aime aller, quand il en a le temps, saluer celui qui disait à cette brave Marthe faisant la cuisine, qu’elle perdait le sien et que Marie avait choisi la connaissance, avait choisi la meilleure part, celle qui ne lui sera pas enlevée. Facile à dire pour des gens qui sont environnés de disciples et de secrétaires, qui font des livres, des sermons et des conférences et laissent les affaires domestiques aux petites mains qui ne passent pas dans le journal (Oikonomia, précise page 11 de son livre « Le siècle vert », l’auteur, R. Debray).
    Heureusement, L’Alchimiste nous rassure, puisque nous trouvons en exergue du livre de Paulo Coelho, les versets 38-42 du chapitre X de l’ÉVANGILE de Luc.
    Quèsaco?
    Les grands noms de la médiologie qui se réunissent en comité de lecture, à la Capitale, ont aussi de l’intendance à gérer…
    Et ce n’est pas le jardinier d’En Calcat qui passe dans la revue, mais feu notre ami Frère Anselme (celui dont parle sans le nommer le Directeur de « Médium », page 28 de L’OBS). Icelui écrivait des livres et s’occupait de la librairie, pas des légumes et des fleurs de l’abbaye. A quand la revanche des « Peau d’âne », jardinière du roi ou secrétaire, menuisier ou simple paysan qui auraient quand même quelque chose à nous dire, avec ou sans fautes d’orthographe? Il y a-t-il une opposition viscérale entre ces deux mondes? Non.
    Une possibilité de transmettre quelque chose de radicalement nouveau? Peut-être, mais c’est à prouver noir sur blanc sur la page vide, à l’aune des ombres du dedans, en état de nous donner des choses à voir, à toucher, à sentir, à goûter, à entendre…Autrement dit quelque chose d’autre, d’un autre monde faisant se lever des vivants dans les vallées mortes de ce monde devenu stone.
    Un rêve? Peut-être…
    Une révolution? Qui sait!
    Que sera, sera…dit la chanson.

    Bien cordialement

    Jacques

  7. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Cher ami des Ordres, vous écrivez :

    « Ce n’est pas à la base de répondre, elle n’en n’a pas les moyens… »

    Connaissant votre gout pour la langue française, je me permets de vous dire que votre coquille est pour le moins étonnante.
    Ou vous en êtes resté au Dictionnaire de Furetière, à plus d’un journal parisien ou à la lettre de la Marquise de Pompadour à Richelieu, pour répéter dans votre phrase l’adverbe de négation; ce qui est une faute, mon bon abbé.
    Mais bien au delà de cet infime détail, votre coquille me fait penser à la page 54 du dernier livre de Régis Debray « Le siècle vert » où il cite un extrait du livre de Julien Gracq « Autour des sept collines » : « Une civilisation de bernard- l’ermite est sans avenir ».
    Comment ne point penser à « La poétique de l’espace », de Gaston Bachelard, page 122 où un autre abbé est judicieusement cité?
    L’auteur de « La poétique de l’espace » au chapitre de la coquille, travaille l’image du bernard-l’ermite qui va habiter les coquilles abandonnées et, pour lui, une philosophie du non n’est pas psychologiquement un négativisme et elle ne conduit pas, en face de la nature, à un nihilisme, comme il est écrit sur la couverture de « La philosophie du non « .
    A l’intérieur des terres où une majorité silencieuse de gens ne gagnent même pas la moitié du montant indiqué par Régis Debray dans sa réponse à une question posée (« L’OBS » de référence en ce billet, page 28), quelles que soient les revendications justes pour obtenir un traitement de décence, on ne peut se limiter à l’attente d’une amélioration pécuniaire de fin de mois, aussi nécessaire et justifiée, soit-elle! Il y a bien une autre attente confusément perçue dans la conscience collective qui peut être considérée comme un « mystère »(le mot est d’Edgar Morin), un beau mystère.
    Et pourtant, dans nos situations sociales si différentes où l’envie et la jalousie n’ont rien à faire à la chose, la participation de la base est à considérer par celles et ceux, en quête de ce quelque chose, qu’ils reviennent des champs, de l’usine ou qu’ils soient en villégiature sur une île paradisiaque de l’océan indien. De ce quelque part, îlot de résistance où ils sont logés à la même enseigne, petites gens et milliardaires dans une société faite pour « l’école » pourraient peut-être se comprendre, si chacun ferait preuve de bonne volonté, et les problèmes sous-jacents qui font la une des actualités d’ici-bas, seraient tout naturellement réglés sur l’heure.
    Utopie qui va sans doute faire réagir, qui doit faire réagir, tant ce quelque chose paraît flou, incompréhensible et terriblement abscons.
    Un simple citoyen lambda qui casse sa tirelire pour se payer une longue-vue, ne raconte pas de bêtises quand il nous met sous les yeux le merveilleux rivage, aperçu des sommets du politique et de celui ou celle qui pense et vit avec la science.
    Et si tout cela n’est qu’un mirage, il appartient à la cité des travailleurs de la preuve, de nous apporter sur un plateau tous les éléments de cette diabolique vision des êtres et des choses.
    Et le blogue de La Croix en sera ravi, lui qui recueille, tel un prodigieux bougnou, les eaux de galeries si différentes.
    Bonne fin d’après-midi

    W.Jaroga

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Ah ah cher Walther, vous êtes le premier à me rappeler ici le sens de mon nom, qui m’a un jour été révélé par un érudit comme vous : le bougnou serait un puits, non de science mais servant dans les mines à rassembler les eaux de ruissellement. Je n’y ai jamais vu un signe particulier d’orientation pour ma propre vie, mais qui sait ?

  8. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    Chers amis, rêveurs de points finaux et autres épiphanies,
    Si vous avez faim, je serai l’ahuri.
    Si vous me donnez un peu de votre faim, je serai Rilke.

  9. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour!

    Je voudrais essayer de répondre à Guillaume, je dis bien essayer…
    Je n’ai pas vu le film norvégien et quid de la surnature en telle superproduction fantastique?
    Comment ne point penser au collègue universitaire de Monsieur Bougnoux, traitant à merveille les trois points d’étoilement pour en venir à la conclusion cruciale de l’union avec la nuit, soit à un point qui n’aura cessé de poindre que pour devenir son point final?
    Monsieur Jean Lancri, guidé sur son chemin par Gaston Bachelard dont la rêverie travaille en étoile, nous explique le travail de la nuit…
    Qui nous dira le fait merveilleux, imprévu, de l’être travaillé en étoile?
    Je me demande, cette nuit, si ce commentaire a bien sa place, céans, et s’il ne serait pas mieux quelque part dans un autre blogue qui parle de nuits étoilées avec les pinceaux de l’artiste et la plume de l’astrophysicien.
    Quelle éthique tombée des cieux saura épancher notre soif dans ce désert invivable? Quel portage de manne céleste saura nourrir nos corps mutilés? Ange ou volatile…Ces deux mots salvateurs ont-ils encore un sens?
    Les deux hommes de ce billet, Régis et Edgar, seraient-ils à des parsecs de ce genre de propos?
    Puissent les eaux souterraines du bougnou de notre randonneur, loin, si loin de la vaniteuse érudition, refléter là-haut quelque rayon de lumière du fond des choses ou de l’incertaine prophétie rilkéenne, capable de guider nos pas jusqu’à destination!

    Je vous quitte aux aurores et vous souhaite une bien belle et bonne journée dans le travail et la santé.

    Plût au ciel qu’il en soit ainsi !

    Roxane

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Lyrique, chère Roxane ! J’aime cette idée du travail en étoile, et d’une nuit au travail, même en plein jour. Le basculement du jour à la nuit, et de la pensée diurne au rêve, demeurent pour moi un sujet renaissant d’étonnement, je ne sais si Bachelard s’est attaqué frontalement à l’énigme du rêve, je n’ai lu là-dessus que Freud, et l’ai trouvé bien décevant…

  10. Avatar de vyrgul
    vyrgul

    Bonjour. il y a parfois dans vos billets, vos articles ou même dans vos livres (ne serait-ce que dans « La confusion des genres ») des petites embardées autobiographiques qui, d’après moi, enrichissent toujours le propos. Je voudrais savoir si ces embardées nous promettent pour un de ces jours une entreprise autobiographiques plus affirmée ?

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Merci cher Vyrgul de cette excellente suggestion (qui atténue l’accusation d’un autre lecteur me trouvant trop perso !). Eh bien oui figurez-vous, j’espère un jour faire paraître un livre commencé depuis deux ans, mais qui n’est pas encore présentable : sur les deuils, et sur le passage ou la transition vers un nouvel (et dernier) amour. Très autobiographique donc, mais comment écrire autrement ? A condition de faire plusieurs réglages, cela peut être viable. Nous verrons…

  11. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    La chandeleur frappe à nos portes…Ah, si nous pouvions braver les kilomètres et nous retrouver entre amis randonneurs en quelque auberge de campagne pour manger des crêpes! Laissons là ce rêve et continuons notre chemin…si tant est qu’il soit bachelardien.

    Hier soir, j’ai vu et entendu François Cheng dans « La grande librairie » parlant de la langue française et du sens. Mais le marchand de sable s’est fait plus que pressant et j’ai dû rejoindre l’alcôve, palsambleu!

    Aussi, dès potron-minet, en ce pénultième jour de janvier, j’ouvre une boîte à trésor pour vous répondre, cher Daniel, au sujet de S.Freud :

    « On voit Freud, lui pourtant si grand découvreur, s’enfermer malgré lui dans cette aporie du bonheur et s’y empêtrer. Et cela parce qu’il reste pris dans les mêmes rets que précédemment : ceux de la finalité et de la satisfaction. (…) A ne pas sortir du carcan du « bonheur », dans lequel est restée bloquée la pensée, Freud ne peut que verser dans cet abîme idéologique (nostalgique?) de ce qu’il ne peut plus appeler lui-même que le « principe de nirvana » régissant la vie, mais pour éteindre la vie. » (« De la vraie vie, F.Jullien, pages 105 et 106)

    Ce livre, c’est quelque chose! Il me fait penser au dernier mot que l’on trouve à la fin du livre de R.Debray « Le siècle vert ». C’est celui d’Antoine Gallimard : « exigence », page 61. Il m’oblige à me ressouvenir du chapitre « économique » consacré aux vaches grasses et vaches maigres où Michel Serres nous instruit sur le verbe « exiger », l’écart, l’exactitude, l’existence.

    J’ai devant moi « L’élision » de Michel Bitbol qui précède « L’esprit et la matière » du physicien E.Schrödinger.

    Je rouvre le livre de F.Jullien, à la page 52 et je lis :

    « Tel est le hiatus, ou plutôt la béance à partir de laquelle seulement peut se saisir notre existence, béance que nous ne cessons de vouloir combler, d’ordinaire, par de la morale ou de la croyance. »

    Que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre!Le hiatus, comme on dirait « le homme »…Même Monsieur Pivot de l’Académie Goncourt ne s’y risquerait pas! Cette transgression est une perle rare, quelque chose d’adamantin qui n’a pas de prix pour le dernier des Mohicans, loin des colloques d’un « pandémique ennui » (page 178).

    Notre insatiable randonneur nous parle du « baiser de l’ourse », page 105 de L’OBS du billet. A défaut de gens de base qui en ont plus que marre de se faire étudier par les gens qui savent, il faut bien que la nature se rebiffe et donne une belle leçon…

    Je me souviens d’un jour d’automne où j’ai déposé sur les bancs d’une parisienne université, un petit panda en peluche qui a ravi le platonicien colloque.

    Et j’ai quitté la salle/caverne sans demander mon reste…

    Et si nous revenions, Daniel, à notre bougnou que l’on trouve au chapitre 2 de la partie 5 de « Germinal », le roman d’Émile Zola?

    Pensez à la fin de « L’introduction générale » de La méthode 1 – La Nature de la Nature – :

    « Je me suis senti branché sur la patrimoine planétaire, animé par la religion de ce qui relie, le rejet de ce qui rejette, une solidarité infinie; ce que la Tao appelle l’Esprit de la vallée « reçoit toutes les eaux qui se déversent en elle »

    Et dans « Le vif du sujet », page 60 : « La pensée ne doit être ni sorcière (agitant un maître-mot), ni souricière (voulant faire entrer la vérité dans une trappe conceptuelle), mais sourcière. »

    On dira qu’il y a du vrai dans ce quelque chose de phréatique…Seulement dans la vie réelle, on attend encore ce jaillissement des profondeurs qui pourrait libérer le corps social. Je me souviens d’un « Germinal », un jour, haranguant la foule de pauvres gens, au pays de Cyrano (N’est-ce pas Roxane?) Poète à ses heures (ou pour les besoins d’une anthologie parlementaire), cet élu de l’hémicycle bourbonien en a écrit des pages et des pages de rapport pour finalement aucun résultat significatif…Ce qui a fait dire plus tard à un professeur de français, des environs de Bergerac, rencontré grâce à la revue « Médium » :

    « C’est une honte, je vais gagner 2500 euros mensuels à ma retraite et mes pauvres parents qui on travaillé comme des bêtes dans la vigne et l’élevage, pendant un demi-siècle, devront se contenter de 600 euros par mois…Tout ça me dégoûte! »

    Que peut faire notre beau petit jeune homme lettré, bien conscient de ces injustices, et auquel j’avais demandé un jour, de m’indiquer comment s’y prendre pour se procurer son mémoire de maîtrise sur N.Machiavel? Réponse très favorable et fort aimable reçue, me demandant par courrier officiel de me mettre en rapport avec l’université pour recevoir son « travail de jeunesse », comme me l’écrivait son papa médecin.

    Mais la loi universitaire ne fait pas de cadeau, le mémoire de l’auteur de « Révolution » et élève de P. Ricoeur, était déjà dans les oubliettes du temps, brûlé dans les fours de l’Alma mater.

    Ainsi va la vie.

    Quant à la vraie vie…

    Bonne journée à tous.

    Jacques

    1. Avatar de Daniel Bougnoux

      Vous êtes décidément incroyable, cher et copieux ami ! Citer « De la vraie vie » que vous avez donc lu, alors que ce livre à ma connaissance n’est pas encore paru, et qu’en tout cas je ne l’ai pas reçu de F.J. dans sa version imprimée ??? Philippe R. vous l’aurait-il communiqué ? Brisons là, palsambleu. Car le bougnou décidément fait son trou : je n’ai jamais lu Germinal, je vais me le procurer. Et vous avez raison, très pertinente mention de l’esprit de la vallée de notre cher Edgar, dans La Méthode 1, cette image à l’époque m’avait beaucoup frappé, et je vois qu’elle fait son chemin. Nous rencontrerons-nous, par ces chemins, à manger un jour des crêpes ensemble ? On peut, il faut rêver…

  12. Avatar de Walther
    Walther

    Bon jour de chandeleur!

    Jour de crêpes avec les amis du bal musette…Plaisir qui ne dure qu’un moment!

    Oui da, il faut rêver! Nous en avons le droit… »Le droit de rêver », le beau livre de ce cher Gaston, vous connaissez? L’auteur nous parle de cette force de la nature qui a de la suite dans les idées…

    Une rencontre ne s’impose pas…Elle est sans doute une décision qui vient naturellement, une orientation, une intuition raisonnée, une guidance, peut-être, sur le chemin malaisé de la vie…

    Sur la carte déployée, une pesanteur médiumnique immobilisant son insoutenable légèreté sur quelque point mystérieux.

    Aussi, cher randonneur, avez-vous entrepris de faire votre trou noir phréatique dans le roman d’Émile Zola… »Comme un prêtre dans la mine »

    (Savez-vous que cette expression entre guillemets en vingt-trois lettres, constitue cette anagramme : « Emmanuel Macron président »?)

    Mine de rien, aller au charbon, ce n’est pas discours inutile pour amuser la galerie!

    Pour l’heure, voyez votre serviteur, remonter à la surface et faire l’éloge des frontières avec l’ami RD. Son livre n’est pas un plaidoyer du repli, celui du rat retiré du monde indifférent aux problèmes de ses congénères, dans son petit jardin de banlieue. C’est une fermeture ou plutôt un îlot de résistance, une stratégie paradoxale pour appareiller un envol, une ouverture…C’est alors qu’il retrouve tout naturellement son ami EM qui sait pertinemment l’existence du lien trouble entre asservissement et communication.

    Icelui écrit dans un chapitre sur l’organisaction :

    « Existe-t-il d’autres communications vivantes hors de notre planète, il y a-t-il d’autres communications autres que vivantes, y compris même sur notre planète? Il y a-t-il des communications inconnaissables? (…) Les ultimes développements de la communication forment le fleuve Amour… »

    (Fin de citation)

    De la communication à l’information, transition logique chez l’auteur de « La Méthode ».
    Ce jour de chandeleur, je reçois un message éclairant d’un éditorialiste qui me cite longuement A. de Saint-Exupéry et de terminer en ces termes :

    « Et si le silence de Dieu n’était pas finalement plus beau que sa parole ? Mais sans évidemment n’être « sûr de rien »…

    « Je ne suis sûre de rien » Tels étaient les derniers mots de Nadine Trintignant, dans un livre à sa fille, Marie.

    Monsieur Bougnoux, dans vos profondeurs, si vous oyez, brave homme, les murmures du plancher des vaches, peut-être pourriez-vous nous éclairer

    sur notre condition indéterminée et faire jaillir de votre « Caverne » une gerbe libératrice d’étincelles de vie…

    Ce serait un beau jour haut en couleur, palsambleu!

    Walther

  13. Avatar de W.Jaroga
    W.Jaroga

    Chers amis,

    Monsieur Daniel Bougnoux, notre randonneur blogueur devenu mineur par un coup de baguette littéraire, sera peut-être sensible, dans son trou, à l’argument d’un physicien, auteur d’un article « La réalité, pourquoi et comment? »
    Voici un tout petit extrait dudit article, que je soumets à l’intelligence critique du penseur :

    « Choses et événements sont en dernière analyse des apparences. Des ombres que l’on discerne sur la paroi de la caverne. mais comme toute ombre, ce sont des ombres de…On voit ainsi que je rejette aussi bien le matérialisme (car ce sont des ombres) que l’idéalisme intégral (puisque ce sont des ombres de…). Une de mes divergences avec le monde platonicien consiste en ce que pour moi ces ombres sont toutes ombres d’une réalité unique indivisible, même par la pensée, en parties.
    Autrement dit, hors de l’espace et sans doute aussi du temps. Cette « réalité » qui se rapproche, finalement de l’Un de Plotin est ce que j’appelle « la réalité indépendante » ou « le réel ». (Fin de citation)

    Le premier août deux mille quinze s’en est allé, l’auteur de l’article susmentionné. Ce jour-là, j’étais avec des amis universitaires et sans doute, ailleurs…Et le coq de la ferme était sur la table – mets délicieux dont je me souviens du goût – avec les dernières paroles du Phédon.
    Qu’en est-il de « La ronde ailée du temps » (anagramme de « La madeleine de Proust »)?
    De son bougnou des profondeurs, puisse notre éclaireur, par son travail, nous apporter la houille humifère pour exhausser notre âme!
    En me relisant, je me souviens d’une chanson de Claude Nougaro dont me parlait dans un courriel, l’été dernier, M. Philippe Grangier, un spécialiste de la mécanique quantique.
    Quel rapport?

    Bien à vous tous, lecteurs aventureux de ce blogue.

    W. Jaroga

  14. Avatar de Garo
    Garo

    Bonsoir!

    Faut-il le dire? A part quelques rares personnes, ce billet fort intéressant ne va pas faire sauter la marmite et les commensaux à la table du randonneur ne courent pas les rues, palsambleu!
    Ce jour, je reçois un courriel de l’invité d’hier de Jean-Jacques Bourdin. En voici les termes qui plairont, peut-être, au billettiste et à ses lecteurs :
     » Personnellement, je ne sais pas trop ce qu’est la vraie vie, mais il est certain qu’être humain est un défi pour chacun de nous.
    Mais vous m’avez donné envie de lire le livre de Jullien. »
    Pour connaître vraiment la vie de quelqu’un, il faudrait au hasard, à la chance, faire une « radioscopie » de l’une de ses journées.
    Et nous verrions alors, peut-être, qui est cette dame ou ce sieur!
    Je rouvre « Civilisation » de Régis Debray, à la dernière page, et je lis :
    « Quand la vie nous a appris qu’on ne peut tricher longtemps avec ses héritages, on doute qu’une robe safran et des sandales bouddhiques puissent nous faire autre que ce que nous n’avons pas choisi mais ne pouvons cesser d’être. »
    Au tour maintenant d’Edgar Morin, à la première page de « La Méthode 3 – La connaissance de la connaissance – où il cite Schiller :
    « Dans l’abîme réside la Vérité »
    Puisse notre mineur, de son bougnou ruisselant, nous éclairer de sa lumière, belle et nue à la fois!
    Autant dire…une bonne nouvelle d’un autre puits – des étoiles ou de…Syène.
    Vive Daniel! Vive sa « croix »!

    Garo

  15. Avatar de Jacques
    Jacques

    Bonjour!

    Radioscopie, dites-vous? Radioscopie d’une journée particulière, un moment de la vie pour de vrai…Pourquoi pas, en effet?

    J’apprécie beaucoup la bénévolence et l’humilité de M. Fabrice Midal que vous citez sans le nommer par discrétion, Garo!

    Je me souviens d’un chapitre sur l’innocence retrouvée de l’amour où cet auteur se réfère à un poète (j’aime ce masculin), un poète nommé Sappho, cette femme qui chante…

    Au jardin des sens et des essences, un sens peut-il être de joie, loin des malheurs et des foudres de cet ici-bas?

    Faudrait-il encore dévoiler là-bas la recette de la pierre des sages mentionnée par J-K Huysmans, pour trouver l’or à portée de mains, comme le chante si bien celui qui veut aller là-bas…

    En tel jardin, goûter du fruit d’une organisation cogitante______computante, écrit notre cher Edgar.

    J’ai quitté, hier, mon ermitage pour me retrouver dans une maison de retraite où j’ai voulu rencontrer un ami d’enfance de mon village natal, en Basse-Normandie. Ce brave homme a travaillé dur dans un métier difficile qui ne fait pas de cadeau. Ses croyances dans les coutumes d’une branche concordataire de l’église catholique (Les Clémentins) ne l’ont, cependant, pas aidé à surmonter les excès de l’alcool, le mal de vivre, et son admission en tel établissement fut inéluctable.

    Peut-on sans effort résister aux séductions en tous genres, à nos passions, à nos atavismes, à notre manque d’attention à soi et aux autres?

    Par quelle chance, un beau jour, on décide de prendre un autre chemin? Dans le train du retour, une réponse se profilait à l’horizon de mon incertitude…

    J’ai conservé dans un coin de l’abbaye, une revue du second trimestre de l’an deux mille sept, intitulée « Médium » où un ami bénédictin a publié un article sur la tradition et le rédacteur en chef de cette époque était M.Daniel Bougnoux. Icelui dans la rubrique « Symptômes » du numéro 11 de ladite revue nous parle de l’image-événement en termes justes et l’avènement de la vraie vie qui se déploie en pur moment est dans le dernier livre de F.Jullien où M. Heidegger est à la page…

    Hier, j’ai reçu d’un correspondant francilien une copie de la réponse faite à Garo qui me donne la permission de la reproduire céans.

    « Vous pouvez écouter ceci :
    https://www.youtube.com/watch?v=_JIfqD4hiSM

    *

    D’Eratosthène à Monod
    « puit de science éclairée» était le surnom de la femme de Ceausescu »

    On peut toujours rire sur l’indétermination de la part du hasard dans une émission de haut niveau sur une station de radio nationale entre gens bien endentés qui doivent connaître les misères d’autres gens et – bien informés, j’imagine – des dégâts dans leur jardin.
    Quant à la cerise sur le puits d’amour, faudrait-il encore que le fruit soit mûr et rendu tel à force de culture, comme disait, je crois un Cardinal qui parlait du bonheur.
    On ne sait jamais…Au temps revenu et retrouvé.

    Jacques

  16. Avatar de Roxane
    Roxane

    Bonjour!

    Aux aurores, je reviens sur le commentaire précédent après une nuit cogitante dans l’alcôve de mon prieuré épargné par les colères du vent.
    Une recherche sur Internet m’apprend, cher Jacques, que les « Clémentins » de Normandie sont issus d’une branche anti-concordataire et non concordataire de l’église catholique.
    Je dois dire que je suis bien loin de partager l’enthousiasme du commentateur qui va jusqu’à citer le Cardinal de Retz pour aborder finalement la question incandescente du bonheur. Au chapitre de la vie absente, François Jullien n’hésite pas à saisir le fouet pour chasser les marchands du temple qui n’ont aucune chanson à mettre dans les cœurs, avec leurs livres censés « faire du bien ».

    Il n’est point de transports amoureux sans vit d’ange et ceux de l’allégresse exigent un souffle, une présence qui touche…

    Le puits d’amour de notre ami moine avec une cerise par-dessus est une belle image et c’est tout!

    Loin des butyreuses religieuses et des pets-de-nonne appétissants, je serais plutôt tenté de proposer une oublie sans rien dessus.

    Que le maître queux et l’échanson du lieu me pardonnent, les réjouissances du lien ne sont pas au rendez-vous de Madame H, comme dit ce cher Régis!

    Jean-Baptiste sous son cerisier communal et Catherine du même nom sous son arbre de mai, un siècle plus tard, laissent à notre âme en peine, que les noyaux et rit le merle moqueur!

    Pendants de corail qu’on cueille en rêvant chacun pour l’autre…c’est beau comme tout au paradis des mots et de la belle musique.
    Et dans le désert passent les cortèges de misère des bouches assoiffées…sans éthique, ange ou manne tombant des cieux!

    Mission impossible à « l’école du deuil » (Encore une expression de ce cher Edgar!) pour réapprendre à vivre et changer les couleurs du temps?

    Question posée à celles et à ceux, logiques avec eux-mêmes, qui ressentent la nécessité intérieure d’endosser le problème de la science de la science.

    A bon entendeur!

    Roxane

  17. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    Garo, avez-vous mangé Didier ?

  18. Avatar de Garo
    Garo

    Bonjour tout le monde!

    Question étrange de Monsieur Bardou, en effet!

    « Du familier à l’étrange et de l’étrange au réel » (Paul Valéry)

    Il me faudrait sans doute monter là-haut rouvrir « L’ombre et le nom » de Mme Montreley pour donner quelque pertinence à une très incertaine réponse.

    Au grand bal des prénoms de ce billet animé avec maestria par le maître de cérémonies, Monsieur Bougnoux, cette invite à entrer en piste me laisse tout chose…

    Botter en touche en faisant tapisserie ou se lancer tout schuss sans savoir sur quel pied danser?

    Citer un verset biblique en exergue d’un chapitre sur l’économie dans un ouvrage difficile sur la théorie de la relation, serait peut-être un élément de réponse. Mais tout cela, Monsieur Bardou le sait parfaitement.

    Alors, cher perspicace questionneur, soyez rassuré, dans sa « fosse », notre cher Daniel ne risque rien!

    Il ne sera pas mangé.

    Il va bientôt réapparaître dans une vigueur nouvelle.

    Garo

  19. Avatar de Guillaume Bardou
    Guillaume Bardou

    Garrro… j’ai visionné il y a six mois peut-être une vidéo de vos dictées.

    Vous avez eu un coq qui a chanté pendant l’une de vos dictées, et à ce moment vous avez dit que ce coq s’appelait Didier.

    Donc, si vous me dites ce qu’est devenu ce coq, je vous dirai quelque chose de mon goût sur le hasard.

  20. Avatar de Garo
    Garo

    Oui, par courriel personnel.
    Au delà des apparences et des appas rances…
    Du rouge au vert…
    Du vert au bleu.
    Garo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de ce blog

  • Ce blog pour y consigner mes impressions de lecteur, de spectateur et de « citoyen concerné ». Souvent ému par des œuvres ou des auteurs qui passent inaperçus, ou que j’aurai plaisir à défendre ; assez souvent aussi indigné par le bruit médiatique entretenu autour d’œuvres médiocres, ou de baudruches que je…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Daniel Bougnoux, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, est ancien élève de l’ENS et agrégé de philosophie. Il a enseigné la littérature, puis les sciences de la communication, disciplines dans lesquelles il a publié une douzaine d’ouvrages.

    Lire la suite

Les derniers commentaires

  1. Bonsoir! Est-il vraiment certain, notre maître, que le spectre n’était pas là dans ce capharnaüm où il cherchait à reposer…

  2. Incroyable cher M. comme, au dernier mot de ce commentaire, vous faites sortir le lapin du chapeau… C’est de la…

  3. Bonjour ! Un sacré billet qui me rappelle la fin de « L’homme neuronal » de Jean-Pierre Changeux, citant Spinoza (Éthique, IV).…

  4. Merci mon cher Jacque de vous adresser directement à ma chère Julia ! Je lui signale votre commentaire, car les…

  5. Lettre à Julia Bonjour ! À vous, Mademoiselle, cette épistole, écrite sur écran au fin fond d’une campagne, dans un…

Articles des plus populaires